Il est temps d’augmenter le seuil de pauvreté en Inde

Le moment est venu pour l’Inde de relever son seuil de pauvreté du seuil de pauvreté extrême existant de 1,90 $ par personne et par jour au seuil de pauvreté du revenu moyen inférieur (LMI) de 3,20 $, un niveau supérieur d’environ 68 %. Cela peut sembler étrange d’aspirer à ce qui n’est même pas la première année post-pandémie, mais c’est le principal message qui ressort de notre récent document de travail du FMI « Pandémie, pauvreté et inégalité : témoignages de l’Inde.”

Personne ne devrait être surpris de ce besoin d’un seuil de pauvreté plus élevé. La croissance du PIB par habitant en Inde a été en moyenne de 3,5 % par an pendant vingt ans, de 1983 à 2003. En 2004, le seuil de pauvreté officiel a été relevé de 18 %, alors que le ratio de dénombrement (HCR) était de 27,5 %. Une croissance rapide (5,3 % par an) et une méthode améliorée de mesure de la consommation (la période de rappel mixte modifiée (MMRP) plutôt que la période de rappel uniforme (URP)), ont permis au HCR d’atteindre les adolescents les plus bas en 2011-2012. Le seuil de pauvreté aurait dû être relevé alors, car Bhalla (2010) argumenté. La plupart des pays passent du concept de pauvreté absolue à la pauvreté relative à mesure qu’ils s’enrichissent, et l’Inde devrait faire de même. Pauvreté relativesujet à un petit débatest principalement choisi pour signifier un niveau de HCR d’environ un quart ou un tiers de la population. Ainsi, le seuil de pauvreté de 1,90 $ était déjà trop bas en 2011-2012 et est extrêmement bas aujourd’hui.

Le HCR du seuil de pauvreté de 1,90 dollar (figure 1) a fortement diminué depuis 2004, passant d’environ un tiers de la population en 2004 à moins de 1,5 % en 2019. Ces chiffres sont inférieurs à ceux indiqués dans la base de données Povcal de la Banque mondiale, la source la plus couramment utilisée, car Povcal ne corrige pas la période de rappel uniforme trompeuse utilisée ou la fourniture de subventions alimentaires.

Figure 1. Le taux de pauvreté en Inde a fortement baissé à partir de 2004

Graphique du taux de pauvreté en Inde

Source : données du MMRP du NSS 2011-2012 ; taux de croissance des dépenses de consommation finale privée (PFCE) pour les estimations de la consommation mensuelle par habitant ; calculs des auteurs.

Selon nos estimations, au cours de l’année pré-pandémique 2019, l’extrême pauvreté était déjà inférieure à 1 % et malgré la récession économique importante en Inde en 2020, nous pensons que l’impact sur la pauvreté a été faible. En effet, nous estimons la pauvreté (HCR) après avoir intégré les avantages des subventions alimentaires en nature (blé et riz) pour environ 800 millions de personnes (75 % de résidents ruraux et 50 % de résidents urbains). Cette subvention alimentaire n’était pas minime et a atteint près de 14 % du seuil de pauvreté pour le bénéficiaire moyen de la subvention (figure 2) en 2020. Cela a été suffisant pour contenir toute augmentation de la pauvreté, même au cours de l’année pandémique 2020.

Figure 2. Les subventions alimentaires ont contenu toute augmentation de la pauvreté

Les subventions alimentaires ont contenu toute augmentation du graphique de la pauvreté

Source : données du MMRP du NSS 2011-2012 ; taux de croissance des dépenses de consommation finale privée (PFCE) pour les estimations de la consommation mensuelle par habitant ; Seuil de pauvreté indien très proche de 1,9 $ PPA par habitant et par mois ; calculs des auteurs.

Une caractéristique notable de la réponse à la pandémie a été la fourniture gratuite de 5 kilogrammes supplémentaires de blé ou de riz par personne et par mois via le Pradhan Mantri Garib Kalyan Yojana (PMGKY) programme plus 1 kg de légumes secs. Cela s’ajoutait aux transferts alimentaires existants de 5 kg par habitant et par mois de blé ou de riz à des prix subventionnés. Le total des céréales alimentaires subventionnées en 2020 s’élevait donc à 10 kg, ce qui correspond au niveau moyen de consommation alimentaire (blé et riz) par habitant des citoyens indiens au cours de la dernière trois decennies.

La subvention alimentaire supplémentaire était une pandémie-réponse centrée. Nous supposons qu’une étude comparative entre pays pourrait montrer que cette réponse politique a peut-être été la plus efficace au monde. Par conséquent, l’expérience indienne peut fournir des leçons aux pays individuels et aux agences multilatérales concernées par une redistribution efficace des revenus.

