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Repenser la mobilité économique américaine pour étudier le changement en une génération

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Lorsque la plupart des gens pensent à la mobilité intergénérationnelle, ils supposent souvent qu’elle se déroule progressivement sur de longues périodes. Les modèles historiques ont renforcé cette perception, donnant naissance à une croyance largement répandue selon laquelle une mobilité économique significative est liée au passage du temps.

Pourtant, dans le climat politique et social actuel, les inquiétudes quant aux perspectives de mobilité économique augmentent à mesure que les inégalités continuent de se creuser. Les États-Unis se classent désormais parmi les pays où la mobilité économique est la plus faible par rapport aux autres économies avancées. Avec les coupes fédérales en cours dans des programmes sociaux essentiels tels que Medicaid et le programme d'assistance nutritionnelle supplémentaire, des questions persistent quant à savoir qui est réellement en mesure de prospérer dans l'économie américaine d'aujourd'hui.

Ces réalités rendent de plus en plus urgente la poursuite des recherches visant à étudier les conditions permettant la mobilité sur des périodes plus courtes afin de créer des politiques plus efficaces. En détournant l’attention des héritages structurels à long terme vers des dynamiques plus immédiates au niveau communautaire, la recherche sur les opportunités économiques peut également identifier comment encourager la mobilité économique au sein des générations.

Un document de travail récent, « Changing Opportunity : Sociological Mechanisms Underlying Growing Class Gaps and Shrinking Race Gaps in Economic Mobility », étudie ce changement de perspective potentiel. Les chercheurs d'Opportunity Insights qui ont co-écrit l'article (Raj Chetty, Will Dobbie, Benjamin Goldman, Sonya R. Porter et Crystal S. Yan) visent à comprendre les mécanismes causals à l'origine des changements rapides dans la mobilité économique intergénérationnelle.

Il s'avère que les auteurs constatent que les changements dans les conditions communautaires, tels que les taux d'emploi au sein des groupes de pairs parentaux raciaux et économiques, ont un effet causal sur les résultats économiques à long terme des enfants. En d’autres termes, le lieu et les personnes avec qui les parents et les enfants vivent et interagissent façonnent la trajectoire de la prochaine génération.

Les co-auteurs ont observé une divergence marquée dans la mobilité économique intergénérationnelle selon la race et la classe entre les personnes nées en 1978 et celles nées en 1992. Plus précisément, l’écart de mobilité économique entre les familles noires et blanches à faible revenu s’est rétréci, tandis que l’écart entre les enfants blancs issus de familles à faible revenu et à revenu élevé s’est élargi. Ces tendances – un écart racial en diminution et un écart de classe croissant – se sont manifestées non seulement dans les revenus, mais également dans d’autres résultats de la vie, notamment les taux de mariage, de mortalité et d’incarcération.

Pourtant, l’étude révèle que les enfants noirs issus de familles à faible revenu continuent d’être confrontés à des niveaux de mobilité ascendante nettement inférieurs, ce qui souligne à quel point les inégalités économiques raciales sont et demeurent profondes. La recherche menée par les co-auteurs d'Opportunity Insights suggère que même si les disparités raciales diminuent parmi les groupes à faible revenu, la classe sociale reste un puissant obstacle à la mobilité. En particulier, les écarts de revenus entre les enfants issus de familles noires et blanches à revenus élevés sont restés relativement inchangés, ce qui souligne les limites des progrès au sommet de la répartition des revenus.

Chetty et ses co-auteurs ont examiné diverses explications potentielles de ces tendances divergentes, notamment des facteurs au niveau du quartier et de la famille. Ils constatent que les changements au niveau communautaire, en particulier dans les environnements sociaux auxquels les enfants sont exposés, contribuent le plus aux différences observées.

Cela indique que grandir dans une communauté où les parents ont un emploi plus élevé augmente les chances de mobilité ascendante d'un enfant. En tant que tel, il semble que les enfants soient davantage influencés par la situation professionnelle des autres parents de leur propre groupe de pairs, caractérisés par des origines raciales, sociales et géographiques similaires.

Pourtant, l'étude révèle également que l'impact des taux d'emploi des parents sur les résultats des enfants varie en fonction de l'environnement social dans lequel ils grandissent. En d’autres termes, ce n’est pas seulement la richesse d’une communauté qui compte, mais aussi les relations avec lesquelles les enfants et leurs familles interagissent. Les réseaux sociaux et les interactions quotidiennes au sein d'une communauté jouent donc un rôle plus important dans la formation de l'avenir d'un enfant que les seules ressources matérielles.

Ces dynamiques sociales contribuent à expliquer pourquoi déménager dans une communauté où les taux d’emploi des parents sont en hausse, en particulier à un jeune âge, peut améliorer considérablement les résultats à long terme, soulignant le rôle puissant du contexte social dans la mobilité intergénérationnelle.

Conclusion

Ces résultats sont essentiels pour que les décideurs politiques puissent lutter contre les inégalités économiques fondées sur la race et la classe. Les débats du début de l'année autour du One Big Beautiful Bill Act soulignent à quel point les grandes décisions politiques fédérales peuvent profondément influencer les environnements locaux qui façonnent les résultats des enfants. L’augmentation des coûts des soins de santé pour les bénéficiaires de Medicare, les coupes dans les programmes d’assistance nutritionnelle et la réorientation du financement des écoles publiques menacent collectivement la stabilité et les structures d’opportunités au sein des communautés à faible revenu.

Compte tenu du fait que les environnements sociaux des quartiers jouent un rôle essentiel dans l’évolution de la vie des enfants, il est impératif que les politiques évoluent vers des interventions plus ciblées, celles qui renforcent les communautés plutôt que de les éroder. Les politiques structurées qui investissent dans le changement au niveau communautaire, en particulier celles qui créent des environnements riches en opportunités pour les familles à faible revenu, peuvent être essentielles pour lutter contre les inégalités économiques fondées sur la race et la classe. Ce faisant, ces politiques peuvent ouvrir la voie à de plus grandes opportunités et à une prospérité équitable pour d’innombrables individus dans les générations à venir.


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