Le combat pour l’Ukraine du point de vue de Poutine

Une Ukraine indépendante est pour Vladimir Poutine ce que le traité de Versailles était pour Hitler : une injustice historique imposée à une nation vaincue à son moment de plus grande faiblesse, à renverser dès que les circonstances le permettront.

C’est ce que j’ai glané d’un article remarquable que M. Poutine a publié en juillet. Alors que la Russie envoie davantage de troupes à sa frontière avec l’Ukraine et que le président Biden mène des pourparlers d’urgence avec le président Poutine, il est essentiel que l’administration et le peuple américain comprennent la menace.

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Le récit principal de M. Poutine repose sur son interprétation de plus de 1 000 ans d’histoire russe, dont il tire une conclusion : les Russes et les Ukrainiens sont « un seul peuple, un seul tout », parlant des variantes d’une même langue, professant une foi commune, partageant une culture commune, dont la séparation résulte d’une stratégie de diviser pour régner poursuivie pendant des siècles par les ennemis de la Russie. Il attribue l’idée du peuple ukrainien en tant que nation distincte aux « élites polonaises » et aux intellectuels malorusse (« petit-russe ») du XIXe siècle, une théorie concoctée sans « aucune base historique » et adoptée par la suite par les autorités austro-hongroises à leurs propres fins. avant la Première Guerre mondiale.

Le récit de M. Poutine sur les années tumultueuses qui ont suivi la création de l’Union soviétique est particulièrement pertinent. En 1918, dit-il, Donetsk et les régions voisines se sont proclamés république soviétique et ont demandé à être incorporés à la Russie soviétique. Vladimir Lénine a refusé de le faire et a ordonné aux représentants de ce qui est maintenant le sud-est de l’Ukraine de s’affilier à l’Ukraine soviétique.

De l’avis de M. Poutine, c’était loin d’être la pire erreur commise par Lénine et les bolcheviks. En 1922, Lénine a établi l’URSS en tant que fédération de républiques égales, dont chacune jouissait du droit (au moins en théorie) de faire sécession. Ce faisant, accuse M. Poutine, le gouvernement bolchevique « a placé dans notre État la bombe à retardement la plus dangereuse », qui a finalement explosé.

Pire encore, affirme-t-il, les bolcheviks ont associé leur arrangement formel à une « politique de localisation » qui a favorisé le développement de la culture, de la langue et de l’identité ukrainiennes, souvent imposée aux personnes qui ne se considéraient pas comme ukrainiennes. Cette politique a encouragé l’idée de trois peuples slaves distincts – russe, ukrainien et biélorusse – au lieu d’une seule nation russe. Au cours des deux décennies suivantes, en outre, les autorités soviétiques ont incorporé de force des territoires supplémentaires à l’Ukraine suite aux protestations des habitants. Par conséquent, conclut le président russe, « l’Ukraine moderne est entièrement le produit de l’ère soviétique ».

Les bolcheviks, soutient-il, « ont traité le peuple russe comme une matière inépuisable pour leurs expériences sociales. Ils rêvaient d’une révolution mondiale qui anéantirait les États nationaux. C’est pourquoi ils ont été si généreux en dessinant des frontières et en accordant des cadeaux territoriaux. » Le résultat, écrit M. Poutine : « La Russie a été volée ».

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Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, accélérant après la « révolution orange » de l’Ukraine en 2004 et 2005, selon M. Poutine, les ennemis de la Russie en Occident ont conspiré avec les Ukrainiens de droite et les néo-nazis pour créer un « projet » dont le but est de creuser un fossé entre la Russie et l’Ukraine. Bien que les deux pays soient des « partenaires économiques naturels complémentaires » qui se sont longtemps développés comme un « système économique unique », l’Occident a utilisé des prêts et des subventions pour couper l’Ukraine de la Russie et la subordonner aux intérêts économiques étrangers.

Après ce que M. Poutine a qualifié de « coup d’État » en 2014 qui a conduit à la destitution d’un gouvernement pro-russe, le nouveau gouvernement ukrainien a signé un accord d’association avec l’Union européenne qui a renforcé l’orientation anti-russe de l’Ukraine, provoquant « inévitablement » une « guerre civile ». » dans la région de Donetsk. Pire encore du point de vue du président russe : le déploiement de conseillers militaires occidentaux, d’infrastructures et d’armes sur le sol ukrainien.

Dans son discours annuel à la nation en 2005, M. Poutine a qualifié l’effondrement de l’Union soviétique de « plus grande catastrophe géopolitique » du 20e siècle. Mais il ne souhaite pas rétablir l’Union soviétique. Il veut restaurer la Russie en tant que grande puissance sur la base de la réunification du peuple russe « trinitaire » : le grand russe, l’ukrainien et le biélorusse. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra renverser ce qu’il a qualifié en 2005 de « véritable tragédie » de la disparition de l’Union soviétique, lorsque « des dizaines de millions de nos concitoyens et compatriotes se sont retrouvés hors des frontières du territoire russe ».

La « vraie souveraineté de l’Ukraine », insiste M. Poutine, n’est possible « qu’en partenariat avec la Russie ». La question est de savoir ce que ce partenariat signifierait dans la pratique. M. Biden ne peut pas promettre au président russe que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. L’UE ne promet pas non plus que son association avec l’Ukraine ne deviendra jamais une adhésion à part entière.

M. Poutine ne peut pas atteindre ses objectifs par des moyens pacifiques. Il doit bientôt décider s’il souhaite étendre son implication militaire dans le Donetsk à une guerre plus large.

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