Le moment de vérité de la droite italienne

La chef des Frères d’Italie Giorgia Meloni pose avec son bulletin de vote dans un bureau de vote lors de l’élection anticipée à Rome, le 25 septembre.


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YARA NARDI/REUTERS

Les Italiens se sont rendus aux urnes pour élire un nouveau gouvernement dimanche, et les sondages à la sortie des urnes suggèrent que le grand gagnant sera une coalition de droite dirigée par Giorgia Meloni. Les paniques à propos des conservateurs italiens sont devenues si courantes ces dernières années qu’on pourrait bien se demander ce qui est différent cette fois.

Mme Meloni dirige les Frères d’Italie, un parti dont la lignée remonte aux partis fascistes du passé du pays. Elle a fait campagne sur des questions de guerre culturelle telles que son opposition au « lobby LGBTQ ». Sa coalition ramène également au pouvoir la Ligue de Matteo Salvini et le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, tous deux croque-mitaines européens à des titres différents.

Mme Meloni a été trop timide dans sa réticence à se distancer complètement de l’héritage fasciste de son parti. Mais on ne sait pas non plus dans quelle mesure la politique est susceptible de changer sous sa surveillance. Sur le plan économique, attendez-vous à un programme populiste de droite conventionnel (pour l’Italie) qui se concentre sur des réductions d’impôts ciblées et des aides sociales plutôt que sur les réformes à grande échelle qu’un autre dirigeant conservateur tente au Royaume-Uni.

Les personnalités européennes s’inquiètent que cela jette les bases d’un nouveau conflit entre Rome et l’Union européenne sur les règles budgétaires. C’est une préoccupation avec une dette publique italienne proche de 150% du PIB et aucun plan pour stimuler la croissance économique. Mais l’UE a également renoncé à l’influence qu’elle aurait pu avoir en protégeant Rome des jugements du marché. Les achats massifs d’obligations italiennes par la Banque centrale européenne ont resserré l’écart entre les obligations allemandes et italiennes, un indicateur de référence.

En matière de politique étrangère, Mme Meloni et ses alliés conservateurs ne sont pas sensiblement plus pro-Ukraine que tout autre politicien italien concernant l’invasion de la Russie. Mais elle n’est pas non plus moins favorable et semble se sentir liée par un consensus parmi les électeurs pour soutenir les sanctions contre la Russie.

Mme Meloni a suivi l’exemple d’autres conservateurs italiens en promettant une répression de la migration illégale, y compris peut-être un blocus naval de la Libye. Ce plan semble invraisemblable, mais l’Italie est en première ligne d’une vague de migration illégale qui a commencé en 2015 et ne s’est jamais complètement arrêtée. Si quelqu’un à Bruxelles avait de meilleures idées pour maîtriser la situation, les Italiens seraient probablement tout ouïe.

Cela ressemble à beaucoup de continuité. La principale différence est que la coalition de Mme Meloni est peut-être constituée des conservateurs qui sont finalement autorisés à diriger le gouvernement – ​​et c’est peut-être la véritable leçon de cette élection.

Une coalition de droite dirigée par M. Salvini est sortie des élections de 2018 en tant que vainqueur de la pluralité. Mais la réputation de M. Salvini était considérée comme si toxique que des machinations complexes ont été entreprises au Parlement pour l’empêcher de devenir Premier ministre. Il a été contraint de servir comme député dans une coalition inconfortable avec le mouvement populiste de gauche 5 étoiles. Les électeurs italiens n’ont jamais eu l’occasion de tester le courage de leurs politiciens de droite.

Les frustrations qui ont créé ce résultat en 2018 ont augmenté après deux ans de pandémie et une crise énergétique provoquée par la Russie. Mme Meloni est entrée dans cette élection avec un profil relativement bas et son parti n’a jamais été au pouvoir. Elle est sur la bonne voie pour gagner en partie parce qu’elle n’a jamais rejoint le gouvernement de grande coalition qui s’est formé derrière le gardien Mario Draghi.

Une victoire pour Mme Meloni inaugurera une nouvelle période complexe de la politique italienne et des relations de l’Italie avec l’Union européenne. Là encore, chaque élection italienne le fait ces jours-ci. Le point clé est que les Italiens peuvent enfin obtenir le gouvernement conservateur qu’ils semblaient vouloir il y a quatre ans. Maintenant, ils vont découvrir si cela fonctionne.

Rapport éditorial du journal : David Asman interviewe le général Jack Keane. Image : Piscine du Kremlin/Zuma Press

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Paru dans l’édition imprimée du 26 septembre 2022.

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