Le prince héritier de Jordanie se démarque dans un contexte de relations tendues avec Israël

Le prince héritier jordanien Hussein bin Abdullah, 26 ans, joue un rôle plus important dans la diplomatie du pays. Il devait effectuer sa toute première visite à Jérusalem la semaine dernière, mais elle a été annulée en raison de différends avec Israël, apparemment en ce qui concerne ses services de sécurité. L’incident a encore mis à rude épreuve les relations déjà médiocres entre le palais royal et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le prince héritier, diplômé de l’Université de Georgetown et de la Royal Military Academy de Sandhurst, n’est pas étranger au monde de la politique internationale. En 2015, il est devenu le plus jeune à présider une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il s’est également adressé à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2017.

Début mars, le roi Abdallah II et le prince héritier se sont rendus en Arabie saoudite pour rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane peu de temps après que l’administration Biden eut publié un rapport de renseignement accablant qui tenait le prince saoudien responsable du meurtre brutal du journaliste Jamal Khashoggi en Istanbul. Les Saoudiens ont pressé tous leurs alliés de manifester leur soutien à l’héritier présumé assiégé. Cette visite a été sans aucun doute une étape réticente mais nécessaire dans le maintien des relations troublées de la Jordanie avec son riche voisin du Golfe.

La visite prévue à Jérusalem mercredi dernier était un mécanisme pour renforcer la responsabilité de la Jordanie dans la gestion des lieux saints musulmans et chrétiens de la ville. Cette responsabilité est inscrite à l’article 10 du traité de paix de 1994 entre la Jordanie et Israël. (Dans des remarques récentes à Brookings, le roi a répété ce point, mentionnant spécifiquement la garde hachémite sur les lieux saints musulmans à Jérusalem.) Il sert de source importante de la légitimité de la monarchie hachémite. Les Jordaniens pensent que Netanyahu, avec le soutien de l’administration Trump, essayait de faire sortir les Jordaniens de Jérusalem – peut-être pour être remplacés par les Saoudiens. Les Saoudiens pourraient avoir intérêt à se rapprocher d’Israël, à s’attirer les faveurs de l’administration Biden, dans le contexte duquel leur désir d’un rôle à Jérusalem pourrait refaire surface.

Hussein avait choisi une nuit propice pour visiter le Noble Sanctuaire, ou Harem al Sharif, à Jérusalem, la maison du Dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa. Al-Isra ‘wal-Mi’raj marque l’anniversaire du voyage nocturne mystique du prophète Mahomet de La Mecque à Jérusalem, puis son ascension au ciel et son retour sur terre. Le voyage nocturne symbolise l’importance de Jérusalem dans l’Islam.

Les comptes diffèrent quant à la raison pour laquelle la visite a été interrompue. Les Israéliens disent que le parti du prince avait beaucoup plus de gardes de sécurité avec plus d’armes que ce qui avait été convenu. Les Jordaniens disent que les Israéliens avaient l’intention de fermer le sanctuaire à d’autres dans le cadre des arrangements de sécurité, perturbant ainsi l’accès des musulmans lors de la nuit importante et le prince héritier ne voulait pas refuser à d’autres l’accès pour la prière. La coopération en matière de sécurité entre les services de renseignement des deux pays est normalement excellente, et non politique, de sorte que la question est déconcertante.

En réponse à ce qu’ils considéraient comme la perturbation israélienne de la visite du prince héritier, la Jordanie a retardé l’octroi de l’autorisation de survol à Netanyahu pour se rendre à Abu Dhabi pour visiter les Émirats arabes unis (EAU) et rencontrer son prince héritier, Mohammed ben Zayid, l’architecte. de la normalisation des relations des EAU avec Israël. Vendredi dernier, le ministre jordanien des Affaires étrangères mentionné le retard était une représailles délibérée pour avoir bloqué une «visite religieuse». Le voyage de Netanyahu à Abu Dhabi a été largement perçu en Israël comme un coup de grâce pour les élections du 23 mars. Le désaccord aurait maintenant été résolu et l’autorisation de survol jordanien aurait été accordée, mais la visite de Netanyahu a été annulée.

L’incident est un autre revers important pour le traité de paix Jordanie-Israël. Il fait froid depuis que Netanyahu a ordonné au Mossad d’essayer d’assassiner un haut responsable du Hamas à Amman en 1997. La tentative a été bâclée et a mis fin aux espoirs du roi Hussein de travailler avec Netanyahu. La relation ne s’est jamais rétablie et s’est dégradée. La visite bloquée à Jérusalem est une autre étape vers le bas. Une visite réussie à Jérusalem à des fins religieuses aurait été une forte affirmation du rôle du prince héritier en Jordanie et une source de soutien pour le jeune héritier. Au lieu de cela, c’était une occasion manquée.

Le roi Abdallah est de toute évidence en bonne santé et en forme. Mais il approche de l’âge où son père a reçu un diagnostic de cancer. Il est sage de préparer le prince héritier. Son grand-père homonyme a hérité du trône à 17 ans et a connu des débuts difficiles.

Le président Joe Biden devrait réaffirmer le soutien américain au rôle jordanien à Jérusalem conformément au traité de paix. Une réaffirmation publique serait un coup de pouce pour la stabilité du pays et la légitimité de la monarchie. Ce serait une réaffirmation utile du soutien américain à un processus de paix global incluant la Jordanie qui a été systématiquement ignoré par le président Trump.

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