Les emprunts de la prochaine génération dans l’UE : une première évaluation

Le programme Next Generation EU change radicalement la façon dont l’UE se finance et interagit avec les marchés financiers. Cet article évalue les premières décisions de conception prises par la Commission européenne et les émissions qui ont eu lieu jusqu’à présent. Il décrit également les risques et opportunités potentiels liés à cette revalorisation de l’emprunt de l’UE.

Cette contribution politique a été préparée pour la commission des budgets du Parlement européen (BUDG). Le document original est disponible sur la page web du Parlement européen (ici). Le droit d’auteur appartient toujours au Parlement européen.

Le programme Next Generation EU (NGEU) change radicalement la façon dont l’Union européenne interagit avec les marchés financiers en raison de son nouveau programme de dette publique ambitieux et révolutionnaire. La Commission européenne a adopté une nouvelle stratégie d’emprunt diversifiée, similaire à celle d’autres grands émetteurs, pour lever des fonds de manière sûre, fiable et rentable. La dette de l’UE doit donc être attractive pour les marchés financiers et doit conserver une notation de crédit solide.

L’UE prévoit de construire une courbe de rendement de référence complète en émettant une gamme diversifiée de titres de créance, avec des échéances allant de trois mois à trente ans. L’UE a également mis en place un réseau de primary dealers de banques éligibles pour soutenir le programme d’émission, avec des émissions principalement par le biais d’enchères et de transactions syndiquées. Un réseau de concessionnaires qui fonctionne bien est essentiel pour aider l’UE à vendre sa dette en douceur, à maintenir la liquidité et à ajuster les plans d’emprunt aux conditions du marché. Jusqu’à présent, les premières émissions de l’UE ont suscité un vif intérêt des investisseurs, et l’UE a obtenu de bonnes notes et des prix relatifs élevés par rapport à ses pairs souverains et supranationaux.

L’emprunt NGEU représente une opportunité unique de jeter les bases d’un actif sûr européen, qui pourrait aider à résoudre certains problèmes de longue date avec l’architecture macro et financière européenne. Pour réussir, la dette de l’UE devra performer au moins aussi fortement que les autres grands émetteurs de la zone euro en termes d’émission primaire et sur les marchés secondaires. La Commission européenne devra surveiller son réseau de concessionnaires pour s’assurer qu’il est bien placé pour soutenir les opérations du marché. Il doit également veiller à ce que ses sélections de banques avec lesquelles travailler dans les opérations financières soient considérées comme équitables, transparentes et impartiales.

L’UE deviendra le plus grand émetteur d’obligations vertes dans le cadre du mandat de NGEU d’émettre jusqu’à un tiers de sa dette sur ce segment de marché. En cas de succès, cela pourrait encore servir à renforcer le rôle international de l’euro. L’UE devra équilibrer son engagement envers les nouvelles normes climatiques avec les conditions actuelles du marché, pour s’assurer que la dette NGEU soutient à la fois les nouvelles règles de financement climatique et attire suffisamment d’intérêt des investisseurs.

Dans l’ensemble, la dette au niveau de l’UE devrait profiter aux marchés des capitaux de l’UE et renforcer l’architecture financière de la zone euro. Cependant, pour tirer pleinement parti des emprunts de l’UE, le programme devrait être rendu permanent et son volume plus important afin qu’il fournisse une courbe de rendement de référence et un actif sûr à long terme.

Citation recommandée :
Christie, R., G. Claeys et P. Weil (2021) « L’emprunt de la prochaine génération dans l’UE : une première évaluation » Contribution politique 22/2021, Bruegel

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