Le débat sur l’unité irlandaise doit rattraper son retard sur l’économie du 21e siècle – Sean Fearon – The Irish News

Le débat sur l’unité irlandaise doit rattraper son retard sur l’économie du 21e siècle – Sean Fearon – The Irish News

Cette semaine, les économistes John Fitzgerald et Edgar Morgenroth ont publié des travaux actualisés sur le « coût » de l'unité irlandaise. Malheureusement, le document est défait par les mêmes problèmes qui existaient lorsqu’une version similaire a été publiée en 2020.

Premièrement, cela s'accompagne de la même crainte que l'unité irlandaise soit, en fait, inévitablement marquée par une réduction « immédiate » et « majeure » du niveau de vie.

On pourrait dire en plaisantant que l'unité irlandaise, selon l'estimation des auteurs, naîtra sur notre île comme une grande hallucination. Sans avertissement, l’Irlande sera unie et la subvention, de toute façon surestimée, plongera le niveau de vie du sud de l’Irlande dans un grand abîme.

Pour que l'analyse des auteurs soit valable, aucun emprunt ne peut avoir lieu pour couvrir le coût de la subvention. Aucun changement politique significatif ne peut avoir lieu pour s’adapter à l’évolution des conditions macroéconomiques. Nous pouvons rejeter en toute confiance toute prévision d’une chute du niveau de vie fondée sur de telles hypothèses.

Mais tout cela soulève une question bien plus importante : le débat économique sur la réunification irlandaise est déconnecté de la réalité sociale et écologique.



Fitzgerald et Morgenroth réaffirment que le Nord n'est pas assez productif et que cet écart de productivité doit se réduire pour réduire les subventions. Les partisans traditionnels de la réunification prétendent, non sans fondement, qu’une Irlande unie pourrait permettre une plus grande productivité dans le nord.

Les questions de production, de consommation et de répartition des revenus dans une Irlande unie revêtent pour nous tous une importance vitale. Mais nous devons rejeter les hypothèses selon lesquelles une production accrue, une production plus efficace et une consommation accrue de tout ce qui est nécessaire à la croissance de notre économie, améliorent le niveau de vie.

De quelle production manquons-nous, et qui bénéficiera d’une production plus efficace ? Si nous nous félicitons d’une surabondance d’investissements internationaux, verrons-nous, en tant que citoyens, notre part du revenu national augmenter, ou les bénéfices et les dividendes augmenteront-ils ? La productivité sera-t-elle atteinte en supprimant nos salaires ou en supprimant des emplois ? La hausse attendue des revenus se propagera-t-elle à l’ouest du Bann et dans les comtés frontaliers, ou restera-t-elle dans les tours de verre du sud de Belfast ?

Ces questions restent sans réponse dans les limites étroites du débat dominant, qui va à peine au-delà du « ma croissance est plus grande que la vôtre ».

La croissance économique dans les économies surdéveloppées crée des problèmes pour lesquels la croissance est la seule solution : chômage, pollution et extinction de la biodiversité, dommages à notre santé mentale et physique, inégalités et dommages à la stabilité de nos démocraties.

Considérez qu’en termes réels, l’économie du Nord a produit 16 milliards de livres sterling de plus en 2019 qu’elle ne l’avait fait lors de la signature de l’accord du Vendredi saint en 1998. Les secteurs des services financiers et des services professionnels ont doublé de taille au cours de cette période.

Le Fonds de soutien aux ménages est utilisé pour soutenir les banques alimentaires et fournir un soutien énergétique aux ménages en difficulté.
Malgré une prospérité croissante, les banques alimentaires sont une réalité quotidienne pour de nombreuses familles (Jonathan Brady/AP)

Pendant ce temps, notre société est marquée par l’obscénité de la pauvreté des enfants. Notre service de santé ne dessert pas les centaines de milliers de personnes inscrites sur des listes d'attente. Une grave crise du logement a marqué la vie d’une génération de jeunes des deux côtés de la frontière. Les communautés rurales n’ont pas accès aux infrastructures de transport public les plus élémentaires.

En termes simples, notre économie produit plus que jamais, mais nous constatons à chaque instant une pénurie des éléments essentiels à une vie digne, alors que le monde naturel disparaît autour de nous.

Une modélisation de l’Université de Leeds classe la République d’Irlande parmi les économies les plus non durables au monde. Si le reste du monde fonctionnait comme le fait l’économie irlandaise, il lui faudrait trois planètes pour survivre.

Les données sont plus difficiles à obtenir dans le Nord, mais là où elles existent, un niveau similaire de dépassement écologique est évident.

Ce dont le débat économique sur la réunification irlandaise a le plus besoin, c’est d’une bonne dose de réalité scientifique et d’une reconnaissance des limites écologiques. Elle doit rattraper son retard sur l’économie du 21ème siècle.

Ce dont le débat économique sur la réunification irlandaise a le plus besoin, c'est d'une bonne dose de réalité scientifique et d'une reconnaissance des limites écologiques.

L'Irlande, unie ou non, n'est pas confrontée à un problème de pénurie. Elle est confrontée à un problème d’allocation et de distribution des vastes quantités de revenus et de richesses qui existent ici.

Comment pouvons-nous concevoir une Irlande réunifiée où notre bien-être, notre patrimoine naturel et la santé de nos communautés sont la première et la seule fin de l’activité économique ?

Ce sont des questions difficiles, mais aucune Irlande réunifiée ne peut survivre au XXIe siècle sans réponses.

:: Dr Seán Fearon, Centre pour la compréhension de la prospérité durable (CUSP), Université de Surrey

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