Mission impossible? Les États fragiles peuvent-ils augmenter les recettes fiscales? – Blog du FMI

Par Bernardin Akitoby, Jiro Honda et Keyra Primus

Les chocs COVID-19 se révèlent particulièrement difficiles pour les États fragiles. Avant le COVID, les recettes fiscales étaient faibles dans ces pays et les gouvernements avaient du mal à les augmenter. Maintenant, le COVID-19 les frappe durement et les recettes fiscales diminuent. Une fois la pandémie apaisée, la restauration et l'amélioration de la collecte des impôts sont encore plus importantes pour garantir la viabilité de la dette, faciliter la reprise post-COVID-19 et répondre aux besoins de financement du développement afin d'atteindre les objectifs de développement durable. C'est un défi formidable. Cependant, notre nouvelle étude du personnel révèle que réaliser des gains appréciables en matière de recouvrement des impôts dans des environnements fragiles n'est pas une «mission impossible».

Comme le montre notre graphique, quatre États fragiles (Libéria, Malawi, Népal et Îles Salomon) ont enregistré des augmentations considérables de leurs recettes fiscales sur une décennie, de 7 à 20 points de pourcentage du PIB. La plupart de ces pays avaient introduit des réformes fiscales alors que leurs recettes fiscales étaient bien inférieures à la moyenne des États fragiles, mais chacun dépassait la moyenne, le Népal et les Îles Salomon le faisant dans une large mesure.

Ces expériences soulignent l'importance des efforts soutenus de réforme fiscale. Dans ces cas, des réformes fiscales ont été menées sur de longues périodes pour réaliser des gains durables et appréciables. Si cette approche prolongée peut généralement exiger une stabilité politique afin d'assurer la continuité des réformes fiscales, elle peut également être réalisée lorsque les administrations changent, comme nous l'avons vu au Malawi par exemple.

Ces expériences soulignent également les leçons suivantes pour les réformes des recettes fiscales dans les États fragiles:

  • Approche à deux mains. Pour garantir des rendements fiscaux stables dans le temps, il faut à la fois des systèmes fiscaux bien conçus et des approches efficaces de l'administration des recettes. Au Libéria et au Népal, nous avons constaté que l'utilisation de plusieurs instruments de politique fiscale contribuait à stimuler la collecte des impôts (par exemple, réduire les exonérations fiscales, augmenter les droits d'accise et augmenter le seuil de TVA).
  • Source potentielle. Cibler équitablement les secteurs et domaines à fort potentiel – qui devraient contribuer de manière significative aux recettes fiscales – peut lever des fonds et promouvoir l'équité. Ces secteurs comprenaient le secteur de l'exploitation forestière aux Îles Salomon et la consommation (provenant d'importants envois de fonds) au Népal.
  • Rapide et stratégique. Prendre des mesures de réforme immédiates peut répondre à des besoins urgents et créer une dynamique, tandis qu'une stratégie à moyen terme peut aider à ordonner correctement les mesures de réforme. Les étapes de la réforme, avec des effets immédiats, pourraient inclure la réforme des impôts indirects sur les biens et services, la réduction des exonérations, la création d'un bureau des grands contribuables et l'amélioration des audits fondés sur les risques.
  • Engagement politique et soutien international. Des efforts soutenus de réforme fiscale sur une longue période exigent un engagement politique fort soutenu par les partenaires internationaux. Dans les épisodes que nous avons étudiés, les réformes fiscales ont souvent été menées avec une forte volonté politique – par exemple en facilitant la coordination entre les agences – tandis que le soutien au renforcement des capacités des partenaires internationaux a également joué un rôle essentiel. Il est toutefois important de noter que l'engagement politique est une condition nécessaire mais non suffisante pour réussir une réforme fiscale.

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