Nos perspectives économiques pour le Canada en 2022

L’économie du Canada a connu une course cahoteuse au cours de la dernière année, alors que la promesse de vaccinations de masse a été suivie de perturbations de la chaîne d’approvisionnement, d’une crise énergétique mondiale et d’une inflation croissante.

Dans la perspective de l’année prochaine, nous voyons une économie canadienne continuer de se redresser, même si les entreprises et les consommateurs sont confrontés à des défis qui incluent désormais la variante omicron du coronavirus. Notre prévision :

  • Produit intérieur brut: La croissance sera d’environ 4% sur l’année, le produit intérieur brut dépassant le niveau d’avant la pandémie au début de l’année.
  • Inflation: Attendez-vous à ce que l’inflation atteigne 5% en 2022 et reste élevée autour de 3,5% avant de revenir à l’objectif de 2% d’ici la fin de l’année.
  • Emploi: Le marché du travail continuera de faire face au double défi d’un marché du travail tendu et d’un chômage de longue durée élevé, alors que le taux de chômage chute à un peu plus de 6 %.

Bien que la variante omicron présente une menace pour tous ces domaines des perspectives économiques, nous ne nous attendons pas à ce que son impact fasse dérailler de manière significative la reprise.

Nous voyons une économie canadienne continuer à se redresser, même si les entreprises et les consommateurs font face à des défis qui incluent maintenant la variante omicron.

Le marché du logement, qui a battu des records l’année dernière, pourrait atteindre un plateau en 2022, mais aucune correction majeure n’est à prévoir.

Après une élection sans incident en septembre qui a laissé le gouvernement fédéral pratiquement inchangé, on peut s’attendre à ce que les dépenses fédérales suivent son budget d’avril dernier.

Les programmes de soutien du gouvernement COVID à grande échelle ont pris fin cette année, et des programmes de soutien plus ciblés seront également supprimés progressivement à la place des programmes de relance économique avant le resserrement du budget en 2023.

L’année à venir sera également marquée par des investissements fédéraux substantiels dans le développement d’une économie nette zéro et la stimulation d’une reprise verte. Les opportunités commerciales résident dans l’efficacité énergétique, la technologie de capture et de stockage du carbone, les infrastructures naturelles et le renforcement de la résilience climatique.

Pourtant, il existe des risques considérables pour les perspectives, dont certains ne peuvent être prédits. La variante omicron en est un exemple.

Le Canada devra s’adapter à un nouveau monde dans lequel nous apprenons à vivre avec une endémie ou une maladie qui est toujours présente mais qui peut être gérée. C’est un monde dans lequel les vaccinations et la distanciation physique restent importantes pour maintenir la santé publique alors que l’économie continue de tourner.

Alors que la génération Y entre dans la direction et que les travailleurs de la génération Z rejoignent le marché du travail, l’économie numérique ne fera que continuer à croître. Les modalités de travail hybrides et les horaires flexibles consolideront leur assise dans la nouvelle normalité. L’amélioration des compétences et la requalification de la main-d’œuvre et l’innovation pour augmenter la productivité seront essentielles.

Le scénario de référence

Nous nous attendons à ce que l’économie canadienne croît à un taux de 4,1 % l’an prochain. Cette base de référence est soumise à des risques, notamment une inflation élevée persistante, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, la variante omicron et une main-d’œuvre vieillissante. Tout cela pourrait ralentir la récupération.

L’épargne des ménages a augmenté pendant la pandémie, alimentée par les programmes de soutien du gouvernement comme la Prestation canadienne d’urgence et le manque de possibilités de dépenses, ce qui a fait grimper le taux d’épargne à 11 %.

Ce coussin de trésorerie permettra aux ménages de dépenser confortablement jusqu’en 2022, bien que les effets s’atténueront avec une inflation élevée et la variante omicron posant un risque pour la confiance des consommateurs.

Graphique du PIB du Canada

La Banque du Canada fait la distinction entre favoriser la reprise économique et ancrer l’inflation. Elle a marqué la fin de l’assouplissement quantitatif en octobre tout en maintenant ses avoirs en titres.

Notre indice RSM Canada des conditions financières se situe à 0,6 écart-type au-dessus des niveaux de risque normaux, ce qui indique un climat d’investissement accommodant.

