Les ramifications des protestations sur l’économie canadienne

Le convoi de camionneurs a paralysé l’économie canadienne, avec des conséquences allant bien au-delà du commerce transfrontalier et englobant la chaîne d’approvisionnement, l’inflation, le marché du travail et la croissance économique.

Les manifestations, qui ont conduit le premier ministre Justin Trudeau à déclarer mardi une urgence à l’ordre public national, menacent de rendre le produit intérieur brut du Canada négatif au premier trimestre, sapant les prévisions de croissance modeste.

Les manifestants sont arrivés le 28 janvier à Ottawa et se sont depuis propagés à travers le Canada, bloquant les principaux passages frontaliers avec les États-Unis.

Commerce canadien

Le commerce des marchandises a connu l’impact le plus évident. Près de 1,7 milliard de dollars américains par jour en échanges commerciaux entre les États-Unis et le Canada, à travers la plus longue frontière du monde. Pendant une semaine, les manifestants ont bloqué des points de passage importants comme entre l’Alberta et le Montana, et plus particulièrement le pont Ambassador reliant Windsor, en Ontario, à Détroit, la bouée de sauvetage de l’industrie automobile nord-américaine.

Les blocus ont obligé les véhicules à faire un détour par d’autres points de passage, certains à des centaines de kilomètres.

Les blocus ont obligé les véhicules à faire un détour par d’autres points de passage, certains à des centaines de kilomètres. Cela a entraîné des retards importants dans les livraisons, s’élevant à des milliards de dollars de pertes commerciales.

Le résultat a été une aggravation de la crise de la chaîne d’approvisionnement. La production automobile, déjà touchée par la pénurie de puces à semi-conducteurs et les intempéries, pourrait être encore réduite.

Le transport des marchandises est devenu plus coûteux. L’inflation, qui est déjà à son plus haut niveau depuis 30 ans, pourrait encore augmenter légèrement.

Le rapport sur l’emploi de février ne semble pas plus brillant que celui de janvier, qui a montré le plein impact de la variante omicron. Des dizaines de milliers de travailleurs près de la frontière, en particulier 12 000 dans l’industrie automobile, ont été licenciés ou ont vu leurs heures réduites à cause du blocus.

Volume des échanges commerciaux du Canada par passage

Néanmoins, nous nous attendons à ce que l’effet sur le marché du travail soit de courte durée et que tous les travailleurs soient réembauchés une fois que la fabrication reprendra après l’autorisation du pont Ambassador.

Le bilan économique de la capitale nationale, où les manifestations montrent peu de signes de dispersion, est le plus sévère. Les entreprises d’Ottawa en sont à leur deuxième mois de fermeture ou de fortes réductions de revenus après un mois de janvier de restrictions omicron qui ont fermé les restaurants à l’intérieur, les gymnases et les divertissements en personne, et un mois de février de manifestants fermant le noyau urbain.

Bien que le pont Ambassador ait rouvert dimanche soir, l’impact des manifestations mettra un certain temps à se dissiper.

À plus long terme, ce qui est plus préoccupant, c’est la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable. Les biens et les services circulent sans interruption entre deux pays depuis des décennies.

Bien que le blocus ait été levé relativement rapidement, il pourrait faire hésiter certains investisseurs et garder leur production nationale – un autre clin d’œil à la tendance à la localisation en réponse à la pandémie après des décennies de mondialisation.

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