Depuis près d'un quart de siècle, le taux d'imposition des gains en capital au Canada est resté essentiellement le même, soit 50 pour cent. Mais la situation a changé cette année lorsque le gouvernement fédéral a annoncé, dans son budget actuel, que le nouveau taux d'imposition serait fixé à 66,7 pour cent.
Même si une augmentation de l’impôt sur les plus-values pourrait aider le gouvernement à augmenter ses recettes, elle pourrait décourager l’investissement.
Même si cette mesure pourrait aider le gouvernement à augmenter ses recettes, elle pourrait retarder la reprise économique dont le Canada a besoin en décourageant temporairement les investissements.
La raison de cette augmentation des impôts est simple : le gouvernement a besoin d’argent. Il fait face à un déficit de 40 milliards de dollars pour l’exercice en cours.
La taxe s'applique à toutes les ventes de biens en capital par des sociétés et la plupart des fiducies, ainsi qu'aux gains en capital des contribuables individuels, des successions à taux progressifs et des fiducies pour personnes handicapées admissibles qui dépassent un seuil annuel de 250 000 $. La taxe est entrée en vigueur le 25 juin, mais la date d'entrée en vigueur et le texte législatif final sont susceptibles d'être modifiés en attendant l'achèvement du processus législatif.
Découvrez d’autres réflexions de RSM Canada sur l’économie et le marché intermédiaire.
En fin de compte, l’augmentation du taux a relancé le débat sur l’impôt sur les plus-values et son rôle dans la promotion de la croissance économique et la génération de recettes pour le gouvernement.
Les opposants à cette taxe estiment que deux années de taux d'intérêt élevés ont freiné l'appétit pour les investissements et ralenti l'économie, rendant l'augmentation de l'impôt sur les plus-values et son effet sur la croissance inopportun. Mais les partisans de cette augmentation soulignent le déficit budgétaire croissant du gouvernement et la nécessité de générer davantage de recettes.
Impact économique
L'un des objectifs de la loi était d'augmenter les recettes fiscales en encourageant les entreprises et les particuliers à vendre leurs actifs et à réaliser leurs gains en capital entre avril et le 10 juin, sous le taux d'imposition réduit, plutôt que de continuer à attendre. Grâce à cette disposition, le gouvernement espérait générer plusieurs milliards de dollars supplémentaires en impôts pour contribuer à réduire le déficit.
À plus long terme, le gouvernement espère augmenter ses recettes grâce à un taux d'imposition plus élevé. Le gouvernement a déclaré que ce taux plus élevé augmenterait les recettes de 19,4 milliards de dollars sur cinq ans et améliorerait l'équité fiscale en ciblant les grandes entreprises et les particuliers les plus riches.
Après tout, les dépenses publiques ont augmenté alors que l’économie ralentissait.
L’expansion des services sociaux, comme les subventions pour passer à des garderies à 10 dollars par jour ou l’augmentation du financement des soins de santé, est essentielle au fonctionnement de la société et de l’économie. Mais ces programmes coûtent de l’argent, et l’inflation a fait augmenter les coûts dans toute l’économie, des infrastructures aux salaires.
Il faut également tenir compte des taux d’intérêt restrictifs. Les entreprises et les ménages ont ressenti les effets de la hausse des coûts sous la forme de paiements d’intérêts plus élevés sur les prêts commerciaux ou les prêts hypothécaires, tout comme le gouvernement, qui doit payer des intérêts plus élevés sur ses dettes en raison de taux d’intérêt élevés.
En adoptant ce plan, le gouvernement considère que l’augmentation du taux d’inclusion des plus-values n’est pas susceptible de nuire de manière significative à la productivité, déjà en baisse, et aux investissements.
Les données historiques corroborent ce point de vue : au cours des années 1990, le taux d’inclusion des gains en capital était de 75 %, mais l’innovation et les investissements ont prospéré et étaient plus élevés qu’après l’an 2000, où le taux d’inclusion était inférieur à 50 %.
Les décisions d’investissement des entreprises sont influencées par les taux d’imposition, les taux d’intérêt, la croissance attendue, l’environnement réglementaire et la stabilité économique. Si les impôts sont un élément à prendre en compte, ils ne constituent qu’une pièce du puzzle.
Cependant, l'économie canadienne traverse une période difficile à court terme. La croissance économique a été faible cette année, car la politique monétaire restrictive a limité les dépenses et les investissements.
L’augmentation des investissements est nécessaire à la reprise économique, et un cycle de baisse des taux pourrait faciliter cette reprise. Cependant, l’augmentation du taux d’inclusion de l’impôt sur les plus-values pourrait dissuader certaines entreprises d’investir à court terme.
Il n’est pas certain non plus que les 20 milliards de dollars supplémentaires de recettes fiscales seront réalisés. Les entreprises et les investisseurs pourraient déplacer leurs investissements à l’étranger pour éviter des impôts plus élevés, ce qui compromettrait l’objectif de génération de recettes. Si l’amélioration de l’équité en taxant les individus les plus riches est un objectif, ces individus ont souvent le plus de moyens de transférer leurs investissements à l’étranger.
Une alternative
Une approche potentiellement plus efficace pour améliorer l’équité et augmenter les recettes fiscales serait de s’attaquer à l’évasion fiscale à l’étranger. L’Agence du revenu du Canada estime que le gouvernement pourrait perdre des milliards de dollars par an en raison des investissements à l’étranger. En mettant l’accent sur l’élimination de ces échappatoires fiscales, on pourrait obtenir une augmentation des recettes fiscales plus stable et plus équitable.