La mauvaise guerre de la Chine contre l’Ukraine – WSJ

Le président chinois Xi Jinping, à droite, et le président russe Vladimir Poutine se parlent lors de leur rencontre à Pékin, le 4 février.


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Alexei Druzhinin/Associated Press

Vendredi marque un mois depuis que le président chinois Xi Jinping et l’homme fort russe Vladimir Poutine ont signé une déclaration selon laquelle il n’y a « pas de limites » à leur amitié. Pardonnez à M. Xi s’il est déjà en train de conclure qu’avec des amis comme celui-ci, il n’a pas besoin d’ennemis.

Peu de choses sur l’invasion de l’Ukraine par M. Poutine se passent bien pour Pékin. L’une des plus grandes catastrophes à ce jour concerne le sort des citoyens chinois en Ukraine. Les spéculations vont bon train sur la question de savoir si M. Poutine a averti son homologue chinois qu’une invasion était imminente. Quoi qu’il en soit, Pékin n’a pas évacué son ambassade ni les citoyens chinois qui luttent actuellement pour échapper aux chars et aux bombes de M. Poutine.

Cela exacerbe le dilemme diplomatique plus profond de M. Xi. Après s’être positionné comme l’ami le plus proche de M. Poutine, le dirigeant chinois subit maintenant une immense pression de la part du reste du monde pour dissuader M. Poutine de sortir de la guerre. S’il ne peut pas le faire et que les signes jusqu’à présent ne sont pas encourageants, cela mettra en évidence les limites de l’alignement stratégique du mois dernier.

La guerre en Ukraine expose d’autres limites à la puissance chinoise. Pékin a refusé d’imposer des sanctions financières ou autres du type de celles que les gouvernements occidentaux ont imposées à la Russie. Mais les entreprises chinoises n’auront peut-être pas d’autre choix que de se conformer de toute façon aux sanctions occidentales. Cela est particulièrement vrai pour les banques chinoises, qui ont constaté cette semaine qu’elles pourraient avoir besoin de couper certaines affaires avec des contreparties russes pour maintenir leur accès aux systèmes financiers beaucoup plus importants en dollars et en euros.

En dehors de la Chine, l’invasion de l’Ukraine semble déclencher un changement marqué des attitudes envers la sécurité en Asie et en Europe. Au Japon, l’ancien Premier ministre Shinzo Abe est devenu ce week-end le plus haut responsable politique à avoir appelé le Japon à héberger des armes nucléaires américaines sur son sol. Une telle décision reste dans le futur, mais Pékin préférerait que le Japon reste pour toujours un pacifiste convaincu. Il est peut-être trop tard pour cela car la guerre en Ukraine concentre les esprits asiatiques sur la sécurité de Taiwan.

Le président Biden a dépêché cette semaine une délégation d’anciens responsables de la défense à Taïwan pour démontrer le soutien américain à l’île, un irritant majeur pour Pékin. Une leçon que l’Occident devrait tirer des événements en Ukraine est l’importance de vendre tôt et souvent des armes défensives à des partenaires plus petits en danger. L’ami de M. Xi au Kremlin pourrait déclencher une nouvelle série de ventes d’armes à Taipei.

Singapour a pris la décision inhabituelle d’imposer des sanctions à la Russie sans qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ne soit en place – la première fois que la cité-État le fait depuis les années 1970. Note à Pékin : « Il est trop facile pour un petit pays d’être pris dans les jeux géopolitiques des grandes puissances », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Vivian Balakrishnan. « Les petits pays doivent éviter de devenir des pions sacrificiels, des États vassaux ou des ‘pattes de chat’ à utiliser d’un côté contre l’autre. »

En Europe, la chaleureuse déclaration d’amitié de M. Xi avec M. Poutine a laissé le dirigeant chinois dans le feu croisé alors que les dirigeants européens visent le Kremlin. Le moment ne pourrait pas être pire, car le conflit ukrainien pourrait maintenant dominer un sommet Chine-Union européenne prévu pour le 1er avril et censé progresser vers un accord d’investissement bilatéral bloqué.

Un changement diplomatique et commercial européen complet contre la Chine prendra du temps, s’il se produit, mais certains effets se font déjà sentir. Les sanctions déclenchées par le bellicisme de M. Poutine menacent d’interrompre le trafic sur le chemin de fer entre la Chine et l’Europe, pièce maîtresse de la diplomatie économique de Pékin avec les pays d’Europe de l’Est comme la Pologne.

Il est courant en dehors de la Chine de supposer que le régime du Parti communiste joue aux échecs multidimensionnels tandis que le reste du monde joue aux dames. Peut-être pas cette fois, où ce qui était censé être une amitié stratégique majeure nuit aux intérêts de M. Xi à peine un mois après que l’encre ait séché.

Alors que le Kremlin intensifie sa campagne de désinformation sur les entreprises de médias, l’UE interdit « Russia Today » et « Spoutnik » avec effet immédiat, tandis que la pression s’intensifie sur les géants de la technologie pour qu’ils en fassent plus en Russie et aux États-Unis Images : Reuters/AFP/Getty Images Composite : Marc Kelly

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Paru dans l’édition imprimée du 4 mars 2022.

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