Otages pour le pétrole du Venezuela ?

Le président vénézuélien Nicolás Maduro s’exprime au palais présidentiel de Miraflores à Caracas, le 16 février.


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federico parra/Agence France-Presse/Getty Images

L’homme fort vénézuélien Nicolás Maduro a libéré mardi deux captifs américains, et c’est un soulagement que leur longue épreuve soit terminée. Mais la publication coïncide avec la diplomatie américaine qui semble viser à assouplir les sanctions américaines afin que le pays puisse augmenter la production de pétrole. Cela récompenserait un régime voyou pour avoir pris des otages américains avec peu d’avantages énergétiques.

Gustavo Cárdenas et Jorge Alberto Fernández ont été libérés après que des diplomates américains ont rencontré M. Maduro à Caracas samedi. M. Cárdenas est membre des Citgo Six, qui ont été arrêtés en 2017 lors d’un voyage d’affaires et ont enduré des conditions infernales en prison.

Pourquoi les cinq autres n’ont-ils pas été également libérés ? Le département d’État ne le dit pas, mais il est possible que Caracas les retienne jusqu’à ce que les États-Unis assouplissent les sanctions pétrolières imposées par les États-Unis en 2019.

Les États-Unis reconnaissent le chef de l’opposition Juan Guaidó comme le dirigeant légitime du pays. Mais les diplomates de Biden ont simplement informé M. Guaidó que les États-Unis négociaient avec M. Maduro. Cela sape M. Guaidó, et ce n’est pas un hasard si M. Maduro s’est ensuite vanté de la réunion dans un discours. La réunion lui a donné une légitimité qu’il ne mérite pas.

L’assouplissement des sanctions pourrait être la prochaine étape. L’administration Biden va chapeau dans la main aux producteurs de pétrole du monde entier, à l’exception des États-Unis, pour augmenter l’offre mondiale dans le cadre des sanctions contre le pétrole russe. Apparemment, mendier M. Maduro, l’Iran et les Saoudiens est préférable à encourager une plus grande production de pétrole aux États-Unis et au Canada.

Le sénateur démocrate Robert Menendez a bluffé la stratégie de l’administration : « Les aspirations démocratiques du peuple vénézuélien, tout comme la détermination et le courage du peuple ukrainien, valent bien plus que quelques milliers de barils de pétrole.

Il n’est pas clair que le Venezuela puisse même produire beaucoup plus de pétrole rapidement étant donné que M. Maduro a utilisé la compagnie pétrolière nationale comme une vache à lait politique. La majeure partie de son pétrole va maintenant à la Chine et à Cuba, qui ont contribué à maintenir M. Maduro au pouvoir malgré l’opposition populaire. La Russie a également été un important bienfaiteur militaire et sécuritaire.

Des stratèges américains pas si grands s’imaginent pouvoir tirer le Venezuela de cet axe, mais c’est peu probable. Plus probable est que M. Maduro empochera des concessions sur les sanctions pour consolider son pouvoir politique en échange de la libération des autres Américains.

D’autres pays seront encouragés à saisir plus d’Américains comme monnaie d’échange. Retirer le pied du cou des producteurs de pétrole américains est plus logique que d’apaiser les despotes mondiaux.

En 2013, il a fallu trois mois à un million de réfugiés pour quitter la Syrie. En dix jours, près de 1,5 million de réfugiés ont fui l’Ukraine, et l’ONU estime que ce nombre pourrait atteindre quatre millions. Images : AFP/Getty Images Composition : Mark Kelly

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Paru dans l’édition imprimée du 10 mars 2022.

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