Le troisième plénum de la Chine, qui se tient à Pékin du 15 au 18 juillet, est un conclave quinquennal du Comité central du Parti communiste chinois, au cours duquel une série de politiques visant à résoudre des problèmes de longue date sont dévoilées. Historiquement, ce plénum a été l’occasion d’annoncer des changements majeurs de politique et des réformes économiques. Cette fois-ci, les marchés et les observateurs de la Chine espèrent que le troisième plénum permettra de répondre à une question précise : des mesures de relance suffisantes seront-elles annoncées pour relancer l’économie chinoise après des années de résultats décevants ?
Les chaînes officielles du parti ont présenté le troisième plénum comme une plate-forme pour « complet » réformesmais des observateurs étrangers et certains universitaires ne sont pas convaincus. La Chine est confrontée depuis quelques années à des problèmes de plus en plus graves, notamment l’effondrement du marché immobilier, la situation financière difficile des gouvernements locaux, la baisse rapide des rendements des actifs en raison du surinvestissement et les pressions déflationnistes dans l’économie.
La réponse à tous ces malheurs, tel que diffusé par les dirigeants chinois au cours des derniers mois, la capacité de production de la Chine va encore se renforcer sous le mantra de « nouvelles forces productives »La capacité de production chinoise représente déjà près d’un tiers de la capacité mondiale, alors que sa consommation représente moins de la moitié de ce montant. Compte tenu d’un tel déséquilibre, on pourrait s’attendre à ce que les mesures visant à stimuler la consommation privée soient les principales conclusions du troisième plénum, mais cela ne semble pas être la direction que prennent les dirigeants chinois.
Tout au plus, on s'attend à davantage de bons de consommation (des espèces ciblées offertes par le gouvernement pour inciter les citoyens à acheter certains biens). Dans le passé, ces bons ont n’a pas eu beaucoup de succès dans la relance de la consommationCe qui semble clair, c'est que la Chine n'annoncera pas l'introduction d'un État-providence à part entière lors de ce plénum, à en juger par les commentaires dédaigneux de Xi Jinping sur les conséquences de cette situation. « welfarisme » sur le comportement des gens, à savoir la paresse.
Compte tenu de ce qui précède, le résultat du plénum sera probablement un déséquilibre encore plus grand : une offre accrue sans augmentation de la demande intérieure. Cela devrait conduire à une vague d'exportations chinoises encore plus importante et donc à un excédent commercial encore plus important. Mais les choses sont en train de changer. Les économies occidentales et certaines grandes économies émergentes ont commencé à imposer des barrières aux importations chinoises, ce qui signifie que les produits chinois pourraient rester sur le marché intérieur, invendus, accumulant davantage de surcapacités. La conséquence sera une pression déflationniste accrue, avec le risque qu'elle s'installe, comme cela s'est produit au Japon dans les années 1990.
La même approche progressive pour résoudre le principal déséquilibre de la Chine – la consommation intérieure obstinément faible – sera probablement appliquée à d’autres problèmes urgents, tels que la détérioration des comptes budgétaires, en particulier des collectivités locales. Les collectivités locales se financent depuis longtemps par des ventes de terrains, qui ont chuté depuis 2020. Aujourd’hui, les difficultés financières des collectivités locales, aggravées par la hausse des taux d’intérêt, les obligent à réduire les salaires des fonctionnaires et les services publics. La réponse la plus probable sera le transfert des taxes à la consommation aux collectivités locales, tout en augmentant les transferts et en faisant en sorte que le gouvernement central émette la majeure partie de la dette, réduisant ainsi les paiements d’intérêts.
La gestion des dépenses publiques sera également essentielle. Le gouvernement doit soigneusement équilibrer l'augmentation des retraites et des coûts médicaux compte tenu de la diminution de la population en âge de travailler en Chine. Le gouvernement a déjà annoncé l'année dernière qu'il allait augmenter l'âge de la retraitesans donner de délai pour y parvenir. Le vieillissement entraînera également une réduction rapide de la population active.
L'urbanisation contrôlée, plutôt que l'immigration étrangère, a jusqu'à présent été la réponse du gouvernement chinois à ce problème, mais l'urbanisation devra s'accélérer à mesure que le vieillissement s'accentue. Cela pourrait se faire en assouplissant les restrictions sur les migrations intérieures. Une réforme sous forme de changements dans le système d'enregistrement des ménages (hukou) a été évoquée à de nombreuses reprises mais elle suscite une opposition de la part des plus grandes villes, opposition qui risque de se renforcer à mesure que les opportunités d’emploi se font de plus en plus rares, même dans les plus grandes villes.
Enfin, sur la question immédiate du policy mix, la Chine aurait intérêt à adopter des politiques monétaires et budgétaires plus souples, mais la réalité est que la Chine n’a plus la marge de manœuvre dont elle disposait autrefois. La dette publique représente 100 % du PIB et les taux d’intérêt sont déjà très bas, surtout par rapport aux États-Unis, ce qui pousse le renminbi à des niveaux historiquement faibles. Par conséquent, aucun changement radical ne peut être attendu du troisième plénum, pas même en ce qui concerne le mix de politiques de demande.
Ces annonces ressembleront probablement plus à de la médecine chinoise qu'à une thérapie de choc, même si les problèmes économiques de la Chine sont de plus en plus graves. Cela a des répercussions importantes sur l'économie mondiale. La demande chinoise de produits étrangers restera faible et les entreprises chinoises continueront de dépendre des marchés étrangers pour survivre. Cela laisse présager de la poursuite des guerres commerciales, qui pourraient même aller au-delà et s'étendre au contrôle des investissements et aux guerres monétaires.