Le plafonnement de la dette a des effets négatifs évidents sur les contribuables

Même si les décideurs relèvent le plafond de la dette à temps pour empêcher ses paiements contraignants, les effets économiques sont sans aucun doute négatifs. Les observateurs des paiements fédéraux américains prévus et des recettes fiscales projetées craignent que si le plafond de la dette n’est pas relevé, le Trésor pourrait manquer de ressources pour payer ses obligations dès le 1er juin, la soi-disant « date X ».

Nous constatons que la prime relativement importante facturée actuellement sur les titres du Trésor arrivant à échéance en juin suggère que les marchés financiers craignent que les paiements du principal ne soient effectivement retardés, et plus encore que lors des précédentes impasses sur la limite de la dette. La hausse des taux d’intérêt représente un coût pour les contribuables et un manque de confiance des investisseurs. De plus, les effets négatifs pourraient persister même après le relèvement éventuel du plafond de la dette. À tout le moins, les investisseurs s’attendraient probablement à des interruptions à court terme des paiements fédéraux chaque fois que la limite de la dette approche, une escalade significative par rapport à leurs attentes actuelles pour que les négociations se déroulent jusqu’à la dernière minute.

Jusqu’à présent, le gouvernement américain a bénéficié d’un taux d’emprunt estimé inférieur d’environ ¼ de point de pourcentage, ce qui signifie des économies d’intérêts de plus de 750 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Si une partie de cet avantage était perdue en laissant s’imposer le plafond de la dette, le coût pour le contribuable pourrait être important. Déjà, les marchés financiers sont concernés.

Pour les bons du Trésor dont l’échéance est prévue en juin, les investisseurs exigent une prime importante de 1,4 point de pourcentage, soit environ 140 points de base, pour assumer le risque de ne pas être payé à temps (figure 1). Par exemple, entre la mi-avril (ligne bleue) et le 22 mai (ligne vert foncé), les taux d’intérêt sur les bons du Trésor venant à échéance le 1er juin sont passés de 4,4 % à 5,7 %. Pour donner une idée de l’importance d’une augmentation de cette ampleur, considérez l’hypothèse que tous les taux d’intérêt pour toutes les échéances ont augmenté d’autant et que la prime était persistante : les coûts d’intérêt pour financer la dette fédérale augmenteraient de 4 100 milliards de dollars.

Figure 1 : Courbes de rendement d'avril et de mai 2023

La prime facturée est beaucoup plus élevée et a augmenté beaucoup plus tôt que lors des négociations de dernière minute sur le plafond de la dette en 2011 et 2013. Comme le montre la figure 2, en 2011, les taux d’intérêt sur les bons du Trésor arrivant à échéance juste après la première date X prévue, août 2, n’a commencé à augmenter que fin juillet. Entre le 20 juillet (ligne vert clair) et le 29 juillet (ligne vert foncé), les taux d’intérêt sur ces bons ont augmenté de près de 30 points de base. Il a baissé immédiatement après le relèvement du plafond de la dette début août (ligne violette).

En 2013, il y a eu une augmentation similaire des taux d’intérêt sur les bons du Trésor dont l’échéance est proche de la date X prévue, le 17 octobre. Comme le montre la figure 3, comme en 2011, il y a eu une augmentation de près de 30 points de base des rendements sur ces factures entre fin septembre (ligne vert clair) et mi-octobre (ligne vert foncé). Comme indiqué dans un article du Hutchins Center Explains, lorsque le Congrès a attendu jusqu’à la dernière minute pour relever le plafond de la dette en 2013, les taux ont augmenté sur les titres du Trésor dont l’échéance était proche de la date prévue à laquelle la limite de la dette devait se lier – entre 21 points de base et 46 points de base, selon une estimation des économistes de la Réserve fédérale – et la liquidité sur le marché des titres du Trésor s’est contractée. Les rendements sur toutes les échéances ont également légèrement augmenté, entre 4 et 8 points de base, reflétant les craintes des investisseurs d’une contagion financière plus large.

Figure 2 : Courbes de rendement autour de la date X en 2011 et 2013

Si le plafond de la dette se resserrait, les effets économiques négatifs s’accumuleraient rapidement et risqueraient de déclencher une profonde récession. Comme Edelberg et Louise Sheiner en ont discuté dans un article récent :

Il existe une énorme incertitude quant aux dommages que subirait l’économie américaine, car cela dépend de la durée de la situation, de la manière dont elle est gérée et de la mesure dans laquelle les investisseurs changent d’avis sur la sécurité des titres du Trésor. Le marché boursier chuterait-il précipitamment le premier jour où un paiement sans intérêt est retardé ? Le marché des titres du Trésor, le plus important du monde, fonctionnerait-il sans heurts ? Y aurait-il une ruée sur les fonds monétaires qui détiennent des titres du Trésor à court terme ? Quelles mesures la Réserve fédérale prendrait-elle pour stabiliser les marchés financiers et l’économie en général ?


La Brookings Institution est financée grâce au soutien d’un large éventail de fondations, d’entreprises, de gouvernements, d’individus, ainsi que d’une dotation. La liste des donateurs se trouve dans nos rapports annuels publiés en ligne ici. Les résultats, interprétations et conclusions de ce rapport sont uniquement ceux de son ou ses auteurs et ne sont influencés par aucun don.

Vous pourriez également aimer...