Fonds de redressement de l'Union européenne: des conditions liées, mais non liées

Garantir des dépenses de relèvement efficaces est un défi de taille pour l'Union européenne, avec un potentiel de déraillement en raison d'objectifs flous et de procédures surchargées. L'UE devrait travailler avec les pays membres pour identifier des politiques limitées qui maximiseront l'impact de l'investissement de l'UE, tout en tenant compte des retombées.

Par:
Jean Pisani-Ferry

Date: 27 octobre 2020
Sujet: Macroéconomie et gouvernance européennes

Le plan de l’Union européenne pour l'aide à la reprise dans les États membres touchés par la crise des coronavirus a été à juste titre saluée comme une avancée majeure pour le bloc. Mais les objectifs économiques du plan, ses priorités et le contenu des accords contractuels qu’il devrait impliquer entre l’UE et les pays membres sont beaucoup moins clairs. Le principal élément du plan, le mécanisme de relèvement et de résilience (RRF) est largement considéré comme un stimulus keynésien à court terme. On s'attend à ce que la dette de l'UE soit remboursée grâce aux contributions des États membres, mais cela n'a pas empêché les transferts qui en résultent d'être considérés, y compris par les gouvernements nationaux, comme de l'argent du ciel. Il y a également eu une controverse sur les conditions attachées aux subventions et aux prêts.

Un tel flou sur les objectifs et les procédures surchargées peuvent faire dérailler le RRF. L'UE doit faire un effort pour clarifier dès le départ et mettre le plan sur la bonne voie. Il devrait reconnaître et souligner que l'objectif principal du RRF n'est pas de contribuer à un soulagement immédiat ou à un stimulus keynésien, mais de favoriser la transformation structurelle, en particulier dans les États membres les moins avancés et les plus durement touchés.

L'UE devrait s'abstenir d'essayer d'imposer par une conditionnalité politique globale son programme de réforme aux États membres. Au lieu de cela, il devrait y avoir une approche de conditionnalité étroite dans laquelle les réformes qui complètent fortement les investissements prévus devraient être identifiées et associées à cet investissement. Une subvention visant à encourager la décarbonation dans le secteur des transports, par exemple, serait subordonnée à l'élimination des subventions aux carburants de transport. Par conséquent, dans les plans nationaux de relance et de résilience, chaque ensemble d'investissements et de réformes devrait être axé sur l'ensemble limité de mesures politiques qui doivent être mises en œuvre pour maximiser l'impact des investissements financés par l'UE.

Pendant ce temps, la complémentarité entre Les objectifs devraient être abordés dans le cadre d'un dialogue avec chaque État membre sur l'allocation sectorielle des financements de l'UE et l'architecture globale de leurs plans de relèvement et de résilience. Et l'UE devrait mettre l'accent, le cas échéant, sur la dimension transfrontalière des plans d'investissement et trouver des moyens d'encourager les États membres à coopérer à la conception et à la mise en œuvre de leurs plans.

Citation recommandée
Pisani-Ferry, J. (2020) «Fonds de redressement de l'Union européenne: des conditions liées, mais non liées à des nœuds», Contribution politique 2020/19, Bruegel

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