Le cadeau de Biden à Poutine sur Nord Stream 2

Des remorqueurs se mettent en position sur le navire russe de pose de canalisations « Fortuna » dans le port de Wismar, en Allemagne. Le navire spécial est utilisé pour les travaux de construction du gazoduc germano-russe Nord Stream 2 dans la mer Baltique en janvier.


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Jens Buettner / Associated Press

Le président Biden a parlé durement de Vladimir Poutine, mais sa réponse politique a été mitigée. La décision de sanctions de cette semaine sur le gazoduc Nord Stream 2 est une raison supplémentaire de s’inquiéter.

Axios a rapporté mardi que le département d’État enverra un rapport au Congrès énumérant les entités qui devraient faire face à des sanctions pour leur association avec le gazoduc de 11 milliards de dollars. Le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré lors de son audience de confirmation qu’il était «déterminé à faire tout ce que nous pouvons» pour arrêter le projet. Il s’avère que ce n’est pas tout à fait vrai.

Alors que l’administration Biden veut cibler les navires russes travaillant sur le pipeline presque complet, la société qui dirige le projet et son PDG ne feront pas face à des sanctions. L’État reconnaîtra que Nord Stream 2 AG et son chef – un ancien officier du renseignement est-allemand – méritent d’être sanctionnés. Pourtant, les restrictions sur un copain de Poutine seront levées au nom des «intérêts nationaux américains». C’est le genre de décision qui a poussé les médias à affirmer que Donald Trump doit être un agent russe.

La décision suggère que M. Biden ne veut pas faire sauter sa relation avec le gouvernement allemand, qui soutient fermement le pipeline. Mais cela fait reculer. Le projet génère une opposition bipartite aux États-Unis et, en avril, le Parlement européen a demandé son arrêt. Les Allemands ont la responsabilité d’éviter de nuire aux relations avec Washington et le reste du continent.

Le gazoduc fournira une énergie bon marché mais renforcera la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe. Il s’agit d’une faute professionnelle géopolitique étant donné la menace posée par la politique étrangère révisionniste de Moscou. C’est aussi une récompense économique pour M. Poutine, qui continue de sévir contre les dissidents, d’emprisonner Alexei Navalny et de menacer la souveraineté de ses voisins. C’est pourquoi des pays comme la Pologne sont prêts à payer une prime pour éviter le gaz russe, même s’ils sont nettement moins riches que l’Allemagne.

Dans le cadre de l’un de ses premiers actes officiels, M. Biden a fermé le pipeline Keystone XL qui améliorerait la sécurité énergétique des États-Unis. Il traite mieux un pipeline qui augmente l’influence et les revenus de la Russie que celui qui améliore celui des États-Unis.

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