Kamala Harris se rend au Guatemala

La vice-présidente Kamala Harris se rend lundi au Guatemala dans le cadre de ses efforts pour s’attaquer aux « causes profondes » de la migration en provenance du triangle nord de l’Amérique centrale, qui comprend également El Salvador et le Honduras. L’un des objectifs de Mme Harris est de mobiliser des investissements pour la région.

Gérez vos attentes.

Comptez sur beaucoup de complaisance avec les politiciens, les militants d’organisations non gouvernementales et les hommes d’affaires glissants qui connaissent une chose ou deux sur l’entrepreneuriat politique.

L’invisible aura plus d’importance. Pour le Guatemala, il s’agit d’un grand nombre d’investisseurs de petite et moyenne taille, étrangers et nationaux, qui sont nécessaires au développement mais ne sont pas d’accord avec Mme Harris parce qu’ils se méfient de son programme.

La politique guatémaltèque est très chargée, polarisée et corrompue. Une partie, avec des partisans à Washington, applaudit les invasions de terres, les vols d’électricité et les barrages routiers au nom de la justice sociale. Pour la gauche anti-développement, au Guatemala et au Parti démocrate américain, la primauté du droit dans le monde en développement est une nuisance.

Mme Harris a montré ses cartes à Washington le mois dernier lorsqu’elle a rencontré l’ancienne procureure générale du Guatemala, Thelma Aldana, malgré les deux mandats d’arrêt guatémaltèques en instance de Mme Aldana pour corruption. Elle a mentionné sur Twitter qu’elle est victime des « forces obscures ».

L’ancienne juge de la haute cour guatémaltèque Gloria Porras était à la même réunion, bien qu’il y ait des dizaines de plaintes contre elle à la maison pour avoir prétendument refusé d’obéir à la constitution. Il s’agit notamment des plaintes d’une majorité qualifiée de l’association des représentants qui a rédigé la constitution au milieu des années 1980. Mme Porras affirme qu’elle s’est vu refuser un troisième mandat de cinq ans par un complot antidémocratique.

La démonstration de soutien de Mme Harris à Mme Aldana et Mme Porras était du théâtre politique. Si la vice-présidente des États-Unis avait voulu sérieusement attirer des investissements au Guatemala, elle leur aurait dit de rentrer chez eux et de faire face à la justice. Pour paraphraser Mme Aldana de son temps en tant que premier procureur du pays, s’il n’y a rien à cacher, il n’y a rien à craindre.

Peut-être que Mme Aldana et Mme Porras craignent d’être traitées comme les accusés l’ont souvent été pendant leur mandat. Demandez à la famille Bitkov ou à Max Quirin, tous deux victimes d’abus de pouvoir de la part du procureur général et du juge de grande instance.

Les investisseurs savent que l’erreur judiciaire incontrôlée des juges et procureurs guatémaltèques s’est produite sous Iván Velásquez, le gauchiste colombien qui a pris en octobre 2013 la tête de la Commission internationale des Nations Unies contre l’impunité au Guatemala, ou CICIG. M. Velasquez a militarisé la CICIG à des fins politiques, utilisant la « détention préventive » comme un outil pour terroriser la société guatémaltèque et réduire au silence l’opposition politique de gauche.

La façon de rester hors de la ligne de mire de M. Velásquez était de s’aligner derrière lui. Une presse paresseuse et corrompue jouait le rôle de Madame Defarge. Le commissaire a reçu des éloges lorsqu’il a emprisonné le président Otto Pérez Molina et la vice-présidente Roxana Baldetti pour un prétendu réseau de délits douaniers. Pourtant, la CICIG n’avait toujours pas obtenu de condamnations dans cette affaire où, en 2019, son mandat n’a pas été renouvelé. La CICIG a quitté le pays, une expérience ratée de renforcement des institutions due en grande partie au zèle politique de M. Velásquez.

La rencontre de Mme Harris avec Mme Aldana et Mme Porras indique où l’administration Biden veut diriger le Guatemala. Tout aussi préoccupante est la décision du président Biden de nommer Todd Robinson, ancien ambassadeur des États-Unis au Guatemala, à la tête du Bureau des affaires internationales des stupéfiants et de l’application des lois du département d’État. Le bureau des «drogues et voyous», comme on appelle parfois le portefeuille, est actif en Amérique centrale. Le dossier de M. Robinson soulève de sérieuses questions quant à son aptitude à l’emploi.

Sans aucun doute, il passe le test décisif idéologique des démocrates. Pendant son séjour à l’ambassade, il s’est fait une réputation de s’ingérer dans la politique intérieure d’une manière qui dépassait largement le cadre de ses responsabilités. Il était connu, par exemple, pour avoir fait pression sur le Congrès guatémaltèque pour qu’il confirme que les juges étaient en accord avec ses opinions politiques. Le département d’État m’a dit qu’il n’était pas disponible pour commenter.

À en juger par les nombreuses apparitions publiques de M. Robinson avec la pro-CICIG Mme Aldana, les deux étaient proches et il la soutenait, même pendant qu’elle prenait des décisions qui mettaient en danger la sécurité nationale des États-Unis. En 2014 et 2015, des initiés du Registre national des personnes du Guatemala et du bureau du procureur général ont présenté des preuves à Mme Aldana suggérant que des cartes de résidence permanente avaient été délivrées frauduleusement pour des personnes originaires d’endroits comme le Kazakhstan, la Russie, la Chine, l’Iran, la Libye et la Syrie. Ces cartes peuvent être utilisées pour obtenir la citoyenneté guatémaltèque, qui peut ensuite être utilisée pour demander des visas américains. Comme je l’ai signalé en décembre 2018, plutôt que d’enquêter sur la personne qui a signé ces documents, Mme Aldana l’a promue au poste de procureur général adjoint.

Le Sénat devrait demander à M. Robinson s’il était au courant des décisions de Mme Aldana et, sinon, pourquoi pas. Parmi ceux qui méritent des réponses se trouvent les investisseurs que Mme Harris courtise pour le Guatemala.

Écrivez à O’Grady@wsj.com.

Rapport éditorial du journal : le meilleur et le pire de la semaine par Kyle Peterson, Mary O’Grady, Mene Ukueberuwa et Dan Henninger. Image : Talking Sport/Photoshot/UPPA via ZUMA Press/AP Composite : Mark Kelly

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