Le marché a prévu deux hausses de taux pleins d’ici le milieu de 2022, suggérant que la banque centrale prendra bientôt des mesures pour normaliser sa politique. Pourtant, les politiques monétaires pécheront par excès de prudence car la pandémie reste une menace pour la santé publique et l’activité économique.

Les bonnes perspectives économiques aux États-Unis sont une bonne nouvelle pour les exportations canadiennes. Mais l’incertitude concernant la pandémie sur les marchés internationaux pourrait prolonger les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et entraver le commerce.

Grâce en partie aux prix du pétrole, le dollar canadien devrait rester relativement fort autour de 0,80 $ US.

La forte demande de pétrole et de gaz, ainsi que la reprise de la production et de l’emploi, fourniront à l’Alberta un coup de pouce à la croissance bien nécessaire, même si l’effet ne sera probablement pas aussi vigoureux que lors du boom pétrolier de 2014.

Au fur et à mesure que la variante omicron se déploie, nous ne nous attendons pas à ce qu’elle ait les mêmes effets que la variante delta. Plus de 75 % de la population canadienne est complètement vaccinée, ce qui peut offrir une certaine protection, bien que l’on ne connaisse pas grand-chose au sujet de l’omicron. À l’étranger, plus de la moitié du monde a été vacciné.

Pourtant, la variante omicron pourrait saper la confiance des consommateurs et mettre à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement mondiales à mesure que les restrictions se resserrent. Cette incertitude pourrait exacerber l’impact du coronavirus sur des secteurs durement touchés comme le tourisme, les arts et le divertissement.

Voici notre meilleur scénario : la variante omicron sera un coup, présentant un recul négligeable dans la reprise économique canadienne. Notre pire scénario ? Nous reviendrons aux blocages, poussant la reprise plus loin dans le futur.

Inflation

L’inflation au Canada, comme dans d’autres pays, est en voie d’atteindre son plus haut niveau en près de 20 ans. Alors que l’inflation élevée est due en partie aux effets de l’année de référence ou aux comparaisons avec les bas niveaux de prix de 2020, le nombre réel est encore plus élevé que prévu.

Les contraintes d’approvisionnement et l’augmentation de la demande sont principalement responsables d’une inflation élevée. La production de gaz naturel et de pétrole, qui diminuait depuis des années, n’a pas pu suivre la libération de la demande refoulée dans une économie en réouverture.

Graphique de l'inflation au Canada

L’augmentation actuelle de l’inflation est principalement due à des secteurs volatils comme l’essence, l’alimentation, le logement, les services publics et les transports. Hors alimentation et énergie, l’inflation s’annonce beaucoup plus modérée, à 3,3%.

L’inflation devrait revenir à l’objectif de 2 % vers la fin de 2022.

Bien que l’inflation reste un risque principal pour la croissance et puisse entraîner une augmentation des salaires, ce qui augmente encore les coûts d’exploitation des entreprises, elle devrait revenir à l’objectif de 2 % vers la fin de 2022.

Le nouvel indice de la chaîne d’approvisionnement de RSM Canada se situe actuellement à 1,75 écart-type sous zéro, ce qui indique un stress dans la chaîne d’approvisionnement, mais il est en hausse par rapport au creux du début de l’année.

Bien que beaucoup de choses puissent encore changer, certains signes indiquent que le pire des goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement pourrait bientôt disparaître. Les perspectives du secteur manufacturier sont optimistes, soutenues par une forte demande et une chaîne d’approvisionnement plus fluide.

La résolution des perturbations de la chaîne d’approvisionnement dépendra de nombreux facteurs, notamment l’augmentation de la production d’énergie, les vaccinations de masse dans les centres de fabrication mondiaux comme le Vietnam et l’Inde, la résolution de la logistique et la lutte contre les pénuries de travailleurs importants dans la chaîne d’approvisionnement comme les chauffeurs de camion.

Le marché du travail

Les signes d’une reprise inégale sont les plus choquants sur le marché du travail. L’emploi a dépassé le niveau d’avant la pandémie et continuera d’augmenter régulièrement en 2022.

De même, le taux de participation au marché du travail est revenu ou a dépassé le niveau d’avant la pandémie pour la plupart des groupes d’âge.

Mais un examen plus attentif révèle une image beaucoup plus compliquée : nous sommes dans un marché du travail tendu avec de nombreux postes vacants dans des emplois très recherchés alors que le chômage de longue durée persiste.

