Construire la route vers des pâturages plus verts

Comment le G20 peut soutenir la reprise avec des investissements durables dans les infrastructures locales.

Nous devons notre gratitude à Suman Bery, Nicola Bilotta, Maria Demertzis, Alberto Franco Pozzolo, Simone Tagliapietra, Guntram Wolff et Georg Zachmann pour leurs contributions et commentaires, ainsi qu’à Alma Kurtovic pour son excellente gestion de ce projet. Nous tenons également à remercier le ministère italien des Finances et de l’Économie et les membres du Groupe de travail sur les infrastructures du G20 pour leurs précieux commentaires sur notre recherche.

Les conséquences économiques du COVID-19 ont accru le besoin d’investissements substantiels dans les infrastructures pour soutenir la reprise mondiale. Ce rapport recommande que l’accent soit mis, en particulier, sur l’investissement durable pour aider à atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris et pour éviter que davantage de capitaux ne soient bloqués alors que les politiques climatiques se durcissent au cours des prochaines décennies. Les infrastructures locales, qui représentent la plupart des besoins en infrastructures durables, devraient être un domaine cible majeur. S’appuyant sur les principes du G20 pour les infrastructures de qualité, ce rapport examine le rôle que ces différents aspects des infrastructures à prédominance locale pourraient jouer dans la décarbonisation des économies du G20.

La crise économique résultant de COVID-19 a conduit les économies du G20 à débloquer d’énormes volumes de soutien budgétaire. Ce soutien a eu tendance à privilégier la protection des structures économiques existantes. Alors que les mesures de soutien se transforment en mesures de relance budgétaire, les gouvernements du G20 doivent tenir compte de l’impact structurel que ces mesures auront sur la croissance économique à long terme. La nécessité d’une relance budgétaire dans la reprise offre une opportunité unique pour une stratégie d’infrastructure durable visant à transformer les économies du G20 en économies adaptées aux défis et aux changements du XXIe siècle.

Le « déficit d’infrastructure » mondial en termes d’investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable a été estimé entre 7 000 et 8 000 milliards de dollars par an (Bhattacharya et al, 2019 ; OCDE, 2017). Les domaines prioritaires pour les investissements dans les infrastructures durables sont l’énergie, les transports, l’eau et l’assainissement, et le secteur des télécommunications/numérique. Environ 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) proviennent de la construction, du développement et de l’exploitation d’infrastructures dans les secteurs de l’énergie, des bâtiments et des transports. Nous exposons les principes généraux d’action urgente que les économies du G20 devraient prendre, tout en étant conscients du fait que les « responsabilités communes mais différenciées » constituent la pierre angulaire des négociations de la CCNUCC qui ont abouti à l’Accord de Paris de 2015.

Dans le secteur de l’électricité, les principales priorités consistent à arrêter le déploiement de nouvelles centrales électriques au charbon et à se concentrer sur les infrastructures habilitantes telles que les réseaux électriques, qui doivent devenir plus flexibles afin qu’ils puissent intégrer la production d’électricité décentralisée. Dans le secteur du bâtiment, de nombreuses économies du G20 sont confrontées au défi de remanier leur parc immobilier pour introduire de nouvelles sources d’énergie propre tout en améliorant l’efficacité énergétique. L’investissement dans les bâtiments doit également prendre en compte le changement climatique et ses implications en termes de résilience nécessaire.
En mobilité, il faut sortir du modèle actuel des véhicules particuliers polluants pour décarboner le secteur. Le déploiement des infrastructures devrait se concentrer sur des stations de recharge propres, des réseaux de transports publics améliorés et des itinéraires pédestres et cyclables. De plus en plus, l’accès à l’Internet haut débit et le déploiement d’autres infrastructures numériques sont nécessaires pour une croissance économique soutenue. Des efforts sont encore nécessaires pour améliorer l’élimination et le recyclage des déchets solides et des eaux usées, qui contribuent tous deux aux émissions de gaz à effet de serre et à la pollution locale.

Les discussions sur les infrastructures durables se concentrent normalement sur l’utilisation finale. Ce rapport préconise plutôt une approche axée sur le cycle de vie pour évaluer la durabilité des infrastructures. Cela doit commencer par s’attaquer aux émissions importantes de GES associées aux matériaux de construction de base. Un certain nombre de difficultés liées à la décarbonation de la production d’acier, d’aluminium et de ciment rendent impératif la collaboration du G20 pour soutenir les options bas carbone.

Pour combler le déficit d’investissement de plusieurs milliards de dollars, de nouvelles sources de financement doivent être trouvées. L’investissement public peut fournir une partie de l’infrastructure requise, mais la mobilisation de fonds privés sera cruciale pour atteindre des niveaux suffisamment élevés d’investissement dans l’infrastructure. Le marché financier actuel, avec une combinaison d’épargne excédentaire et de taux d’intérêt bas, présente une opportunité idéale pour le faire.
Cependant, un certain nombre de barrières continuent de bloquer ces flux, notamment vers les projets locaux. Les gouvernements locaux ont du mal à accéder au financement privé, tandis que les investisseurs privés ont souvent du mal à investir en raison du manque d’opportunités d’infrastructure de taille et de qualité suffisantes. Un dernier obstacle à l’investissement privé est le risque élevé associé aux projets d’infrastructure locaux. Les projets d’infrastructure sont généralement à long terme, impliquant une planification, une préparation et une construction substantielles et coûteuses, tandis que les dépassements de coûts et les retards sont omniprésents.

Les banques de développement nationales et internationales jouent et doivent continuer à jouer un rôle essentiel dans la résolution de ces problèmes. Les banques de développement sont dans une position idéale pour évaluer les risques des projets et mettre en œuvre simultanément les meilleures pratiques de gestion. Leur implication dans un projet peut réduire le coût de financement pour l’emprunteur, en particulier lorsque le secteur public est prêt à assumer le plus grand risque de financement. Cela rendrait les projets plus attractifs pour les investisseurs privés.

Les gouvernements nationaux peuvent jouer un rôle central dans l’attraction des investissements du secteur privé en assurant un environnement d’investissement favorable et favorable. Cela implique de s’attaquer aux obstacles macroéconomiques et aux éléments spécifiques au projet, tels que le risque de retards de construction, de dépassement de coûts et de non-achèvement du projet.

L’établissement d’une stratégie d’infrastructure durable et locale n’est pas sans défis, mais offre des avantages économiques importants. Un effort coordonné des économies du G20 pour poursuivre les approches décrites dans ce rapport, en s’appuyant sur les engagements antérieurs du G20, peut étayer des stratégies économiques durables pour une reprise économique réussie à la suite de COVID-19. Le rapport se termine par quelques recommandations au G20 :

  • Placer la durabilité climatique au cœur de l’agenda des infrastructures ;
  • Les plans de durabilité doivent démarrer localement ;
  • Améliorer l’accès au financement pour les projets bas carbone ;
  • Résoudre la pénurie de projets d’infrastructure bancables ;
  • S’engager à soutenir les banques de développement bilatérales et multilatérales ;
  • Stimuler la demande de matériaux industriels bas carbone ;
  • Améliorer la coopération au sein du G20 ;
  • Concentrez-vous sur la durabilité de l’infrastructure du cycle de vie.

Ce document a été préparé pour la réunion des ministres des Finances du G20 et des gouverneurs des banques centrales (FMCBG) sur 9 et 10 juillet 2021.

Vous pourriez également aimer...