De nouveaux moyens par lesquels l’innovation sociale peut lutter contre la perte de biodiversité

Le terme « innovation sociale » s’est développé ces dernières années. Une nouvelle étude examine l’utilisation diversifiée du terme dans la recherche autour de l’action de durabilité et de la lutte contre la perte de biodiversité. Dans ce blog, Fergus Lyon décrit certaines des découvertes.

Blog de FERGUS LYON

Image : gracieuseté de Josefin / unsplash.com

Parmi les recherches sur l’urgence écologique, il y a des histoires de nouvelles façons dont les individus et les communautés changent leurs pratiques pour faire face à la perte de biodiversité. Notre article récent a exploré la nature de ces «innovations sociales» avec une action civique s’attaquant à l’impact de l’homme sur d’innombrables espèces. Lorsque nous entendons parler d’innovation, nous avons tendance à penser d’abord au changement technologique, dont une grande partie peut avoir un effet écologique négatif. Pourtant, innovation sociale peut lutter contre les moteurs nocifs de la perte de biodiversité tout en soutenant l’épanouissement humain.

En tant que groupe de chercheurs en innovation sociale, nous nous sommes inspirés du rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) qui identifie les moteurs de la perte de biodiversité et suggère l’innovation sociale comme voie à suivre. Nous voulions creuser plus profondément pour comprendre comment d’autres études ont utilisé le concept d’innovation sociale lors de l’examen d’initiatives dirigées par des personnes pour lutter contre la perte de biodiversité et l’extinction rapide des espèces. En passant en revue un large éventail de recherches publiées existantes, nous explorons comment l’innovation sociale est censée s’attaquer aux moteurs systémiques de la perte de biodiversité. L’utilisation du terme innovation sociale présente également certains défis qui sont explorés.

Notre examen montre que l’innovation sociale est souvent décrite comme des initiatives ascendantes et des expérimentations locales, permettant aux différents points de vue des citoyens d’être entendus, différentes façons de gérer les terres pour la faune et de créer de nouvelles alternatives à la consommation non durable. Nous identifions trois manières d’utiliser le terme d’innovation sociale dans le contexte des initiatives en faveur de la biodiversité.

Il existe un grand nombre de recherches sur l’innovation sociale autour de solutions basées sur la nature qui se concentrent sur des actions visant à protéger, gérer et restaurer les écosystèmes naturels tout en relevant des défis sociaux tels que la sécurité alimentaire et le bien-être humain. De nombreux travaux récents ont examiné les solutions fondées sur la nature dans les zones urbaines, en s’appuyant sur une plus longue tradition de recherche dans les zones rurales. Ces initiatives peuvent potentiellement être des moyens puissants de combiner les avantages de la biodiversité et de relever d’autres défis tels que la pauvreté et le bien-être. Cependant, ces innovations sociales ne sont pas sans leurs propres défis car elles donnent explicitement la priorité aux actions de biodiversité qui soutiennent les besoins humains. L’accent mis sur les solutions basées sur la nature est également lié aux initiatives de « paiement pour les services écosystémiques » où les avantages de la biodiversité sont monétisés et les avantages à court terme récompensés. Notre examen, cependant, révèle qu’il y a un manque de recherche qui considère les impacts sur les générations futures ou l’inclusion des communautés autochtones.

Deuxièmement, de nombreux travaux sur le terrain relient l’innovation sociale à la technologie. Cela peut inclure l’agroécologie et les pratiques agricoles régénératives pour la production alimentaire aux côtés de la conservation de la nature. Ces alternatives plus radicales peuvent également inclure une agriculture soutenue par la communauté qui vise à produire de la nourriture tout en améliorant le bien-être de la communauté. En revanche, le terme innovation sociale est également utilisé dans la recherche sur les technologies propres et « l’intensification durable » de la production alimentaire qui réduisent la surface nécessaire à cultiver pour la production alimentaire, libérant ainsi des zones pour la conservation de la nature ou le réensauvagement. Cependant, il existe peu de recherches explorant comment ces formes d’innovation sont contestées et remises en question par différentes parties de la société.

Un autre, troisième, vaste corpus de recherche place l’innovation sociale dans le contexte de la gouvernance participative. Dans les zones de protection de la nature, par exemple, on constate que les approches participatives ascendantes sont mieux adaptées pour tenir compte des intérêts divergents, en particulier ceux dont les voix ont pu être réduites au silence dans le passé. Cela peut également garantir un partage plus juste des avantages de la conservation. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment l’innovation sociale peut apporter des avantages à certains tout en ayant un impact négatif sur la vie des autres. Il ne peut y avoir de présomption de consensus automatique entre des points de vue différents.

Pour l’avenir, l’innovation sociale – aussi variées que semblent être ses conceptions – est un terme utile qui peut soutenir des voies pour comprendre la prospérité durable, combinant l’action de la biodiversité avec l’épanouissement humain. Nous devons veiller à ne plus l’utiliser comme un mot à la mode qui passe sous silence les grands défis et à le laisser évoluer en une source de changement structurel dans les relations de pouvoir.

La recherche existante présente l’innovation sociale comme des solutions simples et sans conflit. Mais l’innovation sociale n’est pas un sauveur naturel. Des conflits peuvent survenir dans de nouvelles constellations, et les problèmes de durabilité s’accompagnent souvent de compromis par rapport aux pratiques existantes et profondément ancrées. Il peut s’agir de conflits entre la création de parcs nationaux qui excluent les personnes et les droits fonciers autochtones, ou entre la production alimentaire et le réensemencement, ou entre la foresterie à croissance rapide et la régénération naturelle. L’innovation sociale peut être le point de levier de la transformation, mais seulement si les personnes impliquées comprennent l’importance de résoudre avec succès ces conflits et d’écouter toutes les voix. De cette façon, l’innovation sociale peut combiner avec succès la lutte contre l’urgence écologique tout en soutenant l’épanouissement humain.

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