COVID-19 et vulnérabilité à la pauvreté

La pandémie de COVID-19 s’est accompagnée de chaînes d’approvisionnement perturbées, d’une hausse des prix des matières premières et de l’inflation, d’une augmentation de la dette publique et privée et d’une réduction de la production économique. Malgré les tendances séculaires vers son éradication, la pauvreté monétaire (voir ici et ici) a subi une augmentation en 2020 en raison de conditions transitoires. Nos recherches récentes mettent en évidence une augmentation de «pauvreté extrême» par 115 millions de personnes en 2021 en raison des effets de la COVID-19 (Figure 1). Nous observons une augmentation spectaculaire du nombre de pauvres dans nos calculs contrefactuels COVID-19 en utilisant d’autres seuils de pauvreté et en étendant l’horizon de prévision de 2021 à 2030. Les résultats sur l’extrême pauvreté discutés ici et ici montrent un consensus sur la direction et l’ampleur de l’impact de COVID -19 au niveau des effectifs d’ici 2021.

Figure 1. Taux de pauvreté par seuil de pauvretéFigure 1. Taux de pauvreté par seuil de pauvreté

La source: Élaboration de l’auteur.
Notes : SPL signifie seuil de pauvreté sociétal : , où représente le niveau médian quotidien de revenu ou de consommation par habitant dans l’enquête auprès des ménages. Le SPL saisit à la fois les caractéristiques absolues et relatives de la pauvreté. Les statistiques mondiales agrégées sur l’incidence de la pauvreté sont dérivées de 5 000 simulations aléatoires annuelles spécifiques à chaque pays de 2021 à 2040. Les estimations sont basées sur la PPA constante de 2011. La ligne de base utilise les informations 2000-2020 collectées avant le début du verrouillage. Le contrefactuel COVID-19 met à jour les informations de 2020 relatives aux taux de croissance avec des réalisations ou des prévisions faites en 2021 des quatre variables suivantes : le revenu moyen spécifique au pays, le revenu mondial, l’inégalité absolue spécifique au pays et les prix mondiaux des matières premières.

Au-delà du dénombrement de la pauvreté : vulnérabilité à la macro-pauvreté

La COVID-19 a eu un autre impact sur la pauvreté. Compte tenu de l’incertitude entourant l’avenir de la pandémie et de l’économie mondiale, la COVID-19 a augmenté le nombre de personnes risquant de tomber dans la pauvreté. Nous avons simulé l’évolution de la pauvreté dans les pays en développement en tenant compte de l’incertitude entourant la croissance économique mondiale et les prix des produits de base ainsi que de facteurs propres à chaque pays, comme la répartition des revenus. La figure 2 montre l’incertitude inhérente à l’extrême pauvreté mondiale à travers les horizons temporels.

Figure 2. L’extrême pauvreté dans le monde et la crise du COVID-19

Figure 2. L'extrême pauvreté dans le monde et la crise du COVID-19

Source : Élaboration de l’auteur.
Remarques : Les résultats sont basés sur le seuil de pauvreté de 1,90 USD par jour en PPA constante de 2011. Les statistiques mondiales agrégées sur l’incidence de la pauvreté sont dérivées de 5 000 simulations aléatoires spécifiques à chaque pays par année de 2021 à 2040. Partie A : d’ici 2021 et 2030, l’incidence de la pauvreté attendue est de 8,3 % et 5,9 %, avec un écart type de 0,24 % et 0,63 %. , respectivement. Panel B : D’ici 2021 et 2030, le taux de pauvreté prévu est de 9,8 % et 7,3 %, avec un écart type de 0,32 % et 0,73 %, respectivement.

Nous définissons ensuite la population vulnérable à la pauvreté comme celle qui se situe entre la moyenne et le centile 99,5 des trajectoires simulées du nombre de pauvres. La pandémie de COVID-19 augmente la population vulnérable à la pauvreté sur tous les seuils de pauvreté étudiés (Figure 3). Nous appelons notre mesure « vulnérabilité à la macro-pauvreté » pour la distinguer des autres mesures de vulnérabilité à la pauvreté — Dang et Lanjouw (2017) et Lopez-Calva et Ortiz-Juarez (2014).

Figure 3. Vulnérabilité à la pauvreté par seuil de pauvreté

Figure 3. Vulnérabilité à la pauvreté par seuil de pauvreté

Source : Élaboration de l’auteur.
Remarques : SPL signifie seuil de pauvreté sociétal. Les estimations de référence et COVID-19 utilisent les taux de croissance du PIB par habitant du FMI communiqués en octobre 2019 et avril 2021. Les résultats sont dérivés de 5 000 tirages au sort par pays par an.

