Évaluation du compromis Ecofin sur la réforme des règles budgétaires

Évaluation du compromis Ecofin sur la réforme des règles budgétaires

Évaluation du compromis Ecofin sur la réforme des règles budgétaires
Conor Brummel
jeu. 21/12/2023 – 14:06

Le 20 décembre, le Conseil économique et financier (Ecofin) de l’Union européenne est parvenu à un compromis sur la réforme des règles budgétaires de l’UE. Cela représente un résultat raisonnable. À certains égards, il améliore la proposition législative de la Commission européenne d’avril 2023. À d’autres égards, il est pire. Par rapport aux règles actuelles, il s’agit toutefois d’un grand pas en avant.

Le bon:

  1. La nature spécifique des pays en matière d’ajustement budgétaire, déterminée par l’analyse de viabilité de la dette (AVD), est pour l’essentiel préservée. C’était l’idée centrale de la Commission européenne. Cela rendra la mise en œuvre plus probable.
  2. L’utilisation d’une trajectoire de dépenses nettes (dépenses nettes des paiements d’intérêts et des postes cycliques) comme principal objectif opérationnel et les clauses dérogatoires générales et nationales proposées par la Commission sont également préservées. Cela rendra le système moins procyclique.
  3. Même si la Commission gérera le DSA, ce dernier doit être approuvé, publié et reproductible par le Conseil. Cela augmentera l’appropriation collective des nouvelles méthodes.
  4. Certaines failles de la proposition de la Commission ont été corrigées. La « sauvegarde de la dette », qui exige une rapidité minimale de réduction de la dette, indépendamment de ce que dit l’AVD, a été reformulée. Le changement le plus important est que la période sur laquelle la réduction de la dette est évaluée ne commence qu’une fois que les pays ont réduit leur déficit en dessous de 3 %. Cela donne aux pays à déficit élevé une chance de se conformer aux mesures de sauvegarde.
  5. Les programmes de relance et de résilience (RRP) actuels, qui expirent en 2026, ne suffiront pas pour que les pays puissent bénéficier d’une prolongation de la période d’ajustement de quatre à sept ans. Les pays de l’UE devront également poursuivre leurs efforts de réforme et leurs niveaux d’investissement financés au niveau national pendant le reste de la période de quatre à cinq ans couverte par leur plan budgétaire et structurel à moyen terme. Cela génère de bonnes incitations.
  6. Le Comité budgétaire européen indépendant se voit confier un rôle important dans le contrôle de la mise en œuvre des nouvelles règles.

Le mauvais:

  1. L’Ecofin a convenu d’une nouvelle « garantie de résilience en matière de déficit » qui oblige les pays à poursuivre l’ajustement budgétaire jusqu’à ce qu’ils atteignent « une marge de résilience commune » de 1,5 % du PIB en dessous du seuil de déficit de 3 %. L’idée d’exiger une « marge de sécurité » n’est pas fausse. Toutefois, les mesures de sauvegarde microgèrent le processus d’ajustement (un minimum de 0,25 à 0,4 % du PIB par an) et la marge de 1,5 % pourrait s’avérer trop stricte pour certains pays. Dans le cas de l’Italie, la marge se traduit par une exigence de solde primaire structurel supérieure à 4 % du PIB.
  2. L’Ecofin semble être parvenu à un compromis en demi-teinte sur la mise en œuvre de la procédure de déficit excessif (PDE). Les étapes d’ajustement annuel minimum de 0,5 % du PIB peuvent initialement exclure les paiements d’intérêts. Toutefois, les étapes d’ajustement doivent inclure le paiement des intérêts après 2027. Cela rendra la vie plus facile pour les gouvernements qui ont négocié le compromis, mais plus difficile pour leurs successeurs, sans aucun gain. Pour les raisons expliquées dans un article précédent, il n’a guère de sens de mesurer ces besoins d’ajustement en incluant le paiement des intérêts.
  3. Le financement des investissements publics approuvés par le Conseil, en particulier les investissements liés au climat, aurait dû être exclu de l’application des sauvegardes (tout en restant inclus dans le DSA). Au lieu de cela, il n’y a qu’une exclusion limitée pour les projets RRP et le cofinancement national des fonds de l’UE en 2025 et 2026. Les solutions à court terme ont eu la priorité sur les réformes politiquement plus difficiles mais durables.
  4. Le rôle des institutions budgétaires nationales indépendantes (IFI) a été considérablement affaibli par rapport à la proposition de la Commission. Alors que la proposition de la Commission exigeait que les IFI évaluent la conformité nationale avec la trajectoire de dépenses nettes convenue avec le Conseil, la version du Conseil indique simplement que les gouvernements nationaux « peuvent demander » une telle évaluation. Même si les gouvernements de l’UE sont heureux que le Conseil budgétaire européen surveille les actions de la Commission, ils ne sont clairement pas contents que leur conseil budgétaire national examine les leurs.

Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez une évaluation des conséquences de l’accord sur l’ajustement budgétaire par Zsolt Darvas, Lennard Welslau et moi-même (au meilleur de nos connaissances). La méthodologie est expliquée ici et le code de réplication est disponible ici.

3 minutes Jeromin Zettelmeyer Le compromis atteint par le Conseil Ecofin est imparfait. Mais cela reste un grand pas en avant. Premier coup d’oeil Externe Off GettyImages-1832183978.jpg politique budgétaire Semestre européen et règles budgétaires


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