Après une forte reprise au Canada, des vents contraires se sont installés en

L’économie canadienne s’est vigoureusement redressée après les blocages de la pandémie, la demande refoulée des consommateurs et les généreuses dépenses gouvernementales ayant alimenté la croissance.

Avec une inflation en hausse et un marché du travail historiquement tendu, la croissance économique ralentit.

Mais maintenant, avec la hausse de l’inflation, en particulier des prix des aliments et de l’énergie, et un marché du travail historiquement tendu, cette croissance ralentit.

La Banque du Canada, à l’instar de nombreuses banques centrales dans le monde, a relevé vigoureusement les taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation.

Mais augmenter les taux a des conséquences. Dans le meilleur des cas, la Banque du Canada réduirait suffisamment ses dépenses discrétionnaires pour stabiliser les prix pendant que l’économie croît, mais à un rythme plus lent.

Dans le pire des cas, la croissance économique s’arrête alors que les consommateurs effrayés limitent leurs dépenses et que l’économie tombe en récession.

Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada poursuive ses efforts pour rétablir la stabilité des prix malgré les coûts.

Au cours des prochains mois, davantage de personnes se retrouveront au chômage, ce qui représentera un défi pour les ménages à faible revenu alors qu’ils essaient de faire face à la hausse du coût de la vie.

Même avec ces défis, cependant, le Canada n’est pas actuellement en récession, qui est définie comme une baisse importante de l’activité économique qui dure plus de quelques mois.

Une règle empirique fréquemment citée pour une récession est deux trimestres consécutifs de contraction du produit intérieur brut. En revanche, le PIB du Canada a augmenté chaque trimestre depuis le troisième trimestre de l’an dernier, à un taux de 6,6 % au quatrième trimestre de l’an dernier et de 3,1 % au premier trimestre de cette année. Plus récemment, le PIB a augmenté de 0,3 % d’un mois à l’autre en avril et est resté stable en mai.

PIB canadien

Mais avoir deux trimestres consécutifs de contraction n’est pas une définition absolue. Au contraire, pour déterminer si l’économie est en récession, d’autres indicateurs doivent être pris en compte, notamment l’emploi salarié ; le taux de chômage; revenus et dépenses réels; et production industrielle.

Selon la plupart de ces indicateurs, l’économie est en ralentissement plutôt qu’en récession. Le taux de chômage de 4,9 % demeure à un creux historique malgré la légère baisse du nombre d’emplois au cours des deux derniers mois.

Le secteur industriel a été robuste alors que les producteurs canadiens récoltent les fruits de la forte demande mondiale de métaux et d’énergie.

Pourtant, il existe des risques élevés que le Canada entre en récession au début de l’année prochaine après une croissance modeste cette année.

Le marché du travail

Le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 1976, laissant à la Banque du Canada une marge de manœuvre pour normaliser les taux d’intérêt. Cela dit, si la demande de main-d’œuvre diminue, le taux de chômage augmentera.

L’économie a perdu 43 000 emplois en juin et 30 000 autres en juillet en raison des départs de travailleurs plutôt qu’en raison de licenciements. Les baisses d’emplois sont entièrement attribuables au secteur des services, y compris les services d’enseignement ainsi que les soins de santé et les services sociaux.

Il y a actuellement plus d’un million d’emplois vacants, principalement dans le secteur de l’alimentation et des services et dans celui des soins de santé.

Le défi à long terme demeure la pénurie de main-d’œuvre, et le Canada compte sur l’immigration plutôt que sur la croissance naturelle pour alimenter l’expansion de sa main-d’œuvre.

Emploi Canada

Anticipations d’inflation

Les ménages et les entreprises canadiens sont habitués à une faible inflation, qui est égale ou inférieure à la cible de 2 % depuis plus d’une décennie. Aujourd’hui, avec les chocs sur la chaîne d’approvisionnement mondiale et les troubles géopolitiques, l’inflation est élevée depuis plus d’un an, atteignant les niveaux les plus élevés depuis le début des années 1980.

Bien qu’il y ait des signes que l’inflation pourrait avoir atteint un pic – elle a diminué à 7,6 % en juillet après avoir atteint 8,1 % en juin – il faudra un certain temps pour ralentir à mesure que la guerre se poursuit et que le marché du travail reste tendu.

En réponse, la Banque du Canada a mis en place des hausses de taux agressives pour lutter contre l’inflation.

