Le message de la protestation des camionneurs du Canada

Les partisans du convoi de camionneurs contre le mandat du vaccin Covid-19 bloquent la circulation dans les voies en direction du Canada du poste frontalier du pont Ambassador à Windsor, en Ontario, le 8 février.


Photo:

Geoff Robins/Agence France-Presse/Getty Images

Les camionneurs canadiens opposés à un mandat de vaccination Covid-19 ont utilisé leurs plates-formes lundi pour bloquer le pont Ambassador reliant Windsor, en Ontario, et Detroit, le poste frontalier terrestre international le plus achalandé en Amérique du Nord.

Ce dernier acte d’une manifestation de désobéissance civile d’une semaine s’apparente davantage à la vie politique en France ou aux États-Unis. Que cela se soit produit dans un Canada restreint est un signal adressé à la classe politique de tout l’Ouest : de larges pans de l’humanité en ont fini avec le Covid-19. des restrictions, des mandats et une ingérence excessive dans leur vie. Ils veulent recommencer à faire leurs propres évaluations des risques pour la santé.

Le pont Ambassador, qui transporte quotidiennement quelque 323 millions de dollars de marchandises dans le commerce transfrontalier et environ 137 milliards de dollars l’an dernier, a rouvert mardi matin. Pourtant, les camionneurs continuent leur manifestation à Ottawa, ce qui trouble la paix et pire encore dans cette capitale canadienne habituellement paisible.

Les camionneurs devraient être poursuivis s’ils enfreignent la loi, comme nous l’avons soutenu pour les manifestants d’Occupy Wall Street et de Black Lives Matters à gauche. Mais alors que le virus Omicron se révèle moins mortel et que les taux de tests positifs chutent, les camionneurs envoient un message aux gouvernements démocratiques qu’il est temps que les ordonnances d’urgence pandémiques prennent fin.

Pendant deux ans, les camionneurs ont été classés comme travailleurs « essentiels » et donc exemptés des mandats de vaccination. On estime que 85 % d’entre eux sont vaccinés. Pourtant, le premier ministre du Parti libéral Justin Trudeau, qui dirige un gouvernement minoritaire, a choisi ce moment pour ordonner que les camionneurs soient vaccinés s’ils veulent revenir dans le pays depuis les États-Unis.

La gauche canadienne se moque des camionneurs et de leurs partisans, suggérant qu’ils ne sont rien de plus que des Trumpiens de droite. M. Trudeau les a qualifiés de «quelques personnes criant et agitant des croix gammées». Mais le recul contre la portée excessive de Covid-19 est devenu mondial. En janvier, la police a tiré des canons à eau sur environ 50 000 manifestants européens à Bruxelles, enregistrant leur épuisement face aux restrictions et aux mandats. Depuis décembre, des manifestants sont descendus dans la rue ailleurs en Europe, en Nouvelle-Zélande et en Australie.

Une majorité de Canadiens n’appuient pas les manifestations d’Ottawa, selon les sondages. Mais un récent sondage de l’Institut Angus Reid a révélé qu’une majorité est favorable à la levée des restrictions, suggérant que le mandat Trudeau, qui est entré en vigueur le 15 janvier, était une erreur de calcul politique. En dynamisant une partie importante de l’électorat, jusqu’à présent moins présent dans le discours public, il a déclenché un retour de bâton, approfondi la polarisation canadienne et fait monter les enchères dans un bras de fer avec les camionneurs.

M. Trudeau insiste sur le fait qu’il a le pouvoir d’exiger que les camionneurs montrent la vaccination à la frontière et qu’il tiendra donc bon. Pendant ce temps, les premiers ministres provinciaux du Canada assouplissent progressivement les règles de Covid. Mardi, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a annoncé que le passeport de vaccination de la province, l’exigence de test négatif et le mandat de masque seront levés d’ici la fin du mois. Mardi également, Joel Lightbound, un député du Parti libéral du Québec, a critiqué M. Trudeau pour un programme de Covid-19 qui, selon lui, divise le pays et porte atteinte à la confiance du public.

La leçon pour la police de Covid-19 est que lorsque vous avez perdu même des Canadiens, sans doute les personnes les plus respectueuses des lois de la planète, vous avez perdu l’intrigue politique. Il est temps d’adopter une nouvelle stratégie plus tolérante face à la nécessité de revenir à une vie non dominée par la peur pandémique et les ordres du gouvernement.

Wonder Land : Le président Biden doit déclarer la fin de la pandémie, afin que les Américains puissent reprendre une vie normale, dans laquelle le Covid-19 est traité comme endémique. Images : AFP/Getty Images/Image of Sport/Zuma Press Composite : Mark Kelly

Copyright ©2022 Dow Jones & Company, Inc. Tous droits réservés. 87990cbe856818d5eddac44c7b1cdeb8

Vous pourriez également aimer...