Peut-on encore parler de classe sociale aujourdʼhui ?

La question de l’existence des classes sociales dans la société contemporaine

Votre fil d’actualité Facebook est probablement jonché de messages sur la lutte des classes, des photos de familles de la classe moyenne ayant du mal à joindre les deux bouts, et des mèmes acerbes sur les ‘1% les plus riches’. Mais est-ce seulement la réalité d’aujourd’hui, ou juste un vestige nostalgique du vieux discours révolutionnaire ? Dans le contexte mondialisé et hyper-connecté d’aujourd’hui, peut-on encore parler de classe sociale ?

Des classes sociales dans un monde numérique et globalisé

La classe sociale, autrefois illustrée par l’image quintessentielle du «Triangle des classes» avec les pauvres en bas, la classe moyenne au milieu et les riches en haut, semble désormais être une relique de l’époque industrielle plus que jamais. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où un entrepreneur de la Silicon Valley pourrait être milliardaire avant 30 ans tandis qu’un travailleur industriel de 50 ans peut se retrouver au chômage à cause de l’automatisation. Comment alors traduire ce nouvel ordre social avec l’ancien vocabulaire de classes ?

Certaines structures observées traditionnellement peuvent paraître obsolètes, et pourtant, une observation plus approfondie révèle une persistance pernicieuse des disparités de classes. Néanmoins, ces dernières se sont dissimulées sous de nouvelles formes.

Reconfiguration du paysage des classes sociales

Avec l’essor du secteur des services et le déclin de l’industrie, la composition des classes sociales semble avoir changé. Les cols blancs, professions libérales et managers ont pris le relais des ouvriers et employés. Cela étant, sous cette apparente modernité, des inégalités persistent. Une infirmière libérale ou un ouvrier d’une entreprise high-tech ne disposent pas, malgré une apparence de prospérité, des mêmes ressources qu’un entrepreneur de start-up ou un haut cadre en finance.

L’écart grandissant entre les classes sociales

Tout comme à l’époque industrielle, l’argent semble toujours être un grand marqueur de classe. Les revenus et le patrimoine sont deux des principaux facteurs qui contribuent à l’élargissement de l’écart entre les classes sociales. La mobilité sociale, concept même qui a contribué au rêve américain et à la promesse de l’égalité des chances, semble plus illusoire que jamais. Les statistiques montrent que ceux nés pauvres ont plus de chances de rester pauvres, et ceux nés riches ont plus de chances de rester riches.

Economie numérique et nouvelles classes sociales

L’économie numérique a par ailleurs créé de nouvelles formes de disparités. On parle désormais de « travailleurs du clic », des travailleurs précaires exploités par des plateformes numériques qui ont toute latitude pour tailler dans les salaires à leur guise. D’un autre côté, la Silicon Valley a vu l’émergence d’une nouvelle classe de super-riches, ceux que l’on appelle les « tech-bro », jeunes hommes blancs de moins de 35 ans, à la tête d’entreprises valant des milliards de dollars.

Conclusion : des classes sociales toujours présentes

Alors, en revenant à la question initiale, peut-on encore parler de classe sociale aujourd’hui ? Indubitablement, oui. Pourtant, le discours sur l’inexistence des classes sociales persiste, souvent véhiculé par ceux qui sont au sommet de l’échelle sociale, pour qui la promesse de l’égalité des chances est une réalité vécue. Cependant, pour ceux aux échelons inférieurs, cette promesse semble bien lointaine.

Les classes sociales existent bel et bien dans notre monde contemporain, mais elles ont évolué et se sont complexifiées. Elles demeurent le reflet de disparités persistantes et croissantes. Il est donc nécessaire de parler et de comprendre ces classes pour adresser ces inégalités et bâtir une société plus équitable.

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