Alors que les anticipations d’inflation à court terme ont augmenté, comme en témoigne la croissance des salaires qui s’écarte de la barre des 2 %, les anticipations d’inflation à long terme restent relativement ancrées.

Lors du récent symposium de la Réserve fédérale à Jackson Hole, Wyoming, les plus grandes banques centrales du monde ont déclaré que l’inflation est là pour rester et nécessitera des actions énergiques. Les entreprises doivent s’attendre à ce que la Banque du Canada continue d’augmenter les taux pour le reste de l’année et à ne pas les assouplir prématurément.

Le marché du logement

Dans peu d’endroits, le retournement du cycle économique est aussi apparent que sur le marché du logement, qui s’est considérablement refroidi en raison de la hausse des coûts d’emprunt. Des projets de construction sont annulés ou reportés. Partout au pays, les inscriptions et les prix des maisons sont en baisse, un contraste frappant avec le marché surchauffé d’il y a un peu moins d’un an.

Pourtant, la pénurie de logements ne sera pas résolue de sitôt ; si quoi que ce soit, cela deviendra encore pire maintenant que les constructeurs se retireront. La crise de l’abordabilité du logement persiste alors que les acheteurs potentiels ont recours à la location et que les Canadiens retournent dans les villes.

Le Canada doit encore construire des centaines de milliers d’unités supplémentaires pour loger sa population, et encore une fois, les ménages à faible revenu sont les plus durement touchés par la crise de l’abordabilité.

Inflation canadienne

Des chaînes d’approvisionnement

L’indice de la chaîne d’approvisionnement RSM Canada est devenu positif en juin, à 0,51, pour la première fois depuis avant la pandémie et s’est amélioré à 1,42 en juillet.

L’inventaire s’est finalement amélioré à tous les niveaux à mesure que les marchandises en rupture de stock de l’année dernière arrivent. Les délais de livraison et les prix se sont également améliorés. L’augmentation des stocks s’accompagne d’un ralentissement de la demande des consommateurs qui réorientent leurs dépenses vers les services.

Les consommateurs peuvent s’attendre à moins d’étagères vides, à des stocks plus abondants et à plus de ventes à l’automne à mesure que les dépenses diminuent.

Pourtant, même avec le mouvement récent vers la démondialisation des entreprises, la chaîne d’approvisionnement mondiale reste vulnérable. Un autre choc mondial pourrait renvoyer l’indice de la chaîne d’approvisionnement RSM Canada en territoire négatif. Les pénuries de main-d’œuvre dans les entrepôts, la livraison du dernier kilomètre et surtout dans le camionnage continueront de poser des défis, d’autant plus que l’adoption par les consommateurs des achats en ligne semble être là pour rester.

Cela dit, pour l’instant, la chaîne d’approvisionnement est saine et l’indice RSM pourrait rester positif au cours des prochains mois, les producteurs étant aux prises avec trop de stocks plutôt que trop peu.

Indice de la chaîne d'approvisionnement de RSM Canada

Production industrielle

Les provinces des Prairies sont en tête de l’économie en raison de la forte demande mondiale d’énergie et de métaux rares. La production industrielle a augmenté de 5,39 % d’une année sur l’autre au deuxième trimestre, bien au-dessus du niveau d’avant la pandémie, et devrait terminer l’année sur une bonne note.

Alors que les marchés mondiaux anticipent une récession et que la demande des consommateurs ralentit, la production industrielle pourrait diminuer au cours des mois à venir.

La vente à emporter

Un ralentissement économique est non seulement inévitable dans le contexte du cycle de resserrement et de la hausse des taux d’intérêt, mais il est également nécessaire pour lutter contre une inflation élevée. À l’approche de l’année prochaine, attendez-vous à ce que l’économie stagne, voire se contracte.

Des risques subsistent qui peuvent pousser l’économie vers une récession. Le catalyseur le plus probable est la guerre de la Russie en Ukraine et son effet sur les prix de l’énergie, de la nourriture et des minéraux rares. Un autre catalyseur potentiel est une dette ou une crise sanitaire en Chine. Ces chocs mondiaux se répercuteraient sans aucun doute sur l’économie canadienne.

Les problèmes de synchronisation de la chaîne d’approvisionnement fausseront davantage la croissance économique. Les Canadiens pourraient continuer de faire face à des prix élevés des aliments, de l’énergie et du logement, ce qui signifie une détérioration du pouvoir d’achat et des dépenses de consommation.

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