Erdogan cible un rival politique en Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan


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bureau de presse du président turc/h/Shutterstock

La Turquie organise sa prochaine élection présidentielle en juin et le président Recep Tayyip Erdoğan fait face à sa course la plus difficile en 20 ans au pouvoir. Juste au bon moment, le chef autocratique tente de paralyser l’opposition.

Un tribunal turc a bloqué ce mois-ci près de 29 millions de dollars de subventions publiques au Parti démocratique populaire (HDP) et a temporairement gelé ses comptes bancaires. Le procureur Bekir Şahin demande au tribunal de dissoudre le HDP et d’empêcher nombre de ses membres d’exercer leurs fonctions pendant au moins cinq ans.

Le gouvernement turc affirme que le HDP a des « liens organiques » avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe séparatiste militant que les États-Unis ont qualifié d’organisation terroriste. Le HDP nie de tels liens et qualifie à juste titre la décision de justice de ce mois-ci de « nouvelle marque noire dans l’histoire de la démocratie en Turquie ».

Les Kurdes représentent près d’un cinquième de la population turque et, lors des élections de 2018, le HDP pro-kurde a remporté plus de 11 % du total des voix. Soixante-sept de ses candidats ont remporté des sièges au Parlement turc de 600 membres, bien que certains aient depuis été démis de leurs sièges après des condamnations pénales teintées de politique.

Le HDP reste le troisième plus grand parti au parlement turc. Et bien que la coalition de l’opposition n’inclue pas le HDP, la coalition aura besoin des votes du HDP pour défier M. Erdoğan. L’attaque contre le HDP est la dernière d’une série contre les rivaux de M. Erdoğan et de son Parti de la justice et du développement au pouvoir.

En décembre, un tribunal a condamné le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoğlu, considéré comme un challenger potentiel de taille pour M. Erdoğan, pour un faux discours. Cela l’empêche d’occuper ou de solliciter un poste à moins qu’il ne puisse gagner en appel. En octobre, la Turquie a adopté une nouvelle loi criminalisant la diffusion de « désinformation » passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à quatre ans et demi.

Le mécontentement du public à l’égard de M. Erdoğan s’est accru dans un contexte d’inflation galopante et de ses actions de plus en plus autoritaires contre la presse, l’État de droit et ses opposants politiques. La Turquie est membre de l’OTAN, qui a besoin de l’assentiment du pays pour admettre la Finlande et la Suède comme nouveaux membres de l’alliance de défense. Mais cela ne signifie pas que les États-Unis et l’Europe doivent garder le silence si l’homme fort essaie de truquer les élections pour que lui seul puisse gagner.

Rapport éditorial du journal : Paul Gigot interviewe le général Jack Keane. Images : Zuma Press/Shutterstock Composite : Mark Kelly

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