Lorsque je suis en déplacement pour discuter avec des clients de l’économie et de la trajectoire de la politique de la Réserve fédérale, la question qui m’est le plus souvent posée est la suivante : si l’économie est en croissance, comment la politique peut-elle être restrictive ?
La réponse ne réside pas tant dans l’économie actuelle que dans ce qui nous attend si la Fed poursuit sur sa voie restrictive actuelle.
L’inflation sous-jacente étant tombée entre 2 et 2,5 % et le taux des fonds fédéraux étant fixé à 5,5 %, les investissements en capital sont devenus excessivement coûteux pour de nombreuses entreprises.
Maintenir les taux à un niveau aussi élevé risque de pousser l’économie vers une récession inutile.
C'est pourquoi les responsables de la Fed ont annoncé qu'ils réduiraient leur taux directeur lors de leur réunion de cette semaine. Nous pensons que la Fed réduira son taux directeur de 25 points de base ; le marché anticipe une probabilité de 62 % d'une baisse de 50 points de base.
Mais parallèlement à cette baisse, la Fed devra également définir le calendrier et l’ampleur de son nouveau régime de taux d’intérêt plus bas. La Fed a, après tout, un double mandat : la stabilité des prix et un emploi durable maximal. Son prochain changement de cap sur les taux est un signe de sa nouvelle focalisation sur la partie emploi de son mandat.
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De mon point de vue, le cheminement et la destination de la politique monétaire sont bien plus importants que le fait que la Fed commence avec une baisse de taux de 25 ou de 50 points de base.
De plus, si l’on considère le taux réel des fonds fédéraux, présenté ici (à des fins de simplification) comme le taux des fonds fédéraux moins l’indice des prix à la consommation, ce taux s’établit à 3 %.
Ce niveau est bien supérieur à notre estimation préférée du taux neutre, ou à l’estimation Holston-Laubach-Williams du taux d’intérêt naturel, qui s’établit à 0,75 %.
À moyen terme, nous prévoyons un taux d’inflation d’environ 2,5 %, ce qui implique un taux directeur terminal d’environ 3,25 %.
Étant donné que le point médian du taux directeur nominal actuel de la Fed se situe entre 5,25 % et 5,5 %, cela implique que la banque centrale devra réduire le taux des fonds fédéraux de 225 points de base pour ramener la politique à un niveau neutre afin de la rendre moins restrictive.
Sans surprise, les prix actuels du marché impliquent que le taux directeur tombera dans une fourchette proche de la neutralité d’ici le milieu de l’année prochaine.
De nombreuses hypothèses héroïques sous-tendent cette fixation des prix sur le marché, mais elles ne se matérialiseront peut-être pas. Mais il est clair que le taux directeur actuel est restrictif et représente un risque pour l'économie, comme le montre le canal financier.