La seule solution miracle à la crise des prix de l’énergie en Europe est d’économiser l’énergie

La seule chose que l’Europe puisse faire rapidement pour éviter un hiver potentiellement difficile est de promouvoir activement les économies d’énergie dans les secteurs résidentiel et industriel.

Cet article a été initialement publié dans Euractiv.

Face à la flambée des prix de l’énergie, les gouvernements européens tentent de protéger les ménages vulnérables et les petites entreprises avec des réductions d’impôts, des plafonds de prix ou des rabais.

Ces interventions gouvernementales temporaires sont conçues pour protéger les ménages les plus vulnérables des flambées des prix de l’énergie et garantir que la reprise économique en cours ne soit pas entravée par le choc.

Cependant, si la crise de l’approvisionnement continue de s’aggraver ou si les températures hivernales baissent plus bas que d’habitude, le problème ne sera pas celui des consommateurs qui paient des prix élevés, mais l’insuffisance de l’approvisionnement énergétique. Si, en raison d’une aggravation du déséquilibre, les prix de gros augmentent encore, les subventions à l’énergie dans certains pays deviendront insoutenables pour les finances publiques.

La seule issue à ce dilemme est d’assouplir l’équilibre offre-demande d’énergie. Mais, du côté de l’offre, l’Europe ne peut pas faire grand-chose. Des solutions possibles à court terme, telles que céder aux demandes (présumées) russes d’ouvrir les robinets du gaz naturel ou de permettre aux centrales nucléaires allemandes de continuer à fonctionner au-delà de leur élimination progressive en 2021, saperont la confiance dans la stabilité des engagements de politique énergétique – augmentation des coûts des futurs investissements massifs dont l’Europe a besoin pour sa transition énergétique.

Ainsi, la seule chose que l’Europe puisse faire rapidement pour éviter un hiver potentiellement difficile est de promouvoir activement les économies d’énergie dans les secteurs résidentiel et industriel.

Dans le secteur résidentiel, la conservation de l’énergie peut être encouragée soit par des politiques de contrôle et de contrôle, soit par des incitations économiques.

Dans le premier cas, les bâtiments publics et privés pourraient être obligés de baisser leur thermostat d’un degré pendant l’hiver pour économiser du carburant sans compromettre le confort.

Dans le second cas, les gouvernements européens pourraient envisager de redonner de l’argent aux ménages en « les payant pour épargner ». C’est-à-dire que les ménages pourraient obtenir un paiement en fonction de leur demande d’énergie de 2021 par rapport à leur demande d’énergie de 2020. Comme toutes les autres approches, celle-ci ne serait pas parfaite, mais l’essentiel est que les incitations soient bonnes. Les économies d’énergie sont payantes. La charge administrative devrait être gérable, car il suffirait de payer cette « prime d’économie » au printemps car généralement, les factures d’énergie ne sautent pas immédiatement. Mais les gouvernements doivent l’annoncer maintenant et éventuellement le combiner avec une campagne comportementale. Cela devrait mettre en évidence les méthodes de réduction de la consommation d’énergie qui ne réduisent pas le bien-être, telles que l’extinction des lumières, la fermeture des rideaux et la prise de douches chaudes plus courtes.

Dans le secteur industriel, les industriels – et plus particulièrement les grands énergivores – pourraient être amenés à évaluer leurs plans de production pour l’hiver et éventuellement envisager des fermetures temporaires qui protégeraient en tout cas les marges en réduisant les dépenses énergétiques et en voyant le prix des leurs produits augmentent.

Les gouvernements pourraient envisager de soutenir une telle réponse de la demande en compensant une partie du coût de la main-d’œuvre que les entreprises qui décident de réduire la production à forte intensité énergétique encourent.

Si les gouvernements européens subventionnent la consommation d’énergie cet hiver et que l’offre reste inélastique, les consommateurs européens se feront concurrence pour une offre limitée, feront monter les prix et enrichiront les fournisseurs. Il est donc urgent de réfléchir à la manière de tirer parti de la réponse à la demande.

Cela permettrait non seulement à l’Europe de mieux naviguer dans ce qui s’annonce comme un hiver difficile mais aussi de profiter de la crise pour introduire des effets éventuellement durables en termes de demande-réponse. Celles-ci sont importantes, compte tenu du rôle important de ces mesures dans la réduction des investissements nécessaires pour atteindre les objectifs du Green Deal européen.


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