Du G7 au G20: passer trois pommes de terre chaudes

La vidéoconférence du G7 d'hier s'est terminée en silence. Il n'était même pas possible pour le groupe de publier une déclaration conjointe après que l'administration américaine eut poussé à entrer dans un jeu de blâme sur le label Covid-19. Mais n'abandonnons pas. Il y a encore une chance aujourd'hui pour une coordination mondiale: la vidéoconférence d'urgence du G20 organisée par l'Arabie saoudite. C'est l'occasion pour le G20 de se démarquer et d'éclipser le G7 et pour le monde de se retrouver avec une certaine coordination des politiques internationales. Les principaux problèmes restent la liquidité en dollars, l'appréciation excessive du dollar et la chute des prix du pétrole.

Quel monde difficile à vivre, surtout pour ceux qui croient en la coopération internationale. Face à une pandémie, chaque nation affectée prend ses propres mesures sans se soucier de regarder ses voisins. Quel souvenir de ce qui a fait chuter les économies pendant la Grande Dépression.

En fait, hier, la vidéoconférence du G7 s'est terminée en silence (peut-être en larmes pour les plus touchés, à savoir les nations européennes). Il n’était même pas possible pour le groupe de publier une déclaration commune après que l’administration américaine eut tenté de se lancer dans un jeu de blâme sur le label Covid-19. Mais n'abandonnons pas. Il y a encore une chance aujourd'hui pour une coordination mondiale: la vidéoconférence d'urgence du G20 organisée par l'Arabie saoudite.

La bonne chose à propos de l'appel d'aujourd'hui, c'est qu'avec la présence de la Chine, il sera difficile pour les États-Unis (qui occupent actuellement la présidence du G7) de pousser les autres à discuter de l'étiquetage du problème (l'origine de la pandémie) plutôt que de la solutions. Pour rappel rapide aux membres du G20, voici une liste de questions qui mériteraient d'être discutées.

Premièrement, il ne fait aucun doute qu'une crise de liquidités en dollars est l'un des principaux fantômes qui hantent la coopération du G20. Alors que la Fed a déjà étendu ses lignes de swap à neuf autres banques centrales, peu d'entre elles sont des économies émergentes (Mexique et Brésil uniquement) et beaucoup d'autres attendent des nouvelles de la Fed. Si la Fed ne se sent pas à l'aise de devenir le fournisseur mondial de liquidité ultime en dollars, le FMI est clairement la deuxième ligne de défense. Pourtant, avec plus de 80 pays ayant déjà frappé à la porte du FMI pour obtenir une aide d'urgence en matière de liquidités, il semble évident que ses ressources à elles seules ne suffiront pas à protéger les économies émergentes et frontalières des pénuries de liquidités en devises fortes résultant de la pandémie de coronavirus. Le G20 serait bien avisé de discuter de la manière de fournir plus de ressources au FMI en temps opportun, d'autant plus si la Fed n'est pas prête à prolonger les lignes de swap supplémentaires.

Deuxièmement, et au-delà de la liquidité en USD, la force du dollar est, sans aucun doute, un sujet important pour le G20. Le G7 aurait pu offrir un lieu plus approprié, en tant qu'hôte des devises les plus liquides du monde, mais l'avantage du premier moteur a été perdu. C'est pourquoi il est fort probable que les membres du G20 finiront par avertir le G7 de l'importance d'éviter une volatilité excessive sur les marchés des changes à l'échelle mondiale. On pourrait soutenir que les économies émergentes ont peut-être profité d'une monnaie plus faible comme tampon pour l'effondrement de leurs économies en raison de la propagation de la pandémie, mais la réalité est que les devises trop faibles sont également risquées, car cela laisse de la place aux investisseurs commencer à douter de la capacité de ces pays à rembourser leur dette en dollars et, ainsi, à augmenter le coût du financement. En d'autres termes, un dollar trop fort est également une mauvaise nouvelle pour les économies émergentes, de sorte que le front uni pour une intervention coordonnée des changes au niveau du G7 peut être atteint au G20.

Enfin, la faiblesse des matières premières – et en particulier du prix du pétrole – sera sûrement discutée lors d'une réunion au cours de laquelle les principaux producteurs de matières premières prendront place à la table. Il semble clair que l'hôte – l'Arabie saoudite – sera aimablement invité à contribuer sa juste part pour éviter un effondrement supplémentaire des prix du pétrole à partir de niveaux historiquement bas. À ce stade, même les grands importateurs comme l'Inde ou la Chine pourraient avoir tendance à penser que des prix des matières premières trop bas peuvent générer plus de problèmes que d'avantages. En fait, l'effondrement d'une grande société d'énergie, par exemple, sans parler du défaut d'un exportateur de pétrole ou de gaz, pourrait envoyer des ondes de choc dans l'économie mondiale, décimant les avantages d'importations de pétrole moins chères.

Dans l'ensemble, la patate chaude que le G7 a transmise au G20 doit être saisie avec courage car le monde n'a jamais eu plus besoin de coordination pour un problème qui est, par définition, mondial: une pandémie. C'est l'occasion pour le G20 de se démarquer et de faire de l'ombre au G7. Cette évolution sera un autre signal important du monde de plus en plus – et inexorablement – «sans ouest» dans lequel nous vivons tous.


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