Plaidoyer pour que la Banque du Canada accélère les baisses de taux

Plaidoyer pour que la Banque du Canada accélère les baisses de taux

Avec des conditions financières restrictives, des taux d’intérêt élevés et une inflation toujours élevée, l’économie canadienne est au point mort et se trouve maintenant à un point de basculement.

Les décisions de la Banque du Canada au cours des prochains mois pourraient influencer la décision d’un atterrissage en douceur ou d’une récession de l’économie.

Les décisions de la Banque du Canada au cours des prochains mois pourraient influencer la décision d’un atterrissage en douceur ou d’une récession de l’économie.

La banque centrale est chargée de relever le défi de parvenir à la stabilité des prix alors que l’économie s’affaiblit. Une baisse des taux trop précoce risquerait de relancer l’inflation. À l’inverse, attendre trop longtemps risque de provoquer un ralentissement économique inutilement long et profond.

De nombreux indicateurs suggèrent que la Banque du Canada pourrait commencer ses baisses de taux en juin, avec une réduction de 25 points de base. Mais cela risque d’entraîner un retard qui pourrait inutilement faire basculer l’économie dans la récession.

Selon nous, la banque centrale devrait démarrer en avril. Nous nous attendons également à un minimum de quatre réductions de 25 points de base cette année pour ramener le taux à 4 pour cent.

La Banque du Canada a clairement indiqué qu’elle ne commencerait pas à réduire les taux tant qu’elle n’aurait pas suffisamment de preuves que l’inflation était sous contrôle. Aujourd’hui, ces preuves s’accumulent. Le ralentissement économique en Allemagne et à l’étranger indique qu’il sera bientôt temps pour la banque centrale de lever le pied sur les freins.

Il y a deux ans, la Banque du Canada a mené le G7 dans l’un des cycles de hausse des taux les plus rapides de l’histoire. Il est maintenant temps que la Banque du Canada prenne les devants, cette fois en réduisant les taux.

Le dernier kilomètre vers la stabilité des prix

Il a fallu un an pour que l’inflation tombe de 8 pour cent à 3 pour cent, mais au cours des six derniers mois, l’inflation a à peine bougé, illustrant la difficulté de ramener l’inflation à l’objectif de 2 pour cent fixé par la banque centrale.

Mais les forces désinflationnistes s’accentuent. La politique monétaire a écrasé la demande excédentaire et a fait basculer l’économie vers une offre excédentaire. Des taux plus élevés signifient des remboursements hypothécaires plus élevés, ce qui incite les ménages à réduire leurs dépenses. À mesure que la demande des consommateurs diminue, les entreprises ne pourront plus continuer à augmenter leurs prix.

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Le marché du travail s’oriente lentement vers un marché d’employeurs, ce qui pourrait bientôt freiner la croissance des salaires.

L’inflation sous-jacente continuera très probablement à baisser, quoique lentement, à mesure que les précédentes hausses de taux se feront sentir dans l’ensemble de l’économie.

Un ralentissement économique mondial maintiendra sous contrôle les prix des biens, notamment de l’essence et de l’énergie, et entraînera une désinflation au printemps et en été.

Le plus grand défi pour maîtriser l’inflation reste le logement. Hors logement, l’inflation était déjà tombée à 2,4 pour cent en décembre. Si l’on exclut les intérêts hypothécaires, ce chiffre s’élève à 2,5 pour cent.

L’inflation du logement découle de deux facteurs principaux : la forte croissance des loyers en raison de la pénurie de logements et l’augmentation des paiements d’intérêts hypothécaires en raison de la hausse des taux d’intérêt.

La Banque du Canada ne peut pas remédier au premier problème. Il faudra des années pour remédier à la pénurie chronique de logements, de la part de tous les niveaux de gouvernement et des entreprises.

La politique monétaire contribue directement à ce dernier phénomène. Lorsque les propriétaires renouvellent leur prêt hypothécaire, leurs versements augmentent en raison de la hausse des taux.

