La transition énergétique juste de l’Afrique pourrait améliorer les résultats en matière de santé

Prospective Afrique 2022La transition de quelque 900 millions d’Africains des combustibles issus de la biomasse vers des options plus abordables et respectueuses de l’environnement au cours de l’année prochaine pourrait aider à prévenir la mort de millions d’Africains (en particulier des femmes et des enfants), favoriser la stabilité sociale et débloquer une productivité importante sur le marché du travail. Chaque année, la pollution de l’air causée par les technologies de cuisson au bois et au charbon dangereuses pour l’environnement entraîne des maladies respiratoires, des complications natales, des maladies cardiaques et des décès prématurés d’enfants. À l’échelle mondiale, cette pollution représente près de 60 % des émissions de carbone noir, qui s’élèvent à une gigatonne de dioxyde de carbone par an. Les efforts concertés au cours de la dernière décennie n’ont pas réussi à réduire sensiblement l’utilisation des biocarburants sur le continent, en partie parce que la plupart des ménages n’ont pas encore accès à des options viables pour les technologies propres ou ne se les sont pas encore offertes. (Pour en savoir plus sur les stratégies de lutte contre les moteurs et les impacts du changement climatique, voir le chapitre 4).

L’adoption de combustibles de cuisson moins polluants à travers l’Afrique réduira les coûts financiers, environnementaux et sociaux imposés par les maladies fréquentes et les décès prématurés résultant de l’utilisation de combustibles issus de la biomasse. Les recherches indiquent que l’inhalation de fumée provenant de la cuisson à l’intérieur et à l’extérieur avec de tels combustibles polluants cause entre 1,6 million et 3 millions de décès d’enfants africains chaque année. Ces mauvais résultats en matière de santé imposent en outre un fardeau socio-économique substantiel aux familles. La figure 2.9 illustre comment le bois et le charbon de bois fournissent du combustible de cuisine pour près des trois quarts des ménages africains.

Sources de combustible de cuisson en Afrique, certains pays

Les impacts de ces carburants se font également sentir sur l’économie et la main-d’œuvre locales. En moyenne, les femmes africaines passent 20 heures par semaine à ramasser du bois de chauffage et jusqu’à 4 heures par jour à cuisiner sur des fourneaux traditionnels. L’adoption de combustibles de cuisson plus propres et plus efficaces libérera cet important segment de la main-d’œuvre africaine pour qu’il puisse s’engager dans une activité économique, ce qui rendra les ménages plus susceptibles de pouvoir se permettre des combustibles et des technologies plus propres. En outre, l’amélioration des résultats sanitaires permettra aux ménages d’économiser de l’argent et facilitera un plus grand investissement dans le capital humain. Sur le plan environnemental, on estime que le biocombustible est responsable de la déforestation de 2 millions d’hectares par an, soit deux fois la taille de la Gambie.

Les ménages africains doivent pouvoir se permettre des sources de combustibles alternatives, un fait mis en évidence par la pandémie de COVID-19, qui a poussé quelque 100 millions d’Africains à utiliser du bois et du charbon parce qu’ils ne pouvaient plus se permettre des options d’énergie propre.

Alors que les pays africains ont renouvelé leur engagement à passer des combustibles de cuisine polluants lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), ils ont été résolus dans leur appel à une transition énergétique abordable. Les ménages africains doivent pouvoir se permettre des sources de combustibles alternatives, un fait mis en évidence par la pandémie de COVID-19, qui a poussé quelque 100 millions d’Africains à utiliser du bois et du charbon parce qu’ils ne pouvaient plus se permettre des options d’énergie propre. L’abordabilité est une variable importante dans ce contexte, car les taux de mortalité les plus élevés dus à la pollution par les combustibles de cuisson se produisent dans les pays africains les plus pauvres. De plus, à court et moyen termes, la transition doit être fondée sur l’avantage comparatif de l’Afrique. Un pivot vers le gaz naturel répondrait à ces exigences.

Des recherches récentes de l’Université de Liverpool suggèrent que des interventions réalisables du côté de l’offre, comme la réduction de la distance jusqu’aux points de vente au détail de gaz naturel liquéfié (GNL) et l’amélioration de l’accès à des poêles multi-brûleurs abordables, pourraient accroître l’utilisation jusqu’à 58 % des ménages d’ici 2030. De plus, la combinaison de revenus croissants, d’une population plus férue de technologie et d’une urbanisation croissante suggère un marché croissant pour des solutions de cuisson plus propres. Les investissements en capital dans ce secteur ne deviendront pas des «actifs bloqués» pour deux raisons. Premièrement, la croissance quantitative et qualitative des marchés domestiques est de bon augure pour la rentabilité. Deuxièmement, tout investissement aurait été entièrement amorti d’ici 2050. L’abandon des combustibles de cuisson à base de biomasse permettra au continent d’investir dans la technologie et les infrastructures qui faciliteront l’adoption de sources de combustibles encore plus propres à l’avenir.

L’abordabilité est une variable importante dans ce contexte, car les taux de mortalité les plus élevés dus à la pollution par les combustibles de cuisson se produisent dans les pays africains les plus pauvres.

La transition énergétique juste de l’Afrique est un impératif urgent ; ce n’est plus une option. Les gouvernements africains et leurs partenaires de développement doivent intensifier leurs efforts pour fournir les bonnes incitations parallèlement à un écosystème réglementaire propice pour accélérer cette transition. Par le biais de sa Promesse climatique, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s’est engagé à travailler avec les gouvernements et les communautés locales pour accroître l’accès à une énergie propre et abordable pour 500 millions d’Africains. Une attention urgente doit également être accordée aux mécanismes de financement innovants. Le financement mixte pourrait aider à réduire les risques du capital requis pour les investissements à plus long terme dans l’infrastructure nécessaire pour fournir un accès au GNL aux ménages, en particulier ceux des régions éloignées. Les incitations devraient également être étendues aux petites et moyennes entreprises locales afin qu’elles puissent fournir la technologie et les produits nécessaires pour soutenir la transition énergétique juste de l’Afrique au niveau des ménages.

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