L’économie canadienne a fait preuve d’une résilience remarquable cette année, défiant les attentes d’un ralentissement dans un contexte d’inflation élevée et de taux d’intérêt en hausse.
Dans nos prévisions économiques mises à jour, nous avons abaissé la probabilité d’une récession au Canada au cours des 12 prochains mois à 60 %, contre 75 %.
Une probabilité de 40 % d’un atterrissage en douceur n’est pas négligeable grâce à une forte demande de main-d’œuvre, à des dépenses de consommation saines et à un marché immobilier toujours robuste. Ces facteurs sont en partie alimentés par la politique d’immigration ambitieuse du Canada ainsi que par les économies substantielles des ménages grâce à la pandémie.
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L’inflation est tombée à 2,8 %, la plus faible parmi les pays du G7. La baisse est un signe encourageant qu’un sommet des taux est en vue pour la Banque du Canada.
Bien que l’économie canadienne se débrouillera tout au long de l’année avec une croissance plus lente, nous estimons que le Canada évitera une récession cette année.
Selon nos prévisions, l’économie augmentera de 0,4 % au troisième trimestre et restera stable au dernier trimestre, avec un ralentissement qui se poursuivra au cours du premier semestre de l’année prochaine.
Après une brève accalmie au début de l’année, le marché de l’habitation est solidement ancré, la demande continuant de dépasser l’offre, entraînant des prix de location et d’achat élevés malgré des taux d’intérêt élevés.
Cela dit, cette force pourrait être déraillée si un choc exogène majeur devait se produire, faisant monter les prix des denrées alimentaires et du carburant et plongeant l’économie dans une récession.
La Banque du Canada maintient ses taux inchangés
La baisse de l’inflation, associée à des signes de ralentissement de la demande de main-d’œuvre, pourrait suffire à la Banque du Canada pour maintenir son taux directeur à 5 %, bien qu’une autre hausse soit possible si les nouvelles données racontent une histoire différente.
On peut pousser un soupir de soulagement avec une inflation globale désormais inférieure à 3 %. La baisse s’est produite beaucoup plus rapidement que prévu grâce à la baisse des prix de l’énergie.
Les mesures de l’inflation sous-jacente, malgré une tendance à la baisse, sont restées rigides en raison des prix élevés des services. De plus, les entreprises prévoient toujours d’augmenter les prix à un rythme plus rapide qu’avant la pandémie.
Les mesures de l’inflation sous-jacente, malgré une tendance à la baisse, sont restées rigides en raison des prix élevés des services.
Les données sur le produit intérieur brut et l’emploi pourraient envoyer des signaux mitigés au second semestre de l’année alors que l’économie absorbe une série de chocs temporaires tels que des grèves et des incendies de forêt.
La Banque du Canada surveillera de près l’inflation sous-jacente, la demande de main-d’œuvre et les dépenses de consommation alors qu’elle s’efforce de rétablir la stabilité des prix sans trop resserrer.
Quoi qu’il en soit, la première baisse de taux de la Banque du Canada n’interviendra pas avant le deuxième trimestre de l’an prochain.
L’une des raisons est que la banque centrale tient à maîtriser les anticipations d’inflation des consommateurs et des entreprises. Les responsables voudront voir l’inflation rester faible pendant une période prolongée avant de réduire les taux.
D’un autre côté, la hausse soutenue des taux se traduit par des coûts d’emprunt plus élevés pour les entreprises, ce qui a nui aux investissements des entreprises, en particulier dans les secteurs à haut risque comme la technologie.
L’immigration alimente la croissance économique
L’immigration a joué un rôle central en aidant le Canada à éviter une récession en augmentant non seulement l’offre de main-d’œuvre, mais aussi en stimulant la demande des consommateurs.
Sans immigration, le Canada aurait une population et une main-d’œuvre en déclin. Au lieu de cela, le Canada a maintenant la plus forte croissance démographique depuis 1957 et l’un des taux de croissance les plus élevés parmi les économies développées.
Certes, l’immigration présente des inconvénients, tels que la pression sur l’offre de logements déjà restreinte dans les villes et l’augmentation des pressions sur les prix. Pourtant, l’immigration aidera l’économie dans son ensemble l’année prochaine.
Marché du travail modéré
La demande de main-d’œuvre reste forte mais montre des signes précoces de ralentissement. L’économie a ajouté 290 000 emplois au cours des six premiers mois de l’année, même si la majeure partie de la croissance s’est concentrée au premier trimestre.
Bien que les postes vacants restent élevés au-dessus des niveaux d’avant la pandémie, ils ont diminué pour atteindre leur niveau le plus bas depuis mai 2021. Cette baisse indique un ralentissement du marché du travail et c’est une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année.
En tant qu’indicateur de la résilience de la demande de main-d’œuvre, les salaires réels ont augmenté mais pourraient stagner l’année prochaine en raison du ralentissement de l’économie.
Nous nous attendons à ce que le taux de chômage grimpe à 5,6 % d’ici la fin de l’année, ce qui est toujours inférieur à la moyenne pré-pandémique de 5,7 %.
En regardant la situation dans son ensemble, les entreprises sont souvent préoccupées par les perspectives économiques à long terme au-delà du mois ou du trimestre suivant. À cette fin, la productivité du travail s’est stabilisée et a même diminué ces dernières années.
Le Canada risque de prendre du retard sur ses pairs dans l’économie mondiale, et des solutions à court terme ne suffiraient pas. Au lieu de cela, une économie et des politiques qui encouragent l’innovation, plus d’ouverture et moins de protectionnisme assureraient la prospérité à long terme.
Les dépenses des ménages vont diminuer
Les dépenses de consommation ont été étonnamment résilientes, ce qui a maintenu le dynamisme de l’économie. Mais un examen plus approfondi révèle que les dépenses de consommation sont financées par un prélèvement sur l’épargne.
L’épargne de la pandémie a donné aux ménages une marge de sécurité, mais celle-ci va très probablement s’amenuiser face au double défi des pressions inflationnistes et de la hausse des taux d’intérêt.
Parallèlement, le niveau d’endettement des ménages canadiens a explosé, s’établissant à 180 % du revenu. Selon la Banque du Canada, plus d’un tiers des emprunteurs hypothécaires ont vu leurs paiements d’intérêts augmenter, et d’autres à venir à mesure que les durées des prêts hypothécaires arrivent à échéance.
Lorsque les ménages paient plus pour se loger, ils ont moins d’argent à dépenser en biens et services.
Cela signifie que les politiques monétaires fonctionnent comme prévu : pour refroidir la demande des consommateurs et l’économie. Reste à savoir s’ils peuvent ou non refroidir l’économie sans la pousser en territoire de récession.
La vente à emporter
Les données jusqu’à la fin de l’année brosseront un tableau mitigé de l’économie canadienne avec des mois alternés de croissance et de contraction du PIB, et de gains et de pertes d’emplois. Mais une chose est claire : l’économie canadienne va ralentir.
Dans le même temps, une forte demande des consommateurs, un marché du travail robuste et un secteur du logement vigoureux sont tous des vents favorables pour l’économie. Ces vents arrière ont poussé la probabilité d’un atterrissage en douceur à 40 %, ce qui, s’il était atteint, ne serait pas une mince affaire pour la Banque du Canada.