Alors que la Banque du Canada tente de maîtriser l’inflation et de guider simultanément l’économie vers un atterrissage en douceur, la plupart des participants au marché doutent qu’elle puisse réussir l’exploit.
Après des mois de fortes hausses des taux d’intérêt, les coûts d’emprunt plus élevés commencent seulement à se faire sentir dans l’économie réelle du Canada.
Notre prévision place la probabilité d’une récession à 60 % d’ici le milieu de l’année.
Une récession, quoique légère et brève, est probable. Selon nos prévisions, la probabilité d’une récession est de 60 % d’ici le milieu de l’année, le ralentissement frappant l’économie de manière inégale.
Nous ne serons pas en mesure de déterminer si une récession a officiellement commencé tant que le Conseil du cycle économique de l’Institut CD Howe, un arbitre des dates des cycles économiques au Canada, n’aura pas annoncé sa décision.
Il a cependant fallu plus d’un an au conseil pour annoncer officiellement la fin de la dernière récession.
En reproduisant les critères utilisés pour identifier le début et la fin d’une récession, nous pouvons suivre les dates de début et de fin beaucoup plus tôt. Voici les principaux indicateurs que nous pouvons surveiller, selon les rapports antérieurs du conseil : le produit intérieur brut, la croissance de l’emploi (d’après les enquêtes sur la masse salariale et la population active) et les ventes industrielles.
Les deux dernières récessions ont été marquées par de fortes baisses des taux de croissance des quatre indicateurs. Selon la même analyse, l’économie canadienne n’a pas connu de récession depuis la pandémie, les ventes industrielles et les emplois étant demeurés solides, surtout au premier trimestre de cette année.
Mais l’économie a montré des signes de ralentissement, les fortes hausses des taux d’intérêt continuant d’exercer une pression sur les coûts d’emprunt et, par conséquent, sur l’investissement.
Nous pensons que l’économie canadienne basculera dans une légère récession d’ici le milieu de l’année, lorsque le plein effet des hausses de taux se fera sentir.
Les États-Unis et d’autres partenaires commerciaux du Canada connaîtront très probablement un certain degré de ralentissement, ce qui ajoutera d’autres raisons de croire qu’une récession est imminente.
Nous nous attendons à une récession légère et brève qui sera stimulée par des politiques monétaires restrictives plutôt que par un problème avec les fondements structurels de l’économie comme ce qui s’est passé en 2008.
La Banque du Canada serait dans une position plus difficile qu’en 2008 parce qu’elle ne serait probablement pas en mesure de réduire les taux de façon agressive alors que l’inflation devrait se maintenir autour de 3 % d’ici la fin de l’année.
Mais ce serait encore une tâche beaucoup plus facile par rapport à celle de la Réserve fédérale, qui est aux prises avec une inflation plus élevée et la perspective de nouvelles hausses de taux aux États-Unis.
Nous nous attendons toujours à ce que 40 % de l’économie réalise un atterrissage en douceur et évite une récession. Le facteur clé dépendra encore une fois du marché du travail, qui peut à lui seul faire couler ou redresser l’économie.
La vente à emporter
L’économie canadienne se prépare à une période où il y aura probablement plus de pertes d’emplois que de gains.
Comme presque toutes les autres banques centrales du monde après la pandémie, la Banque du Canada a dû faire face à la tâche difficile d’essayer d’équilibrer la croissance économique avec la stabilité des prix. Bien que nous pensions qu’il y aura des turbulences lors de l’atterrissage, les revers économiques seront très probablement tempérés.