Le Mexique vérifie le pouvoir d’AMLO – WSJ

Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador assiste à une conférence de presse sur les résultats des élections de mi-mandat, au Palais national de Mexico, le 7 juin.


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henry romero/Reuters

Croyez-le ou non, il y a de bonnes nouvelles au sud du Rio Grande. Les électeurs mexicains ont vivement réprimandé la coalition au pouvoir du parti Morena du président Andrés Manuel López Obrador lors des élections de mi-mandat de dimanche, lui ôtant la majorité des deux tiers à la chambre basse du Congrès. Le résultat affaiblit AMLO, comme on appelle le président, et ses ambitions pour une « quatrième transformation » radicale du Mexique.

Le président a fait de cette élection un référendum sur lui-même, pariant que sa cote d’approbation de 60% surmonterait sa mauvaise gestion de Covid-19 et une économie qui n’a pas augmenté depuis deux ans. Son engagement à lutter contre la corruption résonne toujours auprès du public.

Le taux de participation d’environ 52% était élevé pour une élection de mi-mandat. Mais les candidats de Morena ont été battus parmi les électeurs urbains et suburbains de la classe moyenne, dont beaucoup ont soutenu AMLO en 2018. Morena a perdu gros dans le district fédéral de Mexico, où AMLO était maire.

Morena ou sa coalition ont remporté une dizaine des 15 postes de gouverneur en jeu, mais Morena a dû se contenter d’une pluralité à la chambre basse de 500 sièges. Le parti aura désormais besoin de la coopération du Parti vert – toujours un parti à louer – pour gouverner. L’ambition d’AMLO de réécrire la constitution, que ce soit pour inverser la libéralisation du marché, en particulier dans le domaine de l’énergie, ou pour centraliser le pouvoir à la présidence, devient beaucoup plus difficile.

L’image d’AMLO en tant que caudillo populaire a également pris un coup. Il n’est toujours pas un canard boiteux, mais à mi-chemin de son mandat unique de six ans, la campagne électorale de 2024 est officieusement ouverte, ce qui signifie que son pouvoir n’est plus ascendant. Lorsqu’il attaque les entreprises en tant que « mafia », intimide les opposants ou essaie de faire adopter des lois antidémocratiques par le Congrès, il rencontrera désormais plus de résistance.

Il y a aussi une leçon pour l’opposition dans ce résultat. Son succès partiel est dû en grande partie à la décision du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et du Parti d’action nationale (PAN) de s’unir derrière des candidats communs. Les deux parties luttent pour réfuter les accusations d’AMLO selon lesquelles elles font partie d’un établissement corrompu. Mais ce n’est qu’en divisant ses adversaires qu’il peut s’enfuir avec le pouvoir.

Les Mexicains ont vécu pendant 71 ans sous une autocratie répressive. Lorsqu’ils y ont mis fin en 2000, ils se sont engagés en faveur du renforcement des institutions et de la primauté du droit. La classe politique les a souvent déçus, mais le vote de dimanche suggère qu’ils préfèrent toujours le pluralisme et la démocratie à un retour à un régime d’homme fort.

Si AMLO veut laisser un héritage de progrès dans la seconde moitié de sa présidence, la reconnaissance de ce message du peuple mexicain est le point de départ.

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Paru dans l’édition imprimée du 8 juin 2021.

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