L’impôt sur les sociétés et la souveraineté américaine

La secrétaire au Trésor Janet Yellen a une grande idée: un régime fiscal mondial. Elle envisage un impôt minimum sur les sociétés normalisé dans le monde développé et une autorité élargie pour que les nations taxent les sociétés multinationales. Avec le plan de l’administration Biden visant à augmenter le taux d’imposition des sociétés aux États-Unis à 28% et à éliminer les préférences, il ramènerait les États-Unis à leur statut d’avant 2017 en tant que juridiction à fiscalité élevée, décourageant les investissements et la production de capitaux nationaux. Plus insidieux, il céderait l’autorité sur la fiscalité, l’un des piliers de la gouvernance démocratique, à un organe ou groupe d’experts international technocratique mal défini.

Une telle érosion du contrôle démocratique souverain devrait être reconnaissable. Elle a longtemps caractérisé l’Europe et fait partie intégrante de l’ambition de l’Union européenne de devenir une superpuissance réglementaire mondiale.

La proposition de Mme Yellen découle des efforts de longue date des principaux pays européens pour étendre leur pouvoir de taxation sur les entreprises technologiques américaines par le biais de soi-disant taxes numériques. Les initiatives de la France, de l’Autriche, de l’Italie et du Royaume-Uni menaçaient de saper les efforts d’harmonisation de la fiscalité des entreprises dans l’UE et d’ouvrir un nouveau front dans une guerre commerciale avec les États-Unis Compte tenu de la nécessité d’une approbation unanime des lois de l’UE et de l’opposition de l’Irlande et de certains pays d’Europe du Nord États membres, les dirigeants européens ont déplacé le débat vers l’Organisation de coopération et de développement économiques, ou OCDE, un groupe de 37 pays à revenu élevé, dont les États-Unis.

L’initiative s’est rapidement étendue pour inclure un impôt minimum sur les sociétés, un autre objectif à long terme de l’UE qui ne pourrait pas être atteint en interne ou être efficace sans la participation d’autres pays développés. De cette manière, les dirigeants européens ont cherché à réduire la concurrence fiscale entre les États membres de l’UE ainsi que les pays à faible taux d’imposition tels que les États-Unis, la Suisse, Singapour et les Bermudes. Étant donné que l’Europe et la plupart des autres pays développés dépendent plus des taxes sur la valeur ajoutée que des impôts sur les sociétés, augmenter ces derniers donnerait à leurs entreprises un avantage de coût par rapport aux entreprises américaines, d’autant plus que la plupart des TVA sont remboursables pour les produits exportés. Les tentatives américaines au fil des ans pour égaler un tel avantage à l’exportation ont été contrecarrées par les décisions de l’Organisation mondiale du commerce.

La nouvelle équipe de Biden est impatiente de travailler avec l’Europe sur des questions plus vastes telles que le défi chinois, le changement climatique et la réforme de l’Organisation mondiale du commerce. L’ouverture d’une négociation sur les impôts sur les sociétés, selon la réflexion, pourrait aider à sécuriser la coopération européenne tout en fournissant accessoirement une couverture politique nationale pour les hausses d’impôts dont l’administration Biden a besoin pour financer de nouvelles dépenses.

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