Emploi au Canada par industrie

Les gains au cours des deux dernières années ont été entièrement réalisés dans les secteurs qui ont pu basculer vers le travail à distance, ainsi que dans le gouvernement et l’administration publique.

Les gains au cours des deux dernières années ont été entièrement réalisés dans les secteurs qui ont pu basculer vers le travail à distance, ainsi que dans le gouvernement et l’administration publique.

Les emplois dans les services professionnels, par exemple, ont bondi de près de 10 %, dépassant tout autre secteur. Ces secteurs devraient rester forts, mais avec des taux de croissance moins agressifs.

En revanche, les secteurs qui ont été sérieusement touchés comprennent ceux qui dépendent fortement des services en personne comme l’hébergement et les services de restauration, et dans les secteurs de production de biens en raison de perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Avec l’assouplissement des restrictions pandémiques, ces secteurs durement touchés pourraient rebondir en 2022, limités par une offre limitée de main-d’œuvre et l’incertitude entourant la pandémie.

Un défi durable pour le Canada réside dans sa main-d’œuvre vieillissante. Pendant des années, le Canada a compté sur les immigrants pour une main-d’œuvre stable. Mais en 2020, la croissance démographique du Canada est tombée au taux le plus bas depuis 1916 en raison de la fermeture des frontières induite par la pandémie. L’immigration devant augmenter en 2022 avec l’ouverture des frontières, le marché du travail pourrait s’assouplir.

La simple vérité est que le Canada n’a pas assez de jeunes pour remplacer ses retraités. Des investissements importants dans la productivité et l’automatisation seront nécessaires pour réduire la pénurie de main-d’œuvre.

Variation de l'emploi au Canada selon le niveau d'études

Malgré un marché du travail dynamique, le chômage reste supérieur au niveau d’avant la pandémie en raison d’une inadéquation des compétences. Ceux qui ont un diplôme d’études postsecondaires ou plus en ont bénéficié. Parallèlement, le nombre d’emplois pour les personnes sans formation postsecondaire n’a pas encore retrouvé le niveau de février 2020, avant la pandémie.

Cela exacerbe les inégalités entre les deux marchés du travail : l’un au service de l’économie traditionnelle en difficulté par rapport à l’autre qui surfe sur la vague montante de l’économie numérique. Ceux dont les compétences sont recherchées verront leurs salaires augmenter à mesure que les entreprises chercheront à attirer et à retenir les talents.

Alors que la génération Y atteint des postes de direction et que la génération Z entre sur le marché du travail, les données démographiques fondamentales de la main-d’œuvre évoluent. Un lieu de travail qui valorise la mobilité, la flexibilité et les compétences numériques, sans parler de la durabilité, deviendra courant.

Le marché du logement

Le marché du logement résidentiel au Canada a monté en flèche en 2021 alors que les ménages ont déplacé leurs dépenses des services vers le logement, aidés par un généreux soutien fédéral.

La crise actuelle du logement survient après plus d’une décennie de construction restreinte, entraînant une sous-offre chronique.

La crise actuelle du logement survient après plus d’une décennie de construction restreinte, entraînant une sous-offre chronique. Bien que les investisseurs jouent un rôle non négligeable dans le réchauffement du marché, 2022 pourrait voir un plateau ou un refroidissement du marché plutôt qu’un sursaut.

La construction ralentit en raison d’une pénurie de matériaux et de main-d’œuvre, mais elle devrait reprendre l’année prochaine. Puisqu’il y a un décalage entre les mises en chantier et les ventes, il faudra quelques années pour que le boom actuel de la construction réponde à la forte demande.

Les années à venir verront le secteur immobilier s’adapter à un monde endémique de COVID-19. La demande de biens immobiliers résidentiels restera élevée et la construction se déplacera vers plus de projets résidentiels et moins de projets commerciaux pour s’adapter à l’environnement changeant.

La vente à emporter

L’année écoulée a été caractérisée par une reprise inégale et plus lente que prévu. L’année prochaine, le Canada passera d’une pandémie mondiale à une situation endémique. Les mouvements de COVID-19 entraîneront toujours des fluctuations de l’économie, mais avec moins de gravité.

À travers tout cela, nous nous attendons à une année de forte croissance alors que la demande intérieure et étrangère reste robuste. À mesure que le soutien du gouvernement diminue, il reste des défis à relever pour investir afin d’augmenter la productivité et l’innovation afin de rester compétitif sur le marché mondial.

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