Même après que la Banque du Canada aura commencé à réduire les taux d’intérêt, la politique monétaire restera restrictive et le taux directeur dépassera de loin la moyenne des 20 dernières années. Puisqu’il faudra entre 18 et 24 mois pour que les effets des changements de taux se fassent sentir pleinement, les hausses de taux de l’année dernière continueront de dissiper les pressions inflationnistes dans l’ensemble de l’économie.

Réduire les taux pour faciliter la reprise

Même si le Canada ne connaîtra probablement pas une inflation de 2 pour cent avant l’année prochaine, la banque centrale n’a pas besoin d’attendre jusque-là pour baisser son taux directeur.

L’environnement macroéconomique au Canada semble considérablement plus faible qu’aux États-Unis. Les entreprises et les consommateurs au Canada ont des niveaux d’endettement plus élevés qu’aux États-Unis et sont plus sensibles aux taux.

Conditions financières du Canada

L’indice des conditions financières RSM Canada, qui mesure le risque intégré aux actifs financiers, demeure négatif en raison des niveaux accrus de risque et de volatilité du marché obligataire et de la baisse des prix des matières premières.

L’enquête auprès des responsables des prêts de la Banque du Canada confirme ces risques excessifs en raison des conditions de prêt serrées.

Au cours des derniers mois, les dépenses de consommation par habitant ont diminué, le nombre d’heures travaillées a diminué et le taux de chômage a grimpé.

En décembre, le Canada a perdu 23 500 postes à temps plein et ajouté 23 600 emplois à temps partiel. Même si le nombre global d’emplois a augmenté, la vérité est que la demande de main-d’œuvre a diminué.

Les ménages ont réduit leurs dépenses pour faire face à leurs mensualités hypothécaires plus élevées. Les entreprises retardent les embauches et les investissements.

Le taux d’intérêt réel s’élève déjà à 2 pour cent et augmentera à mesure que le taux directeur nominal reste constant et que l’inflation ralentit.

Il faudra du temps pour que les investissements et les dépenses se redressent, mais une baisse des taux au début du printemps pourrait donner à l’économie l’impulsion supplémentaire dont elle a besoin pour surmonter le obstacle et se relancer au second semestre de cette année.

Des risques demeurent

Les risques inflationnistes n’ont pas disparu. L’inflation des logements sera très probablement un problème non seulement maintenant mais aussi dans les années à venir, car l’offre de logements ne parvient pas à suivre la demande.

La croissance des salaires se situe toujours entre 4 et 5 pour cent, ce qui signifie que les prix des services mettront du temps à décélérer. Mais le ralentissement de la demande de main-d’œuvre signifie qu’une croissance plus faible des salaires pourrait se profiler à l’horizon.

Taux directeurs de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale

Il existe également un risque lié au taux de change. La Banque du Canada et la Réserve fédérale ont largement synchronisé leurs politiques, et la Fed devrait entamer sa première baisse de taux en juin.

Une réduction par la Banque du Canada avant la Réserve fédérale pourrait entraîner une perte de valeur du dollar canadien à court terme, rendant les biens plus chers pour les entreprises et les consommateurs canadiens, ce qui entraînerait une augmentation de l’inflation.

Mais l’impact sera temporaire, comme un autre obstacle sur la route. Le dollar canadien gagnerait un peu de valeur d’ici la fin de l’année, ce qui contribuerait à ramener l’inflation aux alentours de 2 pour cent.

Les plats à emporter

La trajectoire de la Banque du Canada cette année sera une modération graduelle de son taux directeur, en l’absence d’un autre choc majeur.

Le premier semestre sera difficile pour les entreprises et les consommateurs, avec des taux d’intérêt élevés et une croissance modérée. Mais un début plus précoce des baisses de taux pourrait permettre à l’économie de redémarrer au second semestre, à condition que l’inflation reste sous contrôle.

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