Effets de la COVID-19 sur la vulnérabilité à la pauvreté

Le choc de la COVID-19 a accru de manière permanente la vulnérabilité à la pauvreté en raison d’une incertitude considérable quant aux perspectives mondiales futures. Les effets à court et à long terme de la pandémie mesurés par un contrefactuel COVID-19 indiquent une augmentation du nombre de personnes risquant de devenir pauvres de 40 et 107 millions de personnes d’ici 2021 et 2030, en utilisant le seuil de pauvreté de 1,90 $ (Figure 3 ).

Concavité de la vulnérabilité à la pauvreté et nombre d’habitants

Comment la vulnérabilité à la macro-pauvreté varie-t-elle avec le seuil de pauvreté ? Nous trouvons une association concave entre le taux de pauvreté et la vulnérabilité à la pauvreté (Figure 4). Cette concavité est poussée vers le haut et vers la droite après la pandémie, indiquant que la société est confrontée à plus de pauvreté et à un plus grand risque de tomber dans la pauvreté après le COVID-19. La vulnérabilité la plus élevée à la macro-pauvreté – nombre maximal de personnes susceptibles de devenir pauvres au-delà des seuils de pauvreté absolue – dans la répartition mondiale des revenus est détectée autour de la ligne de 5,5 dollars en 2021 et 2030. En 2021, la population la plus vulnérable à la pauvreté monétaire était d’environ 330 millions, avec un seuil de pauvreté entre 3,20 $ et 5,50 $.

Figure 4. Vulnérabilité à la pauvreté et nombre de personnes dans le monde

Figure 4. Vulnérabilité à la pauvreté et nombre de personnes dans le monde

Source : Élaboration de l’auteur.
Remarques : Les estimations de référence et COVID-19 utilisent les taux de croissance du PIB par habitant du FMI communiqués en octobre 2019 et avril 2021. Les résultats sont dérivés de 5 000 tirages au sort par pays par an. Les nombres de pauvres déclarés sont des estimations médianes.

Vulnérabilité régionale à l’extrême pauvreté

Depuis le début de la pandémie, les régions en développement ont accru leur vulnérabilité à l’extrême pauvreté à tous les horizons (figure 5). En 2021, l’Asie du Sud (ASS) et l’Afrique subsaharienne (ASS) étaient les régions les plus vulnérables. En 2030, le scénario de référence et le contrefactuel COVID-19 montrent que les régions de l’Asie de l’Est et du Pacifique (AEP) et de l’ASS auraient les personnes les plus vulnérables à la pauvreté : environ 230 et 290 millions de personnes. Les simulations indiquent que les SAS d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) et d’Asie du Sud seraient confrontés à l’augmentation la plus importante des populations vulnérables à la pauvreté d’ici 2030 : 20 millions et 55 millions environ.

Figure 5. Vulnérabilité régionale à la pauvreté

Figure 5. Vulnérabilité régionale à la pauvreté

Source : Élaboration de l’auteur.
Notes : Les résultats sont basés sur le seuil de pauvreté de 1,90 $ par jour en PPA constante de 2011. HIC signifie pays à revenu élevé. Développement de noms régionaux : ECA signifie Europe et Asie centrale, MNA désigne le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, SAS représente l’Asie du Sud, LAC représente l’Amérique latine et les Caraïbes, EAP représente l’Asie de l’Est et le Pacifique, et SSA désigne l’Afrique subsaharienne .

L’augmentation du nombre de personnes vulnérables à l’extrême pauvreté est particulièrement pertinente en ALC. D’ici 2030, la part de la population de l’ALC en situation de vulnérabilité à la pauvreté serait la plus élevée de toutes les régions. Il passerait de 22 dans le scénario de référence à 25 % dans le contrefactuel COVID-19. De même, la part de la population vulnérable à la pauvreté en ASS resterait élevée : 21 % à la fois dans le scénario de référence et après la COVID-19 d’ici 2030.

Conclusion

L’exacerbation de la vulnérabilité à la pauvreté indique la nécessité d’établir ou de renforcer des mécanismes de prévention contre les chocs mondiaux et idiosyncratiques affectant le développement national et régional. Les filets de sécurité, les transferts et autres programmes de réduction de la pauvreté doivent être planifiés et surveillés, y compris la latence des personnes tombant dans la pauvreté. Les paramètres de vulnérabilité tels que celui décrit ici devraient jouer un rôle clé dans le diagnostic des risques à la baisse affectant l’éradication de la pauvreté.

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