Le consensus surprenant d’Israël sur la question palestinienne

Le Premier ministre israélien Naftali Bennett et des ministres assistent à une réunion du cabinet à Jérusalem, le 4 juillet.


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Le nouveau gouvernement d’Israël est un hybride – un mélange de gauche, de droite et de centre. Alors que la plupart des gouvernements hybrides souffrent d’une paralysie totale, celui d’Israël a de bonnes chances d’être efficace.

Aux États-Unis, il existe un fossé entre les libéraux et les conservateurs, un fossé qui se reflète dans le fossé entre les partis démocrate et républicain. Dans la plupart des pays occidentaux, la division politique reflète une fissure idéologique dans la société. Israël, cependant, est un exemple d’un curieux paradoxe politique : la polarisation politique ne reflète pas une division au sein de la société mais cache plutôt le fait que la fissure idéologique dans la société israélienne a disparu.

Deux problèmes ont traditionnellement divisé Israël en camps idéologiques : la relation entre la religion et l’État, et le conflit israélo-palestinien. La plupart des Israéliens, y compris les Juifs ultra-orthodoxes, traditionalistes et laïcs, aiment le judaïsme et recherchent un certain lien avec leur tradition. Dans le même temps, la plupart des Israéliens n’aiment pas l’establishment religieux et s’opposent à la coercition religieuse. Comment transformer ce double consensus en politique ? La plupart des Israéliens seraient d’accord avec la formulation suivante : plus d’éducation juive, moins de coercition religieuse. Plus de connaissances, moins de pouvoir.

Mais bien plus important est le consensus invisible qui a émergé autour du conflit israélo-palestinien. La plupart des Israéliens ne veulent pas contrôler la vie des 2,6 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie ou, comme l’appellent de nombreux Israéliens, en Judée-Samarie. En même temps, la plupart des Israéliens ne veulent pas se retirer de ce territoire, de peur de rendre leur pays si petit géographiquement qu’il serait indéfendable. Ils s’accordent sur un paradoxe – ils ne veulent pas contrôler la vie des habitants de ce territoire, ils ne veulent pas s’en retirer – et ce paradoxe pourrait bien conduire à la paralysie et à la stagnation. Mais ce n’est pas nécessaire. Ces dernières années, le débat politique israélien a subi un changement de paradigme vers une idée connue sous le nom de « rétrécir le conflit », qui pourrait convertir ce consensus inhabituel en un plan d’action efficace qui transformera la réalité.

Le concept de réduction du conflit signifie la poursuite de toute politique qui renforce de manière significative l’autonomie palestinienne sans compromettre la sécurité israélienne. Au cœur de la réduction du conflit se trouve un effort visant à créer une contiguïté territoriale entre les îles autonomes palestiniennes de Cisjordanie, à connecter cette autonomie palestinienne au reste du monde et à promouvoir la prospérité économique et l’indépendance palestiniennes. Le but de cette stratégie est de transformer le réseau fragmenté et fragile d’îles autonomes de Cisjordanie en un régime politique contigu et prospère. Réduire le conflit donnerait aux Palestiniens ce qui leur manque actuellement : une masse critique d’autonomie.

Il est important de noter que cela ne serait pas dans le contexte d’un traité de paix et que les Palestiniens ne devraient pas renoncer à leurs revendications pour un « droit au retour » ou pour reconnaître Israël. Il s’agit de réduire le conflit, pas d’y mettre fin.

Renforcer l’autonomie palestinienne permettrait de réaliser l’impossible. Cela répondrait aux deux souhaits contradictoires du public israélien : Israël exercerait beaucoup moins de contrôle sur les Palestiniens qu’il ne le fait actuellement, mais il ne serait pas plus menacé par eux qu’il ne l’est maintenant. Une initiative visant à réduire le conflit exprimerait le consensus idéologique invisible et tacite d’Israël.

Réduire le conflit n’enterrait pas le rêve d’un accord de paix complet. Cela ferait exactement le contraire. Une fois l’autonomie autonome des Palestiniens stabilisée, il pourrait éventuellement être transformé en un État totalement indépendant dans le cadre d’un traité de paix. Mais ce ne serait pas la seule option. Il pourrait également faire partie d’une confédération avec Israël, ou l’option d’une union politique avec la Jordanie pourrait revenir sur la table.

Une Palestine prospère et autonome est essentielle pour qu’un accord sur le statut final prenne forme. Réduire le conflit ouvrirait des options.

Le nouveau gouvernement hybride d’Israël n’est pas un gouvernement de grands rêves mais de mesures pratiques. Où mèneront ces étapes ? Les Israéliens n’ont pas besoin de se mettre d’accord sur la destination finale maintenant. Ils peuvent simplement commencer à avancer.

M. Goodman est l’auteur de « Catch 67: The Left the Right and the Legacy of the Six Day War ».

Alors que les États-Unis poursuivent le retrait de leurs troupes d’Afghanistan avant la date limite du 11 septembre fixée par le président Biden, les talibans progressent rapidement dans le pays. Image : Reuters

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Paru dans l’édition imprimée du 15 juillet 2021.

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