Une lettre au Père Noël, le G7

Le G7 devrait donner l'exemple de la coopération internationale et donner un signal fort d'unité et de soutien à la zone euro. Ce n'est qu'alors que le coût de la crise sera temporaire et gérable. Ceci est notre lettre au Père Noël. J'espère que certains au moins – si ce n'est tous – de ces souhaits pourront être exaucés.

Depuis que l'épidémie de coronavirus est devenue une pandémie, les marchés ont chuté. L'aversion au risque mondiale a grimpé en flèche, les actifs sûrs sont devenus extrêmement chers et le dollar – et l'or – sont rois. Dans un tel contexte, les banques centrales se sont efforcées de réagir le plus rapidement possible au déluge du marché. Mais l'action ne suffit pas et tous les regards sont tournés vers la réunion du G7.

Aujourd'hui, la coopération internationale est encore plus nécessaire qu'en 2008 pour plusieurs raisons. Premièrement, le choc sur l'économie réelle est forcément plus important, car la pandémie de coronavirus affecte non seulement la demande mais aussi l'offre. Deuxièmement, son impact direct sur les flux de trésorerie des entreprises ainsi que sur les revenus des ménages aggravera la qualité des actifs et la solvabilité des banques à un moment où leurs contraintes réglementaires sont beaucoup plus strictes qu'avant 2008. Troisièmement, au-delà des banques, la partie non bancaire du secteur financier système est devenu énorme et n'a pas d'accès direct à la liquidité de la banque centrale. Quatrièmement, le système financier mondial est encore plus interdépendant que par le passé. En fait, le stock d'investissements directs étrangers et les flux de portefeuille ont continué d'augmenter et nous constatons maintenant d'énormes sorties de capitaux des économies émergentes. Enfin, les actifs risqués sont une classe d'actifs plus importante qu'en 2008, non seulement dans le monde développé avec l'énorme flambée du crédit à haut rendement, mais aussi ceux des économies émergentes et frontalières.

Le marché s'attend à ce que le G7 se réunisse bientôt. Un signal fort de coopération du G7 est absolument nécessaire pour ramener le calme sur les marchés. Aucune banque centrale ni aucun gouvernement ne peuvent à eux seuls pacifier les marchés et maîtriser la crise. En fait, les membres du G7 devraient comprendre que s'ils continuent d'agir au niveau national, comme cela a été le cas au cours des deux dernières semaines, il y a un risque de nivellement par le bas et de politiques de mendiant-voisin. Cela va au-delà des variables financières habituelles jusqu'au matériel sanitaire. L'histoire de CureVec a été un choc pour tous en Europe et dans le monde. Toute entreprise, où qu'elle se trouve, doit bien sûr rendre le vaccin accessible à tous les peuples du monde. Les dirigeants du G7 devraient donc, à juste titre, discuter de la manière de mettre en commun leurs capacités et de travailler ensemble pour, surtout, endiguer la crise sanitaire. Mais au-delà de cela, des mesures économiques audacieuses sont nécessaires.

Premièrement, la coordination de la politique monétaire a été impressionnante mais doit aller au-delà de l'accord actuel sur les lignes de swap. Le manque de liquidité en USD est plus aigu en dehors des États-Unis que sur terre mais les instruments pour injecter de la liquidité sont nationaux. Les swaps de devises ont explosé pour les devises d'Asie-Pacifique et en particulier le dollar australien alors que les banques se démènent pour couvrir leurs besoins de financement en dollars. La liquidité transfrontalière en USD est nécessaire. À cette fin, les lignes de swap existantes que la FED a conservées avec les principales banques centrales depuis la crise financière mondiale (BCE, BoJ, Banque du Canada, Banque d'Angleterre et Banque nationale suisse) doivent être élargies et encore moins chères (il existe une autre 25 points de base supplémentaires qui pourraient être abaissés pour atteindre le Dollar Overnight Index Swap) ainsi que l'extension de la maturité de ces lignes de swap au-delà de ce qui a déjà été annoncé. De plus, les banques centrales des pays émergents ont désespérément besoin de liquidités en dollars que la FED devra étendre, comme ce fut le cas en 2008, mais probablement avec un plus grand nombre de pays. Le FMI a également un rôle important à jouer.

Deuxièmement, les bouleversements sur les marchés des changes augmentent les chances d'un éventuel défaut de paiement des institutions financières. De plus, les fortes fluctuations des marchés pétroliers ne font que rendre cette situation plus dangereuse. En particulier, les institutions financières en dehors du G7 sont vulnérables car elles n'ont pas accès au même type de facilités de refinancement dans une banque centrale mais ont besoin de devises. Dans l'ensemble, une intervention coordonnée sur le forex devrait figurer en bonne place à l'ordre du jour du G7.

Troisièmement, la politique budgétaire devra apporter un soutien majeur à tous les pays du G7. La liquidité et l'action de la banque centrale sont cruciales. Mais cette crise entraînera de réelles pertes dans le secteur des entreprises. Et au fur et à mesure que ces pertes s'accumulent, des défauts se produisent, laissant des dommages durables. Il est donc crucial que les autorités fiscales apportent un soulagement indispensable aux personnes vulnérables et soutiennent l'ensemble du secteur des entreprises, par exemple en prenant en charge une partie des paiements de sécurité sociale que les entreprises paient. Dans de telles situations, il est préférable que le gouvernement assure l'économie. Le coût de cette assurance sera répercuté ultérieurement sur tous les contribuables d'une manière ou d'une autre.

Le G7 devrait donner l'exemple de la coopération internationale et donner un signal fort d'unité et de soutien à la zone euro. Ce n'est qu'alors que le coût de la crise sera temporaire et gérable. Ceci est notre lettre au Père Noël. J'espère que certains au moins – si ce n'est tous – de ces souhaits pourront être exaucés.


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