Intégrer l’équité raciale dans les décisions de rezonage

La discrimination en matière de logement sur la base de la race est interdite depuis plus d’un demi-siècle, mais les Américains résident toujours dans des quartiers sensiblement divisés par race. et dans une moindre mesure la classe. Bien que cet état de choses ait de multiples causes, l’une des plus importantes est la réglementation de l’utilisation des sols qui est utilisée par les villes et les villages pour exclure certains types de personnes de quartiers et même de villes entières. Le zonage en particulier est l’un de ces outils.

Zonage : une très brève histoire

Le zonage est apparu pour la première fois en Allemagne à la fin du 19e siècle comme un outil pour renforcer les nouveaux modes d’utilisation des terres dans les villes.[i] Le concept de zonage s’est rapidement propagé à d’autres villes européennes et a finalement traversé l’Atlantique dans les premières décennies du 20e siècle.

Les villes américaines aussi avaient besoin d’un plus grand ordre pour empêcher les utilisations manufacturières, commerciales et résidentielles de se transformer en un fouillis et un désordre inachevé. Mais le zonage a également été utilisé à des fins plus néfastes de ce côté-ci de l’Atlantique. Les villes des États du sud et de la frontière ont été parmi les premières aux États-Unis à adopter le zonage, l’utilisant pour diviser leurs villes en sections noires et blanches distinctes. Au moins 21 villes ont suivi l’exemple de Baltimore avant qu’un tel zonage ne soit déclaré inconstitutionnel par la Cour suprême dans Buchanan v. Warley en 1917.

Bien que le zonage racial ait été jugé inconstitutionnel, le zonage continuerait d’être utilisé comme un outil pour séparer les « indésirables », y compris les Noirs, des plus favorisés. L’adoption par la ville de New York d’une ordonnance de zonage en 1916 était motivée, en partie, par le désir des commerçants aisés de l’East Side de Manhattan de garder à l’écart de leurs quartiers commerçants les ouvriers des usines de confection du quartier voisin. En effet, dans Euclid c. Ambler, la décision de la Cour suprême de 1926 qui a sanctionné le zonage, les immeubles d’habitation (et vraisemblablement leurs occupants non lavés) ont été décrits comme des « parasites » au milieu des quartiers résidentiels unifamiliaux.

Depuis le début du 20e siècle, le zonage a continué d’être un outil utilisé pour séparer les pauvres, qui sont de manière disproportionnée des personnes de couleur de certains quartiers. Cela peut être fait, par exemple, en n’autorisant que les maisons unifamiliales ou les maisons sur de grands terrains, ce qui exclura les logements plus abordables.

Parce que les déterminants des changements de vie sont si étroitement liés à l’endroit où l’on vit, les implications d’un tel zonage pour les inégalités sont énormes. L’endroit où l’on vit influence l’endroit où l’on va à l’école, son exposition à la criminalité et au maintien de l’ordre, ainsi que les types de magasins auxquels ils ont accès. Pour les propriétaires, l’endroit où l’on vit est peut-être le déterminant le plus important de la richesse d’une famille.

Inégalité raciale et zonage

Pour remédier aux inégalités qui découlent souvent du zonage et d’autres réglementations majeures en matière d’utilisation des terres, des analyses d’équité raciale devraient accompagner leur adoption. La logique des analyses d’équité raciale s’apparente à celle qui sous-tend les déclarations d’impact environnemental (EIE). Les lois fédérales et certaines lois étatiques et locales exigent une EIE pour les projets qui auront un impact considérable sur l’environnement. La ville de New York, par exemple, exige une EIE pour tout projet qui doit être soumis au processus d’approbation de l’utilisation des terres de la ville, y compris l’utilisation du domaine éminent, le rezonage et la disposition des terres publiques. Ces EIE permettent aux promoteurs de projets et aux autres parties prenantes d’identifier les dommages potentiels à l’environnement et de proposer des mesures correctives.

Dans la même veine, des changements majeurs dans l’utilisation des terres pourraient également nécessiter une analyse de l’équité raciale. La portée de telles analyses pourrait inclure la façon dont les coûts et les avantages d’une telle action sont répartis entre les groupes raciaux/ethniques, les risques de déplacement ventilés par race/groupe ethnique, et comment le développement proposé serait lié aux modèles actuels de ségrégation résidentielle.

À titre d’exemple, imaginez un quartier à faible densité qui est rezoné pour permettre une densité accrue. Le quartier est majoritairement blanc dans une ville assez ségréguée. Le changement de zonage fait partie d’un projet d’aménagement qui comprendra de nouvelles unités au tarif du marché. Une EIE exigerait du promoteur qu’il montre comment le nouveau développement aura un impact sur l’environnement, en tenant compte des impacts sur les utilisations sensibles des terres, la qualité de l’air, etc. Une analyse de l’équité raciale examinerait la composition raciale probable du nouveau développement, si oui ou non un déplacement était susceptible de se produire, et le cas échéant d’une manière racialement disparate. L’analyse tiendrait également compte de la façon dont la composition démographique prévue du nouveau développement influencerait les modèles de ségrégation résidentielle existants.

Déjà, certaines villes ont commencé à mettre en œuvre des politiques qui nécessitent une prise en compte explicite des impacts des développements proposés sur l’équité raciale. Par exemple, la ville de New York adopte une loi exigeant que les impacts anticipés sur l’équité raciale soient documentés pour les projets de logement à grande échelle qui nécessitent l’approbation de la ville. Les efforts de planification complets de Seattle incluent une analyse axée sur la croissance et l’équité dans le cadre de leur processus de prise de décision pour le rezonage.

Alors que l’Amérique compte avec l’héritage de l’injustice raciale en cours, il est clair qu’il faudra plus que des platitudes. Des mesures concrètes pour corriger les inégalités raciales sont nécessaires. Les analyses d’équité raciale dans les décisions d’utilisation des terres pourraient être une étape sur la voie d’une Amérique racialement juste.

Notes de bas de page

[i] Baumeister, R. 1876. Stadterweiterungen in Technischer, Baupolizeilicher und Wirthschaftlicher Beziehung. Berlin : Verlag von Ernst & Horn.

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