Avec l’investissement fédéral le plus important jamais réalisé dans l’éducation, des centaines de milliards de dollars sont versés aux États et aux districts scolaires en vertu de l’American Rescue Act. L’appel est aux États d’utiliser cet argent pour l’innovation à travers un large éventail de priorités. Alors que les écoles et les districts scolaires tiennent compte des besoins des élèves et de la manière d’allouer les ressources, les données sont essentielles au processus de prise de décision.
En février, le gouvernement fédéral a exigé que les tests d’État reprennent au printemps 2021. Cet accent a reflété une vision des données comme un élément important de l’effort de reprise de l’éducation et a créé l’opportunité de collecter des informations sur les étudiants après un écart substantiel dans les pratiques de test. Comme les États étaient encouragés à penser aux données de manière formative-pour guider la planification et les solutions pédagogiques, plutôt que pour évaluer la responsabilité et les performances – les résultats devraient jouer un rôle important dans la conception des programmes de récupération de l’éducation, des innovations et des priorités aux niveaux national et local, ayant un impact sur les élèves pendant de nombreuses années venir.
Bien que les tests mandatés par l’État fournissent des informations importantes sur les besoins d’apprentissage des élèves, il n’est pas nécessaire de commencer avant la troisième année, laissant une pénurie d’informations sur les plus jeunes élèves des écoles publiques. Alors que nous commençons à utiliser les données de l’État du printemps 2021, nous devons nous assurer qu’un manque de données standardisées sur les élèves de moins de troisième année n’entraîne pas un manque d’attention pour ces jeunes apprenants. Il est essentiel d’y investir pour une reprise éducative durable et à long terme.
Nouvelles données de Virginie sur les plus jeunes apprenants
Le dépistage des jeunes étudiants n’est pas une pratique normalisée à l’échelle nationale. Cependant, des évaluations de la maternelle à la 2e année (pour inclure les évaluations d’entrée à la maternelle et/ou les pratiques de dépistage universelles, en particulier pour la lecture) sont requises par la loi dans au moins 35 États. Les données de ces évaluations peuvent aider les États à se concentrer sur les jeunes apprenants et à fournir des informations pertinentes à leur contexte local. Cela peut être particulièrement important étant donné que peu d’études nationales menées de manière indépendante se sont concentrées sur les jeunes apprenants (voir ici pour une exception).
Certains collègues et moi avons récemment publié un rapport sur les évaluations de la lecture anticipée mandatées par la loi en Virginie. Il offre une image qui donne à réfléchir des jeunes apprenants. Les données recueillies à l’automne 2020 représentent plus de 90 % des élèves de maternelle et de première année inscrits dans une école publique dans 131 des 132 divisions scolaires de Virginie. L’échantillon de plus de 130 000 élèves de maternelle et de première année (dans près de 1 000 écoles) est comparable, sur le plan démographique, aux populations étudiantes de l’État ces dernières années.
Les résultats de l’automne 2020 démontrent que plus d’un quart des élèves de la maternelle et de la première année étaient considérablement en retard dans les compétences en littératie précoce au début de l’année scolaire 2020-2021 (selon le Phonological Awareness Literacy Screener, ou PALS). C’est 10 points de pourcentage de plus qu’à tout autre moment au cours des 20 années d’histoire de cette évaluation précoce de la lecture. Cela se traduit par 11 000 élèves de plus de la maternelle et de la première année considérés à risque de difficultés futures en lecture à l’automne 2020 par rapport à l’automne 2019. (La figure 1 ci-dessous compare les données de 2019 et 2020 séparément pour les élèves de la maternelle et de la première année).
La désagrégation des données par sous-groupes d’élèves, comme le fait la figure 2 ci-dessous, révèle deux tendances clés qui sont toutes deux préoccupantes. (Les schémas sont indiqués pour la maternelle mais sont similaires en première année.) Si l’on examine les sous-groupes d’élèves, le pourcentage d’élèves à risque dans le développement précoce de la lecture en 2020 varie considérablement selon les caractéristiques démographiques des élèves. En fait, environ 30 à 50 % des élèves identifiés comme noirs, hispaniques, économiquement défavorisés et apprenant l’anglais sont entrés à l’école à l’automne 2020 avec un retard considérable en lecture précoce (comparativement à 21 % des élèves identifiés comme blancs). En regardant au sein de chaque sous-groupe d’élèves, les changements de l’automne 2019 à l’automne 2020 montrent des baisses du développement précoce de la lecture pour tous les sous-groupes d’élèves (représentés dans la figure 2 comme des niveaux accrus d’élèves ayant des difficultés de lecture). Collectivement, les données montrent que les inégalités existantes et systémiques deviennent plus ancrées à l’automne 2020, et que la lecture de tous les élèves est pire à l’automne 2020 qu’à l’automne 2019.
Adopter une optique de prévention pour soutenir les compétences en lecture
Des modèles inéquitables dans la réussite scolaire prennent racine dans les premières années des enfants. La recherche montre que 90 % des enfants aux prises avec la lecture de base à la fin de la première année continuent à avoir des difficultés en troisième année et au-delà. L’échec en lecture en troisième année, à son tour, équivaut à une augmentation de quatre à six fois du risque de décrochage scolaire, en fonction d’autres facteurs de risque. Cependant, il y a aussi des raisons de croire qu’intervenir pendant cette période peut être particulièrement utile.
Des décennies de recherche sur la résolution des difficultés de lecture chez les jeunes apprenants sont applicables aux efforts actuels de rétablissement de l’éducation. Récemment désignée sous le nom de science de la lecture, cette recherche met l’accent sur la nécessité de développer des compétences de base en lecture grâce à des techniques systématiques et explicites qui servent tous les enfants, mais particulièrement ceux qui sont vulnérables dans le développement de la lecture. Un rapport récent du Council of Chief State School Officers décrit comment les États peuvent appliquer la science de la lecture au contexte actuel. Il souligne l’importance d’utiliser des stratégies fondées sur des preuves qui ont été efficaces pour combler les lacunes dans le développement des compétences en lecture et sont applicables pour accélérer l’apprentissage en réponse aux opportunités éducatives perdues ou modifiées au cours des 15 derniers mois. Ces interventions ajoutent à la fois du temps et une concentration systématique à l’apprentissage en classe de manière individualisée en fonction des besoins des élèves. En tant que tels, ils doivent s’appuyer sur une base pédagogique solide dans la salle de classe qui met l’accent sur le renforcement des compétences de base en lecture et l’élargissement des compétences linguistiques de niveau supérieur, du vocabulaire et des domaines pertinents de la connaissance du contenu.
Alors que les États commencent à se concentrer sur les résultats des tests du printemps 2021 pour orienter les investissements et les innovations qui favoriseront une reprise de l’éducation, il est important d’apporter de la visibilité et du soutien aux plus jeunes apprenants. Les données des évaluations d’entrée à la maternelle et/ou des mesures de dépistage universel en K-2 offrent aux éducateurs des informations exploitables à un moment où les trajectoires d’apprentissage des enfants peuvent être considérablement modifiées par des interventions pédagogiques. Veiller à ce que ces données soient intentionnellement recherchées et incluses dans la planification et la programmation du rétablissement contribuera à garantir que les investissements à court terme dans les solutions éducatives répondent aux défis actuels et préviennent les problèmes futurs.
