L’Europe ne doit pas négliger son union des marchés des capitaux

Les marchés de capitaux de l’Union européenne restent très sous-développés par rapport aux États-Unis. Le marché des actions, mesuré par la taille de la capitalisation boursière totale des entreprises nationales cotées par rapport au PIB, est beaucoup plus important aux États-Unis et au Japon qu’en Europe.

Cette Contribution Politique a été réalisée avec le soutien financier du Forum Européen Alpbach

L’achèvement de l’union européenne des marchés des capitaux n’est pas seulement souhaitable du point de vue de la stabilité financière. Le financement sur fonds propres est également mieux adapté que les banques pour financer des secteurs à forte croissance (comme le numérique et la haute technologie) où la plupart des capitaux sont immatériels. En outre, les marchés boursiers réaffectent les fonds vers des secteurs moins polluants plus efficacement que les banques et incitent les secteurs à forte intensité de carbone à développer des technologies plus vertes.

Le sous-développement du marché des capitaux en Europe est évident lorsque l’on compare les structures de financement des entreprises à celles d’autres économies avancées. Même les sociétés cotées en Europe sont nettement plus financées par les banques qu’aux États-Unis, tandis que la capitalisation boursière globale des sociétés cotées est beaucoup plus faible par rapport au PIB. Les investissements en capital-risque sont dix fois plus élevés aux États-Unis qu’en Europe (en part du PIB), et encore plus dans une poignée de pays asiatiques (Singapour, Chine, Inde). Les entreprises européennes, en particulier dans le secteur technologique, sont beaucoup plus susceptibles d’être acquises par des entreprises américaines que l’inverse.

Dans le même temps, les investisseurs institutionnels de l’UE sont comparativement sous-investis dans les produits en actions, et une grande partie de leurs investissements en actions existants est dans des actions extra-zone euro
(principalement aux États-Unis).

Cela n’est pas surprenant étant donné que la prime de marché ou la prime de risque pays (la différence entre le taux de rendement interne des actions et le taux sans risque) est d’environ quatre points de pourcentage plus élevée dans les pays de l’UE qu’aux États-Unis. Cela indique que seules les entreprises qui franchissent un seuil de rendement beaucoup plus élevé peuvent accéder au financement par actions.

Un plan d’action actualisé de la Commission européenne pour l’union des marchés des capitaux, publié en septembre 2020, contient des propositions intéressantes mais le langage reste vague. Des progrès législatifs possibles pourraient provenir de la réforme de l’Autorité européenne des marchés financiers en une autorité centralisée forte, de la révision du cadre législatif qui s’applique aux investisseurs institutionnels afin de faciliter les investissements en fonds propres et de l’harmonisation des lois sur l’insolvabilité des entreprises et leur application.

Citation recommandée

Demertzis, M., M. Domínguez-Jiménez et L. Guetta-Jeanrenaud (2021) « L’Europe ne doit pas négliger son union des marchés des capitaux », Contribution politique 13/2021, Bruegel

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