C’est un fait peu contestable que la législation française a évolué de façon significative au fil du temps en faveur de la protection de l’enfance. Néanmoins, l’éradication du travail des enfants a été un lent processus de réformes, qui s’est étendu sur presque un siècle. L’évolution s’est faite graduellement, en passant par plusieurs lois restrictives avant d’aboutir à une interdiction formelle.
Au cours du XIXe siècle, la révolution industrielle a massivement exploitée la main-d’œuvre enfantine. Les mines, les manufactures et les usines utilisaient des enfants pour leur taille modeste et leur agilité, mais également car ils coûtaient moins cher qu’un travailleur adulte.
Ce n’est qu’en 1841 qu’est promulguée la première loi sur le travail des enfants. Cette loi dite « Loi relative au travail des enfants employés dans les manufactures, usines et ateliers », signée par le Roi Louis-Philippe, restreignait le travail des enfants de moins de huit ans et réglementait le temps de travail pour les enfants âgés de 8 à 16 ans.
Presque dix ans plus tard, en 1850, un décret-loi vient renforcer ces restrictions en imposant un contrôle médical pour les enfants travaillant dans les usines et en augmentant l’âge minimum à 12 ans pour travailler dans les usines de coton, de laine et de soie.
Cependant, ces lois étaient mal appliquées et peu respectées, particulièrement dans les zones rurales où les contrôles étaient quasi-inexistants. De plus, elles ne couvraient que certaines formes de travail et laissaient un grand nombre d’enfants sans protection.
C’est en 1874, sous la Troisième république, que la loi connue sous le nom de « loi Ferry » ou « loi sur le travail des enfants et des filles mineures dans l’industrie » a été adoptée. Cette loi interdisait le travail avant l’âge de 12 ans et limitait le temps de travail pour les mineurs de moins de 16 ans. Elle est notable pour avoir introduit l’enseignement primaire obligatoire pour tous les enfants, garçons et filles, entre 6 et 12 ans.
Ces différentes lois établissaient progressivement un cadre législatif pour la protection de l’enfance, encore faut-il souligner qu’une interdiction complète et formelle du travail des enfants n’a été prononcée qu’au XXe siècle.
C’est en 1901 que la loi a finalement été modifiée pour augmenter l’âge minimum légal pour travailler à 13 ans. Mais la nouvelle législation n’était pas forcément plus efficace dans son application que les lois précédentes. Ce n’est qu’avec la loi de 1906, interdisant le travail avant 12 ans pour les garçons et 13 ans pour les filles, que le gouvernement a commencé à appliquer sérieusement les restrictions sur le travail des enfants, y compris dans le secteur agricole.
Enfin, en 1936, le Front Populaire marque un tournant historique en portant l’âge minimum légal de travail à 14 ans et en instaurant les deux semaines de congés payés. C’est seulement à partir de cette période que la cessation du travail des enfants en France est devenue effective.
Ainsi, le chemin vers l’abolition du travail des enfants en France n’a pas été sans obstacles. Ce fut une lente progression, parsemée de demi-mesures et d’errements, mais qui a finalement réussi à accomplir son objectif.
En jetant un regard en arrière sur cette route sinueuse, il est important de réaffirmer l’importance des droits de l’enfant et de continuer à lutter contre leur exploitation sous toutes ses formes, en France et dans le monde entier.