L’immigration est essentielle pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre au Canada

Il est indéniable que le Canada connaît une pénurie de main-d’œuvre historique. Le marché du travail est chaud depuis des mois, le taux de chômage tombant à 4,9 %, le plus bas jamais enregistré.

Le Canada ne peut pas reconstituer le bassin de main-d’œuvre par la croissance naturelle.

La pandémie et la réouverture qui a suivi ont été le catalyseur. Au début de la pandémie, des travailleurs ont été licenciés et beaucoup se sont tournés vers le travail indépendant ou ont pris une retraite anticipée. Lorsque l’économie a rouvert, les organisations n’ont pas été en mesure de trouver suffisamment de travailleurs pour répondre à la demande refoulée de biens et de services.

Les pénuries ont particulièrement touché certaines industries, notamment les soins de santé, les services d’accueil et de restauration et le camionnage.

Même si l’économie a perdu des emplois au cours de l’été, la baisse provient du fait que les travailleurs ont choisi de partir plutôt que d’entreprises qui ont besoin de moins d’employés. Plus de 200 000 personnes ont quitté le marché du travail depuis mars, ce qui a fait chuter le taux d’activité à 64,7 %.

Taux d'activité au Canada

À long terme, le défi est profond. Un changement démographique fondamental se produit au Canada alors que la population vieillit et que les taux de fécondité diminuent, ce qui signifie moins de travailleurs.

Dans cet environnement, même lorsque le chômage diminue, la participation au marché du travail diminue également parce que les gens prennent leur retraite, une tendance qui ne s’inversera pas à mesure que la population de plus de 65 ans augmentera.

Autrement dit, le Canada ne peut pas reconstituer le bassin de main-d’œuvre par la croissance naturelle.

L’immigration comme solution

Une partie de la réponse réside dans l’immigration. Déjà, quelle que soit la croissance de la main-d’œuvre du millénaire et de la génération Z, c’est grâce à l’immigration. Cela n’échappe pas aux décideurs politiques, qui ont déjà conçu plusieurs voies d’immigration et défini des objectifs ambitieux d’attirer plus de 400 000 immigrants par an entre 2022 et 2024.

Et les avantages de l’immigration vont au-delà de la simple résolution de la pénurie de main-d’œuvre. Il a été démontré que les immigrants augmentent la productivité du travail, ce que le Canada ne peut se permettre d’ignorer, car la productivité du travail au Canada pourrait chuter pour durer parmi les pays de l’OCDE en seulement une décennie.

Mais avoir une politique d’immigration ouverte ne suffit pas à lui seul pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre à long terme.

Premièrement, la majorité des résidents permanents récemment admis vivent et travaillent déjà dans le pays, de sorte que l’objectif de 400 000 ne représente pas le nombre réel de personnes venant de l’étranger.

Immigration canadienne

Même ceux qui vivent et travaillent déjà au Canada sont souvent incapables de combler l’écart de la demande de main-d’œuvre malgré leur qualification et leur expérience de travail pertinente.

Les employeurs hésitent à embaucher des travailleurs s’ils n’ont pas travaillé au Canada et sont prompts à licencier des travailleurs ayant de l’expérience à l’étranger, ce qui ne fait que réduire le bassin d’embauches expérimentées.

Plus importantes sont les barrières du gouvernement et des associations industrielles. Certaines professions, y compris celles où les pénuries sont les plus pressantes, nécessitent un permis d’exercice.

Pour les professionnels formés à l’étranger, la route vers l’accréditation pour exercer au Canada est semée d’embûches, conçues pour arrêter et décourager plutôt que pour faciliter.

Par conséquent, le Canada fait face à une énigme : alors que de graves pénuries persistent dans certaines industries, les travailleurs pleinement qualifiés pour combler ces postes vacants sont souvent obligés de rester à l’écart.

L’exemple des soins de santé

Les soins de santé sont l’endroit où ce besoin de travailleurs se manifeste le plus clairement. En mai, il y avait 143 000 postes vacants dans les soins de santé, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Rien qu’en juillet, 22 000 travailleurs de la santé ont quitté le terrain malgré une forte demande.

La pandémie a été le catalyseur qui a mis à nu le système de santé en ruine : de longues attentes, des soins de routine retardés entraînant des conditions graves car les patients n’étaient pas traités et la fermeture temporaire des salles d’urgence en raison d’un manque de personnel. Ce sont tous des symptômes d’une grave pénurie de main-d’œuvre.

Pourtant, le processus d’accréditation des infirmières et des médecins formés à l’étranger est inefficace. Le processus d’inscription des infirmières formées à l’étranger pour travailler au Canada peut prendre des années. Les médecins formés et ayant exercé à l’extérieur du Canada doivent refaire tout leur programme de résidence, ce qui prend des années, en plus de passer des examens médicaux canadiens, pour obtenir leur licence.

Postes vacants au Canada

La grande démission dans le domaine de la santé a eu des conséquences considérables. Comme les travailleurs de la santé quittent à cause de l’épuisement professionnel, leur départ intensifie les pressions sur les travailleurs restants, qui à leur tour s’épuisent et sont également poussés à démissionner.

L’impact s’étend à tous les secteurs de l’économie. Un système de soins de santé en ruine se traduit par plus de personnes malades. Lorsque des travailleurs ou des membres de leur famille tombent malades, les travailleurs doivent s’absenter, réduire leurs heures de travail ou même quitter leur emploi. Cela aggrave la pénurie de main-d’œuvre à travers le pays, et aucune industrie n’est à l’abri.

La vente à emporter

Une récession ne résoudra pas comme par magie la pénurie chronique de travailleurs. Alors que le secteur des services pourrait voir la pénurie s’atténuer à mesure que la demande de main-d’œuvre ralentit, les médecins et les infirmières se forment pendant des années avant de pouvoir exercer. Pour cette raison, une récession ne se traduira pas par un afflux de travailleurs de la santé. La privatisation des soins de santé non plus, comme le montre un rapide coup d’œil aux États-Unis.

Pour relever le défi de l’offre de main-d’œuvre, bien traiter et rémunérer les travailleurs pour améliorer la rétention serait un début.

Mais le gouvernement, les associations industrielles et les organisations doivent aller plus loin et rationaliser le processus d’accréditation afin que les travailleurs formés à l’étranger puissent remplir les rôles indispensables dans la société.

Ce n’est qu’alors que le Canada pourrait espérer connaître une croissance significative de l’offre de main-d’œuvre et de la productivité.

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