La dernière enquête officielle sur la consommation (la base de la mesure de la pauvreté) en Inde remonte à 2011-12. L’enquête suivante menée en 2017-18 des résultats générés qui n’ont pas été officiellement publiés, au motif que les données n’étaient pas d’une qualité acceptable. Notre article a une discussion approfondie sur la validité des preuves concernant cette décision controversée où nous concluons que les données ne sont en effet pas fiables et d’une qualité extrêmement discutable et ne devraient donc pas être publiées. Une étude très récente de la Banque mondiale d’avril 2022 par Edochie et. Al. suggère un support pour notre conclusion et notre inférence.

Notre article présente une série chronologique cohérente de la pauvreté et des inégalités (réelles) en Inde pour chacune des années 2004-2020. Notre estimation des inégalités réelles (graphique 3) montre que les inégalités de consommation ont également diminué et, en 2020, sont très proches du niveau historique le plus bas de 0,28. Les tendances de la pauvreté et des inégalités peuvent être émotives, controversées et déroutantes. L’inégalité de consommation est inférieure à l’inégalité de revenu, elle-même inférieure à l’inégalité de richesse. Et chacun peut montrer des tendances différentes. Les niveaux et les tendances sont différents, et l’utilisation mélangée devrait porter un avertissement à ce sujet lors de la discussion sur « l’inégalité ».

Graphique 3. Les inégalités de consommation en Inde ont diminué

Les inégalités de consommation en Inde ont diminué graphiquement

Source : données du MMRP du NSS 2011-2012 ; taux de croissance des dépenses de consommation finale privée (PFCE) pour les estimations de la consommation mensuelle par habitant ; calculs des auteurs.

Nos résultats sont différents de la plupart des commentaires et analyses de la pauvreté en Inde. Toutes les estimations sont faites en l’absence d’enquête officielle post-2011-12. Une grande partie de l’explication de la différence dans les résultats est due à des différences de définition. Notre article plaide en faveur de l’acceptation de la officiel définition de la consommation (acceptée par la plupart des pays et également recommandée par la Banque mondiale) ; elle doit être mesurée selon la classification de la consommation selon la nature du bien ou du service consommé. Il s’agit de la méthode MMRP pour obtenir les dépenses de consommation. Le gouvernement indien a officiellement adopté cette méthode, et l’enquête « malheureuse » mentionnée ci-dessus de 2017-2018 était la première fois que l’Organisation statistique nationale mesurait exclusivement la consommation (et la pauvreté) selon la définition du MMRP.

Cependant, de nombreuses études continuent de s’appuyer sur la méthode désormais obsolète de la période de référence uniforme (URP ou rappel de 30 jours pour tous les éléments). Par exemple, un très récent Étude de la Banque mondiale a estimé le HCR à environ 10 % en 2019 ; il utilise la définition obsolète (URP) de la consommation et ne tient pas compte des subventions alimentaires. Incidemment, tant en 2009-10 qu’en 2011-12, les estimations de la pauvreté de l’URP et du MMRP ont divergé d’environ 10 points de pourcentage, tout comme leurs estimations respectives de la consommation moyenne. Ainsi, étant donné l’ampleur approximative des différences de définition observées à la fois en 2009-10 et 2011-12 et en tenant compte des ajustements nécessaires pour les subventions alimentaires, l’estimation de la pauvreté de la Banque mondiale pour 2019 est susceptible d’être très proche de notre estimation.

La croissance inclusive est un objectif politique très pertinent pour toutes les économies. Avec le reflux de la pandémie et la croissance attendue du FMI pour l’Inde qui rebondit très fortement pendant trois années consécutives de 2021 à 23, les décideurs indiens seront bientôt confrontés à un choix politiquecombien de temps doivent-ils conserver la subvention supplémentaire PMGKY ? Cette question fait partie d’une énorme réussite en matière de réduction de la pauvreté. En outre, une autre question concerne la question de savoir si les politiques devraient s’orienter vers des transferts monétaires ciblés au lieu de céréales alimentaires subventionnées.

Dans le passé, l’argument clé en faveur d’un changement de politique vers les transferts monétaires était de réduire les fuites, mais nos résultats indiquent que les fuites ont été considérablement réduites au cours de la dernière décennie, même dans le cadre du programme de transferts alimentaires en nature. En fait, le récent programme de transfert de nourriture a été une intervention très réussie, en particulier pendant la pandémie, lorsque les chaînes d’approvisionnement se sont rompues et qu’il y avait une incertitude accrue. Dans des circonstances normales, les transferts monétaires sont susceptibles d’être plus efficaces et ils conservent globalement les mêmes résultats allocatifs que les transferts alimentaires. Le débat devrait donc maintenant porter sur les compromis d’efficacité associés à l’utilisation de transferts en nature ou en espèces comme principal instrument de réduction de la pauvreté.

Ces débats sont significatifs compte tenu de l’amélioration du ciblage des transferts et s’inscrivent dans l’objectif de construire une architecture moderne de la sécurité sociale dans les pays en développement.

En accumulant toutes les preuves, la conclusion solide de notre travail est que la politique indienne a effectivement généré à la fois la croissance et l’inclusion, et dans un sens fondamental, a fidèlement suivi le principe rawlsien du maximinmaximiser le bien-être des plus pauvres.

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