Maintenir l’équilibre du triangle de la politique énergétique est essentiel pour atteindre le zéro net

Mettre en œuvre des politiques qui traitent de la sécurité énergétique, de la compétitivité et de la durabilité est l’un des défis les plus redoutables auxquels les gouvernements sont confrontés au 21e siècle.

Cette pièce a été initialement publiée dans Corriere della Sera et El País et est à paraître dans Kathimerini, Le Monde et Rzeczpospolita.

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Du G20 à Rome à la COP26 à Glasgow, la conversation mondiale sur l’énergie et le climat révèle une vérité fondamentale : tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut des factures énergétiques domestiques plus élevées.

Dans leur déclaration de Rome, les dirigeants du G20 ont souligné leur engagement à garantir « des transitions justes et ordonnées de nos systèmes énergétiques qui garantissent un prix abordable, y compris pour les ménages et les entreprises les plus vulnérables ». Lors de la COP26 à Glasgow, le président américain Biden a été encore plus clair, désignant l’OPEP et la Russie comme ayant besoin de « pomper plus de pétrole » pour contenir la hausse mondiale des prix de l’énergie.

Aussi ironique que cela puisse paraître – pousser à plus de production de pétrole et de gaz, tout en promettant une ambition climatique plus élevée – ces positions ne devraient pas surprendre.

L’énergie est une question complexe. Derrière des gestes quotidiens simples comme allumer une lumière ou faire le plein d’une voiture à la pompe, se cachent des technologies complexes et des infrastructures massives, reliant fréquemment des pays lointains, voire des continents différents. De nombreuses étapes techniques sont nécessaires pour extraire, traiter, transporter et distribuer les sources d’énergie traditionnelles telles que le pétrole et le gaz et, de même, nombreuses sont les étapes nécessaires pour exploiter l’énergie du soleil, du vent ou de l’eau et la distribuer dans nos maisons, industries ou voitures.

La gouvernance de l’énergie n’est pas moins compliquée que ses aspects techniques. Étant donné que l’énergie est l’élément vital de nos sociétés modernes, les gouvernements ont traditionnellement joué un rôle important dans le secteur, motivés par différents objectifs, tels que garantir aux citoyens un approvisionnement énergétique fiable et abordable.

La nature multiforme de la politique énergétique peut être schématisée par un triangle dont les sommets sont la sécurité, la compétitivité et la durabilité.

La sécurité énergétique est liée à la disponibilité ininterrompue de l’énergie. Cela a des dimensions à la fois à long terme et à court terme. La sécurité énergétique à long terme concerne des investissements opportuns pour fournir de l’énergie conformément aux besoins de la société. La sécurité énergétique à court terme se concentre sur la capacité du système énergétique à réagir rapidement aux changements soudains de l’équilibre offre-demande. L’énergie étant vitale pour le fonctionnement de nos sociétés, la sécurité énergétique représente une priorité absolue pour tout gouvernement dans le monde.

La compétitivité énergétique est liée à l’abordabilité des prix de l’énergie pour les ménages et les entreprises, ainsi qu’à leur compétitivité internationale. Étant donné qu’un manque de compétitivité énergétique peut plonger une partie de la population dans la précarité énergétique et saper la compétitivité économique et industrielle d’un pays, cela représente également une priorité clé pour les gouvernements.

La durabilité se rapporte à la réduction – ou, idéalement, à l’atténuation complète – des effets néfastes de l’exploration, de la production et de la consommation d’énergie sur le climat et l’environnement. La combustion de combustibles fossiles, qui représentent encore aujourd’hui 80 pour cent du mix énergétique mondial, représente en effet le principal contributeur au changement climatique, ainsi qu’à la pollution de l’air et à d’autres problèmes environnementaux. Les gouvernements sont de plus en plus attentifs à cette question, comme l’indique également la vague d’engagements de neutralité climatique au cours des dernières années.

Dans un monde idéal, ces trois composantes seraient parfaitement équilibrées et les pays seraient en mesure d’offrir à leurs citoyens un système énergétique sûr, compétitif et respectueux de l’environnement. Mais, en réalité, des compromis difficiles existent entre ces trois composantes et les gouvernements doivent faire des choix politiques qui pourraient – ​​au moins temporairement – ​​favoriser un ou deux éléments par rapport à l’autre.

La crise énergétique mondiale que nous connaissons actuellement représente un exemple frappant de ce compromis. Face à l’urgence de garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique et de limiter l’impact socio-économique de la forte hausse des prix du gaz naturel, de nombreux pays – du Royaume-Uni à la Chine, en passant par l’Allemagne et l’Inde – n’ont pas hésité à recourir à une augmentation de la consommation de charbon pour faire face à la situation.

Mettre en place des politiques énergétiques qui répondent simultanément à ces trois objectifs est l’un des défis les plus redoutables auxquels les gouvernements sont confrontés au 21e siècle, en particulier compte tenu du besoin urgent d’intensifier les actions contre la menace existentielle du changement climatique.

C’est également urgent car, comme l’illustre clairement la crise énergétique mondiale actuelle, si l’équilibre est perturbé par un facteur externe, le rééquilibrage fera toujours prévaloir la sécurité et la compétitivité sur la durabilité.


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