De combien d’investissements avons-nous besoin pour atteindre le zéro net ?

La taille et la portée des investissements nécessaires pour atteindre le zéro net auront des implications macroéconomiques importantes.

Pour devenir climatiquement neutres d’ici le milieu du siècle, l’Union européenne et les autres grandes économies doivent réduire considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) au cours de cette décennie. L’UE vise à réduire ses émissions de 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 grâce à un large éventail de politiques récemment proposées dans le paquet « Fit for 55 ». Pendant ce temps, les États-Unis visent à réduire leurs émissions de 50 à 52 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005, et la Chine souhaite que ses émissions de CO2 culminent avant 2030. Pour y parvenir, de sérieux investissements seront nécessaires.

Ci-dessous, nous passons en revue les multiples estimations des investissements nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques et discutons de la pertinence macroéconomique de l’investissement en plus de ce qui sera déjà dépensé pour remplacer les infrastructures existantes.

Tendances mondiales des investissements énergétiques

Les investissements énergétiques mondiaux s’élèvent actuellement à environ 2 000 milliards de dollars par an, soit 2,5 % du PIB mondial, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans une voie illustrative qu’ils ont récemment développée, cela devra atteindre 5 000 milliards de dollars ou 4,5 % du PIB d’ici 2030 et y rester jusqu’en 2050 au moins pour atteindre zéro CO net.2 émissions d’ici 2050 (Figure 1). Une grande partie de ce montant sera consacrée à la production d’électricité et aux infrastructures afin d’électrifier de nouveaux secteurs économiques et de rendre le système électrique plus adapté à des volumes et à une variabilité beaucoup plus élevés d’énergie renouvelable.

D’autres trajectoires de zéro net pointent vers des ordres de grandeur similaires (figure 2). L’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) prévoit les investissements nécessaires pour la décennie en cours, ce qui se traduit par des investissements de 5,7 billions de dollars par an jusqu’en 2030, mais moins par la suite. Bloomberg New Energy Finance (BNEF) estime que les besoins d’investissement moyens se situeront entre 3,1 et 5,8 billions de dollars par an jusqu’en 2050.

Dans l’UE, la Commission européenne estime que la réalisation de l’objectif climatique à l’horizon 2030 nécessitera des investissements annuels supplémentaires de 360 ​​milliards d’euros en moyenne, à partir de maintenant. Cela portera les investissements pertinents d’une moyenne de 683 milliards d’euros par an au cours de la dernière décennie à environ 1 040 milliards d’euros par an. Environ un tiers de l’investissement supplémentaire concerne les transports, de loin la composante la plus importante en raison des gros besoins de remplacement des véhicules. Hormis les transports, l’accent semble davantage mis sur le doublement des investissements dans le chauffage résidentiel, mais les composants plus petits comme les réseaux électriques et les centrales doivent encore être multipliés par deux (figure 3).

Selon toutes ces estimations, atteindre la neutralité climatique d’ici le milieu du siècle nécessitera des investissements supplémentaires dans les systèmes énergétiques et de transport représentant environ 2 points de pourcentage du PIB par rapport aux niveaux actuels.

La taille et la portée des investissements requis signifient que leurs implications macroéconomiques seront importantes. Nous analyserons ces implications dans une série de publications à venir, basées sur un nouveau projet de recherche de Bruegel sur la macroéconomie de la décarbonisation.

Citation recommandée :

Lenaerts, K., S. Tagliapietra et GB Wolff (2021) « De combien d’investissements avons-nous besoin pour atteindre le zéro net ? », Blogue Bruegel, 25 août


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