Croissance et inflation après la pandémie dans l’UE

Les pays relativement durement touchés pendant la crise financière, aidés également par les politiques nationales et européennes, se remettent de la pandémie plus rapidement que leurs pairs.

Cet article d’opinion a été initialement publié dans la section Money Review de Kathimerini, le Cyprus Mail et par la Cyprus Economics Society et est à paraître dans El Economista.

L’économie européenne rebondit plus rapidement que prévu selon les chiffres publiés par la Commission européenne dans ses prévisions économiques d’automne 2021. Cependant, la Commission prévient également que l’augmentation du nombre de nouveaux cas de COVID-19 fait peser un risque à la baisse sur les prévisions de croissance optimistes.

La figure 1 représente les taux de croissance réelle pour les trois années, jusqu’en 2023.

Cette année, la France, l’Irlande, l’Italie, la Grèce, Chypre et plusieurs pays d’Europe centrale et baltes connaîtront une croissance supérieure à 6 %. Il s’agit d’une forte reprise. Au cours des deux prochaines années, il y a des pays où la croissance va s’accélérer, comme la Pologne et davantage de pays d’Europe centrale, mais il y a aussi ceux où la croissance ralentira plus vite, comme la Belgique et les pays nordiques.

Ceci est intéressant car les pays du sud de l’Europe et certains d’Europe centrale et des pays baltes ont été durement touchés par la pandémie et étaient vulnérables au départ, car ils sont entrés dans la pandémie avec un nombre plus élevé d’entreprises zombies. Cela implique qu’à mesure que les mesures de soutien sont levées, ces pays devraient voir un nombre plus élevé de défauts d’entreprises, ce qui affecterait leur capacité à rebondir.

La figure 2 résume ces vulnérabilités géographiquement : les régions/pays marqués en rouge ont à la fois une part élevée d’entreprises zombies pour commencer et une forte prévalence de secteurs qui ont été fortement touchés par la pandémie ; le vert marque les régions/pays avec à la fois une faible part d’entreprises zombies pour commencer et une faible prévalence des secteurs touchés pendant la pandémie ; les régions marquées en jaune qui ont de faibles parts de zombies mais une forte prévalence des secteurs touchés ; et l’orange est pour les régions/pays avec des parts élevées d’entreprises zombies mais une faible prévalence des secteurs touchés.

Figure 2 : Un résumé géographique des vulnérabilités

Source : Bruegel. Altomonte et al (2021), Aide financière et productivité COVID-19 : le soutien a-t-il été bien dépensé ? Bruegel CP n° 21.

En effet, des pays comme l’Espagne, la Grèce, le Portugal et Chypre ont été particulièrement exposés (rouge dans la figure 2) car leurs économies dépendent fortement de secteurs comme les services qui ont été immédiatement touchés pendant la pandémie et étaient dans une position relativement pire en termes d’entreprises sous-performantes au début de la pandémie.

Cependant, les prévisions de la Commission européenne montrent que ces vulnérabilités n’auront pas d’impact sur le dynamisme économique. De même, les pays du nord de l’Europe qui apparaissent moins vulnérables dans la figure 2 ne font pas nécessairement mieux sur cette période de trois ans. Les pays qui ont connu une baisse plus importante de leur PIB pendant la crise du COVID-19 voient désormais un rebond important.

Une image intéressante se dégage également lorsqu’on examine l’inflation (graphique 3). Dans la zone euro, il existe un clivage nord-sud visible. Le nord sera confronté à des pressions inflationnistes cette année et peut-être au cours des deux prochaines années. Les économies baltes et la Slovaquie subiront des pressions inflationnistes élevées cette année et l’année prochaine. Les pays du sud de l’Europe, mais aussi la France, ne connaîtront pas de pressions inflationnistes sur cette période de trois ans, restant en deçà de l’objectif d’inflation de 2%.

En dehors de la zone euro, la Pologne, la Roumanie et la Hongrie seront confrontées à des taux d’inflation pouvant atteindre 5%. Presque tous les pays d’Europe centrale et de la Baltique seront confrontés à une inflation élevée cette année et l’année prochaine avant que l’inflation ne commence à baisser.

Les pays scandinaves ne connaîtront pas de pressions inflationnistes significatives, à l’intérieur ou à l’extérieur de la zone euro.

Il est encourageant de voir que ces pays qui ont été relativement durement touchés pendant la crise financière et qui ont mis du temps à se remettre, sont désormais en mesure d’absorber le choc actuel beaucoup plus rapidement et de retrouver une trajectoire de croissance d’avant la pandémie. Il ne fait aucun doute que l’aide apportée par la politique, à la fois sous la forme d’assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne, ainsi que les divers programmes, y compris le Fonds de relance et de résilience, sont des facteurs importants.

Un risque supplémentaire important pour l’inflation et les perspectives de croissance est lié aux prix de l’énergie et à l’éventuelle augmentation de l’inflation qui l’accompagne, avec des effets secondaires sous la forme d’une augmentation des coûts et des salaires. Actuellement, les prix de l’énergie représentent environ 50 % du taux d’inflation de la zone euro. Si les prix plus élevés devaient persister plus longtemps, ces effets de second tour commenceraient à entretenir les pressions sur l’inflation.


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