Comment les marchés boursiers réagissent aux troubles sociaux – Blogue du FMI

Philip Barrett et Sophia Chen

Qu’arrive-t-il aux marchés boursiers lorsque des troubles sociaux – tels que des manifestations de masse et des émeutes – se produisent? Les investisseurs sont-ils effrayés par le désordre? Ou sont-ils soutenus par la perspective d’un changement positif et populaire en réponse aux troubles?

Notre graphique de la semaine, tiré de notre récent document de travail des services du FMI, utilise un nouvel ensemble de données de 156 événements de troubles sociaux en 2011-2020 pour éclairer ces questions. Il montre que dans les pays dotés d’institutions plus ouvertes et démocratiques, les événements de troubles sociaux ont un impact négligeable sur les rendements boursiers (ligne bleue). Mais dans les pays aux régimes plus autoritaires, l’effet est important et négatif: en moyenne, les rendements boursiers baissent de 2% en 3 jours et d’environ 4% le mois suivant (ligne noire).

Ces résultats sont cohérents avec des exemples du monde réel. Par exemple, les marchés boursiers en France – un pays doté d’institutions fortes et ouvertes – étaient en grande partie immobiles dans les jours qui ont suivi le début des manifestations des Gilets jaunes à la fin de 2018.

Bien entendu, des différences entre les pays peuvent se produire pour de nombreuses raisons autres que les institutions politiques. Ainsi, nous vérifions également que cette relation tient après avoir pris en compte d’autres facteurs qui pourraient être corrélés avec le degré d’autoritarisme institutionnel, y compris la gravité des troubles et le niveau de revenu du pays.

Pour approfondir le type d’institutions qui pourraient être importantes, le document mène d’autres expériences en utilisant les six mesures des institutions sociales et politiques qui forment les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale. Parmi ceux-ci, deux facteurs jouent un rôle crucial dans l’atténuation des réactions négatives des marchés boursiers aux événements de troubles sociaux: la participation populaire au gouvernement et la capacité du gouvernement à réguler les marchés de manière à promouvoir le développement du secteur privé.

Quel type de comportement des investisseurs pourrait expliquer ces schémas?

Un indice provient du volume d’actions échangées, qui augmente fortement à la suite d’un événement de troubles graves. Comme de plus en plus de transactions se produisent lorsque les investisseurs ne sont pas d’accord sur la valeur d’un actif, un volume de transactions plus élevé reflète généralement plus d’incertitude quant aux perspectives. Ce résultat suggère que les troubles sociaux affectent les rendements boursiers par le biais d’un canal d’information indirect plutôt que par une perturbation directe de l’activité économique.

Ensemble, ces résultats impliquent que dans les pays où les normes de gouvernance sont élevées, les troubles sociaux ne conduisent pas à davantage de désaccords et d’incertitudes quant aux performances économiques futures. Cela reflète peut-être la capacité d’institutions plus ouvertes à concilier des opinions divergentes et à trouver des compromis.

En revanche, cette flexibilité peut faire défaut dans les systèmes plus autoritaires. Là-bas, les institutions peuvent être moins capables de s’adapter aux problèmes sociaux, ce qui signifie que les troubles peuvent conduire à des craintes croissantes d’incertitude supplémentaire et dissuader les investisseurs.

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