Biden, l’Iran et le prince héritier

Prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane


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bandar al-jaloud/Agence France-Presse/Getty Images

Le président Biden se rend en Arabie saoudite ce week-end pour rencontrer des dirigeants arabes du Golfe, dont le prince héritier saoudien qu’il avait autrefois juré d’isoler. La gauche américaine donne du chagrin au président pour sa rencontre avec Mohammed ben Salmane, l’ancien « paria », mais la realpolitik a ses exigences. Les États-Unis ont besoin d’une meilleure relation avec les Saoudiens pour la sécurité régionale autant que pour le pétrole.

Jusqu’à présent, le voyage s’avère être une bonne nouvelle à plus d’un titre. Lors de son escale en Israël, M. Biden a peu montré l’hostilité envers l’État juif qui a tant marqué le mandat du président Obama. M. Obama et son secrétaire d’État, John Kerry, ont gaspillé des années et du capital politique à essayer de forcer une solution palestino-israélienne qui n’avait aucune chance de se produire tant que le Hamas et d’autres radicaux jurent de détruire Israël. La Maison Blanche Biden ne perd pas espoir, mais elle a d’autres priorités.

L’un d’entre eux, croyez-le ou non, semble s’appuyer sur les accords d’Abraham de 2020 de Donald Trump qui ont marqué une percée dans les relations diplomatiques entre Israël et certains États arabes. L’Arabie saoudite n’a pas adhéré aux accords, mais les événements vont dans ce sens. Israël a approuvé jeudi un accord diplomatique sur deux îles de la mer Rouge qui pourrait ouvrir la voie à la normalisation des relations saoudo-israéliennes. L’équipe Biden a à son crédit joué discrètement un rôle dans les pourparlers.

La visite saoudienne sera une affaire plus délicate. Le président doit défendre sa rencontre avec le prince héritier, connu sous le nom de MBS, malgré ce que la CIA dit être sa complicité dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. M. Biden a tenté de punir MBS lors de son entrée en fonction, en mettant fin au soutien à la guerre saoudienne au Yémen, en arrêtant une vente d’armes et en lançant de nouvelles discussions avec des adversaires saoudiens en Iran sur un accord nucléaire.

Maintenant, il doit récupérer la majeure partie de cela alors qu’il supplie les Saoudiens d’augmenter la production de pétrole. L’Arabie saoudite est l’un des rares pays à disposer d’une capacité de production excédentaire, mais pas suffisante pour provoquer une forte baisse du prix du pétrole qui est maintenant d’environ 96 dollars le baril. Les fournisseurs mondiaux de pétrole de réserve ces jours-ci sont les Saoudiens, l’Iran et le Venezuela, et les Saoudiens sont Saint François d’Assise dans cette foule.

L’autre pays qui pourrait produire plus ? Les États Unis. M. Biden n’aurait pas besoin de supplier MBS s’il abandonnait ses obsessions climatiques et libérait la production pétrolière américaine. Comme elle l’a fait avec les Saoudiens, l’équipe Biden est arrivée au pouvoir en 2021 dans le but de transformer l’industrie pétrolière et gazière américaine en paria.

C’était une erreur de jugement catastrophique – économiquement pour les prix de l’énergie, stratégiquement pour la vulnérabilité de l’Europe à Vladimir Poutine et politiquement pour les démocrates face à des électeurs en colère en novembre. Si M. Biden peut rencontrer face à face MBS, pourquoi ne pas faire de même avec les dirigeants américains du pétrole et du gaz et leur promettre de nouveaux baux sur et en mer, des permis plus rapides et la fin de la guerre réglementaire contre les pipelines et l’approvisionnement en capitaux ?

Dans les pourparlers privés en Israël et en Arabie saoudite, le gros problème est le rêve continu de M. Biden d’un nouvel accord nucléaire avec l’Iran. Ses diplomates font des concessions depuis 18 mois sans résultat positif. Les Saoudiens et les Israéliens comprennent tous deux que Téhéran ne cessera de chercher une bombe avec ou sans nouvel accord, et ils se méfient des nouvelles concessions américaines qui donneraient à l’Iran des dizaines de milliards de dollars pour financer davantage de terrorisme dans la région.

Le moyen le plus rapide d’améliorer les relations avec les Saoudiens et les autres Arabes du Golfe est de mettre fin à la danse diplomatique avec l’Iran et de revenir à la campagne de pression maximale de M. Trump. Nous ne nous attendons pas à cela, mais M. Biden a encore deux longues années et demie à sa présidence. Ils iront mieux pour lui et les intérêts américains s’il fait plus de concessions à la réalité en cours de route.

Wonder Land: Alors que d’anciens professionnels du PGA Tour suivent l’argent jusqu’à LIV, la nouvelle ligue de golf saoudienne fait parler le sport de scandale, de déshonneur et de meurtre. Images : AP/AFP/Getty Images/Reuters Composite : Mark Kelly

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Paru dans l’édition imprimée du 15 juillet 2022.

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