Après deux années de changements en dents de scie, les marchés financiers et des produits de base du Canada sont entrés dans une période de calme relatif au cours des derniers mois.
L’indice RSM Canada des conditions financières demeure à 1,4 écart-type sous la normale, ce qui indique un risque supérieur à la normale.
La volatilité du marché boursier s’est atténuée, les prix du pétrole ont baissé et les prix des matières premières sont restés largement stables. Même la volatilité élevée du marché obligataire a commencé à se calmer.
Mais les conditions de prêt restent en territoire restrictif, malgré les gains récents. Cela reflète l’incertitude entourant le ralentissement de l’économie et l’inflation élevée, en particulier chez les partenaires commerciaux du Canada, ainsi que d’autres tensions géopolitiques.
Par conséquent, notre indice exclusif des conditions financières RSM Canada demeure à 1,4 écart-type sous la normale, ce qui indique qu’un risque plus élevé que la normale est intégré dans les actifs financiers.
Ce risque accru se manifeste dans l’économie sous la forme d’une plus grande réticence à emprunter ou à prêter, ce qui, en fin de compte, entraîne une réduction de l’activité économique.
Les économistes s’attendent à ce que les investissements fixes bruts canadiens diminuent de 2,7 % cette année et que le produit intérieur brut réel augmente de moins de 1 %.
La baisse des investissements peut être attribuée à l’augmentation du coût du capital et des dépenses d’exploitation provoquée par la hausse des taux d’intérêt dans le monde.
Les taux d’intérêt plus élevés au Canada et aux États-Unis ont poussé les rendements des obligations d’État à 10 ans au-dessus de la fourchette de négociation de 1 % à 2,5 % de l’ère de faible inflation.
Bien que le taux d’inflation au Canada soit passé de 8,1 % en juin dernier à 4,1 % en mars, il n’atteint pas encore la fourchette cible de 1 % à 3 % de la Banque du Canada.
Mais avec le marché du travail toujours tendu et les salaires qui continuent d’augmenter à un taux annuel robuste de 4 à 5 %, cet objectif restera insaisissable.
Bien que la Banque du Canada ait laissé ouverte la possibilité de relever à nouveau son taux directeur si l’inflation persiste, les marchés à terme tablent sur des baisses de taux d’ici la fin de l’année.
En fin de compte, c’est le marché obligataire qui continue d’être le principal moteur de l’augmentation du risque dans l’indice des conditions financières RSM Canada.
Politique monétaire
La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 4,5 % depuis sa dernière hausse de taux le 26 janvier. Il n’a pas été question d’une baisse des taux par la Banque du Canada, mais plutôt de la difficulté attendue de réduire l’inflation de 3 % au l’objectif de 2 % de la banque centrale.
Pourtant, le marché à terme pense le contraire, s’attendant à deux baisses de taux cette année, une en septembre et une en fin d’année. Selon la banque centrale, cela pourrait être en réaction à la probabilité d’une contraction économique ou dans une hypothèse plus bénigne que l’offre et la demande retrouveront leur équilibre, permettant à l’inflation de ralentir.
L’autre moitié de la politique de la banque centrale est son programme d’assouplissement quantitatif. Pendant une crise, la banque achète des titres d’État, inondant le marché de liquidités et faisant simultanément baisser les taux d’intérêt. Au plus fort de ses avoirs, le bilan de la banque approchait les 550 milliards de dollars canadiens d’actifs, les avoirs purs et simples d’obligations d’État atteignant 430 milliards de dollars canadiens à la fin de 2021.
Mais la banque centrale a changé de braquet et réduit son bilan. Lors de sa réunion du 12 avril, la banque centrale a poursuivi sa politique actuelle de normalisation du bilan en permettant aux obligations arrivant à échéance de se retirer. Autrement dit, il est peu probable que ces obligations aient un effet sur les taux d’intérêt.
L’impact du resserrement quantitatif
Cette politique, connue sous le nom de resserrement quantitatif, a commencé en février 2022, dans les semaines précédant le début de la hausse du taux directeur à un jour de la Banque du Canada. Le rendement des obligations à 10 ans est passé de 1,9 % à 3,2 % en moins de trois mois après avoir réalisé que l’inflation était tout sauf transitoire.
En novembre, les rendements à 10 ans ont commencé une trajectoire irrégulière jusqu’à 3,6 %, pour tomber à moins de 3 % fin avril.
D’autres facteurs étaient en jeu, le choc de l’inflation et la possibilité d’un ralentissement économique jouant un rôle plus important que l’échéance des titres dans la détermination des rendements obligataires.
Conditions de prêt
L’enquête trimestrielle de la Banque du Canada sur les conditions de crédit bancaire offre une autre vision de la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle par l’intermédiaire des conditions financières.
À partir du quatrième trimestre, le crédit bancaire global était devenu restrictif en réponse à l’augmentation du coût de financement des prêts aux entreprises et à la consommation.
L’augmentation du taux d’intérêt au jour le jour de la banque centrale a rapidement mis fin à l’ère du risque minimal et du financement bon marché. Les prêteurs avaient soudainement beaucoup plus à perdre et ont donc augmenté leurs normes de prêt.
Nous prévoyons que cette tendance se poursuivra tant que la Banque du Canada maintiendra ou augmentera son taux directeur.
Le dollar canadien
Le dollar canadien demeure une monnaie de base, montant et descendant avec la valeur de ses ressources. Son pic au printemps 2022 a coïncidé avec le changement radical de politique monétaire et le durcissement des conditions financières.
Il est vrai que la hausse de la valeur du dollar canadien et des prix des matières premières en 2021 jusqu’en mars de l’année dernière a coïncidé avec la reprise après la crise sanitaire et l’augmentation de la demande de matières premières, notamment d’énergie.
Mais nous dirions qu’il y avait d’autres raisons à cette augmentation, notamment la réduction de l’offre de marchandises et une augmentation des coûts d’expédition.
Finalement, les frais d’expédition ont diminué avec la pandémie et ses vagues récurrentes. Et les craintes de pénurie d’énergie en Europe ont été écartées par un hiver doux et un effort global pour trouver des sources alternatives.
Maintenant que les prix des produits de base se rapprochent d’une fourchette normale et à moins d’une autre crise, on peut présumer qu’un ralentissement de la croissance mondiale entraînera une baisse de la demande de matières premières et une modération de la valeur du dollar canadien.