Le rôle de la concurrence dans la transition vers la neutralité climatique

Les consommateurs doivent réduire leur empreinte carbone en remplaçant les consommations intensives en carbone par des consommations neutres en carbone, ce qui implique d’acheter les appareils qui le permettent. Les travailleurs et le capital doivent passer des secteurs bruns aux secteurs verts.

Une version antérieure de ce document a été co-écrite avec Julia Anderson, fournissant une excellente contribution sur les bases juridiques et une plongée approfondie dans l’efficacité verte qui a été utilisée dans ce document. Sur cette base, et de nombreux commentaires (remerciements particuliers à Marie Le Mouel), le document s’est développé en une vision très large du rôle de la concurrence dans la décarbonisation. L’aide à la recherche de Ben McWilliams et Giovanni Sgaravatti est grandement appréciée. Ce document a bénéficié d’un atelier à huis clos de haut niveau et de réunions bilatérales. Nous sommes reconnaissants pour la contribution des participants.

La transition vers la neutralité climatique nécessite la réallocation des facteurs de production des activités polluantes vers les activités non polluantes. La principale incitation à cette réaffectation proviendra des objectifs gouvernementaux de décarbonisation qui se traduisent par des outils de politique climatique rigoureux, tels que la tarification du carbone et les normes d’émissions. Mais le processus complexe de recombinaison des facteurs de production nécessitera la coordination de millions d’individus et d’entreprises. L’efficacité de ce processus de recombinaison sera un facteur principal du coût de la transition.

Sur la base d’un cadre d’analyse cohérent, je soutiens qu’une plus grande attention politique devrait être accordée aux marchés et aux régulateurs qui guident la réallocation des facteurs de production, pour les mettre en conformité avec une économie neutre en carbone au meilleur service des consommateurs européens . Trois problèmes principaux doivent être pris en considération :

1. La transition modifiera le rôle et l’efficacité des marchés dans l’allocation des ressources ;
2. Des marchés concurrentiels peuvent rendre la transition plus efficace ;
3. Dans certains domaines, une focalisation trop étroite sur la concurrence peut être préjudiciable et doit être discutée.

Pour améliorer les institutions chargées de l’allocation des ressources pendant la transition, les décideurs politiques devraient revoir trois niveaux d’intervention : 1) les règles de concurrence et leur application devraient être ajustées pour répondre aux nouveaux défis de la transition ; 2) les marchés efficaces qui sont au cœur d’une économie neutre pour le climat – comme pour l’électricité, les droits d’émission ou la logistique circulaire – doivent être correctement conçus ; 3) les avantages et les inconvénients d’un contrôle étatique plus direct dans des secteurs spécifiques devraient être réexaminés à la lumière des défis de la transition.

En résumé, les décideurs politiques doivent s’éloigner des récits simplistes de l’État ou du marché. L’accent devrait être mis sur le développement de cadres politiquement réalisables pour tirer parti des avantages de la concurrence pour une allocation efficace des ressources pendant la transition. Les institutions ne doivent pas se concentrer uniquement sur l’efficacité statique, mais doivent encourager avec force les investissements dans les nouveaux systèmes et l’innovation. Le rôle des institutions qui déterminent l’allocation des ressources dans la transition est un domaine sous-estimé mais crucial pour la recherche future et l’action politique.

Citation recommandée :
Zachmann, G. (2022) « Le rôle de la concurrence dans la transition vers la neutralité climatique », Document de travail 11/2022, Bruegel

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