COVID-19 et impact de la pauvreté sur l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne

Le 14 juin, les Nations Unies ont publié leur rapport sur les objectifs de développement durable (ODD) 2021, qui examine les progrès du monde vers la réalisation des ODD. L’édition la plus récente a mis un accent particulier sur la pandémie de COVID-19 étant donné son rôle dans l’annulation de nombreux acquis des ODD. Plus précisément, les auteurs notent que des années voire des décennies de progrès ont été stoppées ou inversées en raison de la pandémie.

Par exemple, les pays ont réalisé des progrès majeurs en ce qui concerne l’ODD 7 : garantir l’accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous. Alors que le secteur de l’électricité s’est développé et que les énergies renouvelables se sont améliorées, des millions de personnes se retrouvent toujours sans électricité et de nombreuses améliorations majeures sont menacées. Alors que 46 pour cent de la population de l’Afrique subsaharienne a désormais accès à l’électricité, contre 33 pour cent en 2010, la région est loin derrière la moyenne mondiale de 90 pour cent (Figure 1). En effet, 97 millions de personnes en milieu urbain et 471 millions en milieu rural n’ont toujours pas accès à l’électricité.

Figure 1. Proportion de la population ayant accès à l’électricité, 2010 et 2019 (pourcentage)

Figure 1. Proportion de la population ayant accès à l'électricité, 2010 et 2019 (pourcentage)

Source : Rapport sur les objectifs de développement durable 2021, Nations Unies.

De plus, selon la Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, la pandémie de COVID-19 pourrait inverser les progrès dans certains pays. En fait, dans les pays en développement d’Afrique, le nombre de personnes sans électricité a augmenté en 2020 (après avoir diminué au cours des six dernières années) et les services électriques de base sont désormais inabordables. De plus, le coût des services d’électricité en Afrique subsaharienne reste parmi les plus élevés au monde et ceux qui peuvent se permettre l’électricité sont souvent confrontés à un service peu fiable. À mesure que les niveaux de pauvreté augmentent, les pays seront contraints de réduire l’accès à l’électricité de base parce que les citoyens ne pourront pas se permettre des forfaits d’électricité formels.

Ces lacunes persistantes dans l’accès à l’énergie se heurtent également à la menace croissante du changement climatique, obligeant les décideurs à naviguer dans un environnement politique complexe et difficile. Ainsi, de nombreux pays cherchent à accroître leur dépendance aux sources d’énergie renouvelables. Cependant, les pays les moins avancés ne reçoivent qu’un faible montant de financement international pour les énergies renouvelables. En fait, ce nombre est en baisse : en 2018, les flux financiers vers les pays en développement pour le changement climatique et les énergies renouvelables étaient inférieurs de 35 % à ceux de 2017 (Figure 2).

Figure 2. Flux financiers internationaux vers les pays en développement à l’appui des énergies propres et renouvelables par type de technologie, 2010-2018 (milliards de dollars aux prix et taux de change de 2018)

Figure 2. Flux financiers internationaux vers les pays en développement à l'appui des énergies propres et renouvelables par type de technologie, 2010-2018 (milliards de dollars aux prix et taux de change de 2018)

Source : Rapport sur les objectifs de développement durable 2021, Nations Unies.

Selon le rapport, les pays ayant les niveaux d’accès à l’électricité les plus faibles ont tendance à être les pays les moins avancés, qui se trouvent principalement en Afrique subsaharienne, et ces mêmes pays reçoivent beaucoup moins de financement énergétique que la moyenne mondiale. De plus, non seulement les flux financiers pour de tels projets ont globalement diminué ces dernières années, mais les financements accordés avaient tendance à se concentrer dans des pays spécifiques. Par exemple, 46 des pays les moins avancés combinés n’ont reçu que 20 pour cent des engagements au cours de cette période, tandis que le Nigeria, la Turquie, le Pakistan, l’Inde et l’Argentine combinés pour 30 pour cent.

Les experts soutiennent que l’augmentation de l’accès à l’électricité aura des effets d’entraînement en termes de croissance économique et de bien-être général. En effet, le manque d’accès à l’électricité limite considérablement l’adoption de technologies émergentes et potentiellement transformatrices dans des secteurs tels que la banque, l’éducation, l’agriculture et la finance qui pourraient autrement atténuer certains des principaux défis auxquels les Africains sont confrontés, tels que les faibles opportunités d’emploi productif et les soins de santé limités. .

Pour en savoir plus sur l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne, voir « Chiffre de la semaine : Accroître l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne ». Pour en savoir plus sur le débat autour du rôle des ODD en Afrique, voir « Les ODD sont notre boussole pour renforcer la reprise à long terme de l’Afrique face au COVID » et le point de vue opposé, « L’Afrique est confrontée à un choix difficile sur les ODD dans le cadre du COVID-19 ».

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